CHAPITRE 35- CASE 143

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Neil, Londres.

03 Mars 2023.

Le père de Rudy rentre dans moins d'une heure, et honnêtement, je suis mort de peur. Je suis enfin à l'aise en présence de sa maman, mais son père...je stresse.

J'ai passé une très bonne semaine. On a été au restaurant, on a aidé sa mère, fait à manger, et c'était vraiment bien. Je suis content de pouvoir découvrir Rudy chez lui, on voit qu'il se sent vraiment à l'aise ici et c'est agréable.

Mon copain est actuellement en train de prendre une douche, et moi je mets la table en essayant de cacher ma nervosité à sa maman.

Il peut paraître un peu rude, mais tout ira bien mon grand, tu verras, déclare-t-elle alors avec un sourire rassurant. Il sera comme moi, tant que Rudy est heureux avec toi, tout va bien.

J'ai peur qu'il me demande comment j'ai rencontré Rudy. Parce que les circonstances de notre vraie rencontre sont étranges. J'ai peur aussi qu'il me demande de parler de moi. Je vis avec ma sœur, je ne travaille même plus mais je suis riche grâce à mon père, le bon cliché de dramas coréens ? C'est pas fou à raconter.

J'ai un entretien d'embauche, d'ailleurs. Dans deux semaines, à la bibliothèque non loin de la supérette où travaille Rudy. C'est lui qui m'a aidé à trouver un entretien, et le soir, dans sa chambre, il m'explique comment je vais faire pour avoir des chances d'avoir le poste. Il est vraiment parfait cet humain.

Je termine de mettre la table, donc dans le salon car la mère de Rudy préférait être à l'aise ce soir, et m'assois sur le canapé. Quelques minutes plus tard, des bruits de pas retentissent depuis les escaliers, et Rudy entre dans la pièce, les cheveux encore humides et une serviette de douche posée sur les épaules.

Il vient s'asseoir à côté de moi. Je remarque une goutte d'eau qui coule d'une mèche de cheveux pour continuer son chemin sur sa nuque et s'échouer sur la serviette, j'attrape alors le tissu pour lui sécher les cheveux.

Ça me permet de ne pas penser au fait que son père arrive bientôt.

J'ai encore du mal à être proche de Rudy dans d'autres pièces que sa chambre ou la salle de bains, même si c'est juste lui sécher les cheveux. Même si sa maman nous trouve adorable, elle n'arrête pas de le répéter.

Je repose la serviette sur ses épaules, regarde si sa maman fait attention à nous puis dépose un baiser discret sur sa nuque.

Je vais avoir trop peur de l'embrasser, même dans sa chambre, quand son père sera là.

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer, je tente de me décaler un peu pour être moins proche de Rudy et faire meilleure impression à son père, mais il me retient en entrelaçant ses doigts avec les miens. Je m'éloigne quand même un peu, de façon à ce qu'il y ait au moins deux centimètres d'écart entre nous.

Tout va bien se passer, je t'en fais la promesse, murmure mon copain. Ce n'est pas ton père, il ne va pas te reprocher quoi que ce soit.

Ses mots me rassurent un peu, même si je sens toujours mon sang battre contre mes tempes.

Content d'être rentré, s'exclame son père en entrant.

Son regard se pose sur moi et je me liquéfie sur place. Il se montre interrogateur quelques secondes, puis se tape sur le front avec le plat de la main :

Ah, j'avais oublié. Rudy, tu me présentes ton copain ?

Sa voix est grave mais chaleureuse, je me sens un peu mieux.

Papa, je te présente Neil...

Il se lève et je regrette immédiatement la chaleur de sa main dans la mienne. Il s'approche de son père qui le serre dans ses bras. Il revient ensuite s'asseoir à côté de moi.

On a cuisiné, on a fait de la purée de carottes et des cordons bleus, tu peux t'installer papa.

Son père s'assoit, à côté de moi, et Rudy se relève pour aller chercher les plats qui sont restés au chaud en attendant que son père arrive. Je suis tenté de le suivre parce que je flippe, mais je me dis que son père va peut-être trouver bizarre le fait que je le suive partout. Alors je ne bouge pas.

Neil, tu me permets de te tutoyer ? demande l'homme assis à côté de moi.

La mère de Rudy me lance un regard rassurant depuis son fauteuil.

Oui, oui bien sûr...bégayé-je misérablement.

Je transpire des mains au secours sortez moi de là.

Neil, tu peux venir m'aider ? crie Rudy depuis la cuisine.

Oui, putain, j'arrive, merci mon prince.

Je me lève et me précipite dans la cuisine.

Je pensais pas que le plat était aussi lourd, tu veux bien l'amener ?

Je m'en occupe, pas de soucis, et ton père me fait flipper j'ai cru que j'allais me faire dessus.

Je chuchote la dernière partie de ma phrase.

Le roux rigole, puis s'approche de moi pour me faire un rapide câlin.

Tout va bien se passer, je te le promets. On y retourne ?

D'accord.

Je récupère les trucs qui permettent de tenir un plat brûlant sans se cramer les mains - donc les gants mais je crois que ça a un autre nom - puis emmène le plat dans le salon.

Vous vous êtes rencontrés comment ?

Merde. Merde merde merde merde merde merde. Mauvaise question.

Rudy presse sa main contre la mienne, je crois qu'il essaye de me dire qu'il s'en charge. Et effectivement, il commence à parler.

Il passait juste à la supérette tous les jours et je sais pas trop comment, on a commencé à parler, il m'a invité au cinéma et voilà.

Ce n'est même pas un mensonge, ce qu'il vient de raconter, tout est vrai. Sauf qu'il sait très bien comment nous avons commencé à parler.

J'étais amoureux de lui depuis cinq mois, osé-je ajouter.

Son père me lance un regard.

C'est mignon, ça. Tu sais Rudy, quand je suis tombé amoureux de ta mère, c'est quand je la croisais tous les jours dans les couloirs du lycée. 

Not(e) me, Please...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant