Not(e) me, Please...

CHAPITRE 19- Taste

Rudy, Londres.

03 Février 2023.

Neil est là, dans la file d'attente pour passer en caisse. Il est tout dernier, il ne reste plus beaucoup de gens avant lui. Dans ses mains se trouvent deux petites bouteilles d'ice-tea, l'original, et un paquet de gâteaux au chocolat. Inconsciemment, mon regard descend sur ses lèvres que j'ai embrassées hier. Honnêtement, je rêve de recommencer, mais j'ai eu l'impression que c'était gênant hier ? Je regrette presque mon initiative, je crois que j'aurais préféré que ce soit lui qui m'embrasse.

Mais j'ai la bizarre impression que ça a débloqué quelque chose et que ça l'aidera à avoir plus confiance avec moi à l'avenir ? Je ne sais pas.

Lorsqu'il pose ses articles sur le tapis roulant, je ferme la caisse pour qu'il n'y ai plus personne après lui. Il me sourit joyeusement. Trop joyeusement, c'est bizarre.

Le dernier client avant lui part, il se plante devant moi comme la dernière fois. Je ne me suis pas trompé, son sourire est un peu crispé. Qu'est-ce qu'il a ? Mon propre sourire se fane. J'ai l'impression qu'il n'a pas envie d'être là ?

Il paye, j'enfile ma veste et nous sortons de la supérette. Il évite totalement mon regard maintenant, je me pose sérieusement des questions. Au bout d'un moment de silence qui paraît durer des heures, je m'immobilise et me tourne vers lui.

— Si t'as pas envie d'être là, tu peux rentrer chez toi, personne ne t'oblige à rester Neil.

Il sursaute presque, le regard fuyant. Mais qu'est-ce qu'il a, à la fin ?

— C'est pas ça...ça me tue, j'arrive même plus à te regarder en face.

Je lève les mains pour les poser sur ses joues et tourner son visage vers moi. Ses joues qui sont d'ailleurs rouges et chaudes, il paraît tellement gêné.

— Qu'est-ce qui se passe ? demandé-je, plus doucement.

— Je peux pas le dire, c'est bizarre et c'est trop gênant...

— Ça me concerne ?

Il hoche la tête. Je fronce un peu les sourcils, sans trop comprendre. Qu'est-ce qui pourrait être gênant et me concerner ? Je repose les yeux sur son regard fuyant. Il ne s'est quand même pas...enfin...

Je ne sais même pas comment je suis censé lui demander si c'est bien ce que je pense.

Alors je décide d'y aller franchement, même si mes joues rougissent déjà à cause de ce que je vais dire.

— Neil, même si tu me dis que t'as bandé ou plus en pensant à moi, je vais pas fuir, tu sais ? articulé-je à toute vitesse.

— Comment t'as deviné ? s'exclame-t-il de façon très peu naturelle.

Mais sans me laisser le temps de répondre, il détourne le regard et lâche :

— Il est beau le mur sinon...

— Neil, on est en plein milieu de la rue, y'a pas de mur là...

— Ah merde.

Il prend une grande inspiration, son regard rencontre le mien.

— Je suis désolé, dit-il.

— Pourquoi t'es désolé ? J'admets que c'est un peu bizarre pour moi, mais c'est normal...si t'es amoureux de moi comme tu le dis, c'est plutôt normal.

— Je suis amoureux de toi.

— Bah voilà, tout va bien.

Je ne le vois pas venir, mais ses lèvres rencontrent brusquement les miennes, mais tout en douceur. Je commence par écarquiller les yeux, puis je les ferme et profite. Il est tellement doux, dans ses mouvements, ses contacts, c'est trop mignon.

Ses doigts effleurent ma taille pour finalement s'accrocher au bas de ma veste.

Je fonds.

Je rouvre les yeux quand il met fin au baiser, et si j'en crois son regard, ça l'a autant retourné que moi.