Neil, Londres.
02 Février 2023.
(Tw : scène sexuelle pas très détaillée)
Je me sens minable. Je me sens tellement mal et coupable. Je suis minable.
J'ai sérieusement une érection. Tout simplement parce que j'ai repensé au baiser que Rudy m'a offert ce matin, je bande. Et malgré les minutes qui s'écoulent au ralenti, cette érection ne semble pas prête de disparaître.
Énervé contre moi même, je repousse mes couvertures et me hâte vers ma salle de bains. Je me déshabille, ce qui ne prend pas trop de temps car j'étais seulement en boxer et en tee-shirt. Je tourne le robinet et me glisse sous le jet d'eau encore froid, avec l'espoir que ça me calme.
Lorsque l'eau se réchauffe, mon excitation revient à toute vitesse. Je soupire lourdement et tourne le jet au minimum de la chaleur. Une douche froide est peut-être une bonne idée, tout compte fait.
Au pire, je peux peut-être me...
Non.
Non, je ne vais pas me toucher en pensant à Rudy.
C'est humain pourtant, nan ?
Je coupe l'eau en constatant que même si cela fonctionne, mon érection revient à chaque fois que Rudy arrive dans mes pensées.
Je vais me toucher en pensant à Rudy ? C'est pas bizarre ?
Non, c'est humain de ressentir de l'excitation pour quelqu'un dont on est amoureux. Non ?
Je sors de la cabine de douche et me sèche. Mon regard se pose sur mon érection toujours bien présente et je soupire. Il m'a juste embrassé, un baiser doux et innocent qui n'a même pas duré vingt secondes, et je bande comme un adolescent qui fait face à ses premières poussées d'hormones.
Mon corps et ses réactions me désespère ce soir.
Je pourrais trouver autre chose à quoi penser en me touchant, mais je ne veux pas. Car il n'y a plus que Rudy que je désire depuis cinq mois, dans tous les sens du terme. Je ne veux pas penser à quoi que ce soit d'autre en me masturbant, mais ça me met mal à l'aise de penser à lui en le faisant. Comment le regarder en face, après ?
Comme pour me susurrer de me dépêcher, mon érection en attente commence presque à me faire mal sous la tension. Un souffle désespéré s'échappe de ma bouche alors que je rejoins mon lit. Je m'allonge sur le dos, pèse rapidement le pour et le contre puis me décide. De toute façon, je rougis devant Rudy en permanence, il l'a déjà remarqué. Je vais juste être encore plus gêné que d'habitude quand je suis en face de lui, mais ça finira par passer.
Et puis il m'a embrassé, peut-être qu'un jour notre relation évoluera comme je l'espère. Si on sort ensemble, peut-être qu'il ressentira du désir pour moi, que j'arriverai à le faire tomber amoureux de moi et que je pourrai le traiter comme un prince. Mon prince.
Mes doigts s'enroulent autour de mon érection. Je m'efforce de faire le vide dans mon esprit, je pose les yeux sur le plafond au dessus de moi alors que j'effectue les gestes censés me donner du plaisir dans un mouvement presque mécanique.
Rapidement, mon imagination bien trop grande refait surface, je me mets à penser que les doigts autour de mon sexe, que la chaleur que je ressens dans mon ventre et que ces mouvements sont provoqués par Rudy, et non par ma propre main. Un avantage à tout ça est que je jouis au bout de quelques minutes seulement, haletant et le souffle court.
J'attrape un mouchoir pour me nettoyer grossièrement et retourne dans la salle de bains pour nettoyer mieux.
De retour dans mon lit, les regrets et les remords m'envahissent. Je me sens coupable. Le plus bizarre dans tout ça, c'est que je ressens le besoin de parler à l'homme que j'aime, j'ai envie qu'il me console, qu'il me dise que c'est normal, que tout va bien et qu'il ne va pas m'en vouloir ou me détester s'il vient à l'apprendre.
Sauf que je ne peux tout simplement pas débarquer dans ses messages et lui dire : "je me sens coupable, je me suis touché en pensant à toi parce que repenser au baiser que tu m'as fait m'a donné une trique qui voulait pas partir". Non, vraiment pas.
J'allume mon ordinateur. Je vais regarder une série d'horreur, ou un truc dégoûtant qui m'empêchera totalement de bander à nouveau ce soir.
Je tape mon mot de passe. Sur l'écran d'accueil est affiché l'icône m'indiquant que Rudy est connecté sur son ordinateur, et je suis tenté de cliquer dessus. Mais le souvenir de ce que j'ai fait il y a quelques minutes me submerge, j'ignore cette envie et clique sur l'icône de Netflix à la place.
L'envie de parler à Rudy revient rapidement, je retourne sur l'écran d'accueil pour vérifier qu'il est réveillé - ce qui est le cas - puis attrape mon téléphone.
Sauf...sauf que je n'ai rien à dire. Dépité, je repose l'objet à côté de moi.
Récapitulons. Je suis amoureux de Rudy depuis un peu plus de cinq mois. J'ai rêvé de l'embrasser, de nombreuses fois. J'ai rêvé d'autres choses aussi, mais ça me gênait beaucoup moins quand on ne se connaissait pas vraiment. Mais c'est normal, je suis amoureux de lui, donc je ressens du désir pour lui, je le trouve magnifique. Et comme l'embrasse était quelque chose que j'attendais depuis longtemps, qu'il m'a embrassé de lui même, c'est normal que ça m'ait un peu retourné. Voilà.
J'attrape le deuxième oreiller posé sur le lit à côté de moi pour le plaquer sur mon visage. Je le repose sagement à côté et éteint mon ordinateur que je pose par terre. Risqué, je l'avoue.
Je ferme les yeux. Demain, ou plutôt aujourd'hui vu l'heure qu'il est, je vois Rudy à 18h. Il risque de se poser des questions, ou même de s'inquiéter si je débarque avec des cernes de dix kilomètres. Même si une partie de moi rêve qu'il s'inquiète vraiment pour moi. Mon inconscient a besoin de se sentir important à ses yeux.
Stop, stop. Il faut que j'arrête de penser à lui et que je dorme. C'est largement l'heure de dormir.
Peut-être que ça le flatterait, de savoir qu'il me plaît au point là ? Ou alors ça le gênerait. De toute façon, si ça continue comme ça, ce que je n'espère pas vraiment, il risque de le remarquer un jour. Et là, je devrais affronter sa réaction en direct.
Je m'extirpe immédiatement de la situation bien gênante qui vient de se créer dans ma tête et reprends mon téléphone pour lancer la playlist que j'ai constituée avec toutes les musique que Rudy m'a conseillé. J'y ai ajouté celles dont il m'a parlé aujourd'hui en plus, pendant qu'on jouait - que je perdais - à Mario.
Je réussis enfin, grâce à la playlist, à faire un peu le vide dans mon esprit. Je parviens enfin à m'endormir.
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Not(e) me, Please...
De TodoRudy est le genre de personne à n'être remarqué que pour les critiques négatives. Depuis toujours, il est le souffre-douleur des autres. Neil est le genre de personne qui ne remarque personne. Sauf qu'il l'a remarqué, lui. Lorsque celui qui n'est...