CHAPITRE 28- FEVER

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Rudy, Londres.

17 Février 2023.

J'effectue machinalement les mêmes gestes, encore et encore. Ma journée me paraît si fade, si insignifiante comparée à celle d'hier. Ma soirée d'hier, pour être plus précis. Mes gestes sont mécaniques, habitués, lassés. Neil me manque. Je commence à vraiment ressentir un vide quand il n'est pas là. Il serait ravi de le savoir, je lui dirai la prochaine fois qu'il ira mal. Même si je préfèrerais qu'il aille bien, évidemment.

Il a dormi chez moi hier. En fait, ça fait dix jours que l'on dort ensemble, chez moi ou chez lui. Il revient chez moi ce soir, on va manger les lasagnes que nous avons préparées ensemble hier soir. Je suis content qu'il vienne, je crois que je m'habitue un peu trop à dormir dans ses bras. Ca aussi, il serait content de le savoir.

Il n'a toujours pas réessayé de m'embrasser. Moi, j'ai essayé, mais à chaque fois je me suis dégonflé, ou un truc a attiré son attention...Bref, je n'ai pas réussi. Mais ce soir, je veux l'embrasser. Non, je veux qu'on s'embrasse. Je suis en train de tomber amoureux de lui, je le sais. Mais ça, je ne lui dirai pas, pas maintenant. Pour ça, c'est trop tôt. Avec des mots, je n'y arriverai pas encore. Mais avec des gestes, je veux essayer.

Je ferme la caisse, et comme par hasard, mon téléphone vibre dans ma poche.

"Tu me manques"
"Genre vraiment beaucoup"
"Tu penses que c'est normal, que tu me manques autant ?"

"Je sais pas"
"Tout ce que je peux te dire, c'est que tu me manques aussi"

"C'est vrai ?"

Il ne me laisse pas le temps de répondre que déjà, un nouveau message s'affiche sur mon écran.

"Le soleil tombe sur toi, là"
"T'es magnifique, vraiment"

Je lève la tête pour voir Neil qui marche dans le rayon face à moi. Il me regarde - non, il me contemple - avec un léger sourire flottant sur ses lèvres. Mon cœur loupe un battement. Il est si beau.

J'attrape ma veste et m'avance vers lui, comme hypnotisé. Son sourire s'agrandit quand je m'immobilise devant lui. Il me salue joyeusement et prend ma main pour m'entraîner dehors, je le suis.

Je voulais te faire un câlin, mais il y avait plein de gens donc j'ai pas osé, avoue le brun avec une petite moue, une fois que nous sommes dehors.

Mais maintenant tu peux ? Il n'y a presque personne...

Il n'attend pas plus pour franchir le petit mètre qui nous séparait encore. Ses bras s'enroulent autour de ma taille, je lève la tête pour ne pas rompre notre échange de regards. Ses orbes marron foncé ne me quittent pas, son regard est teinté d'une étincelle qui accompagne si bien son sourire. Je me mordille doucement la lèvre inférieure. J'ai envie, j'ai besoin de l'embrasser.

Je porte une main à sa joue, incapable de détacher mon regard du sien. Ses yeux s'écarquillent un peu, mais il ne fait pas le moindre mouvement.

Et puis enfin, j'appuie délicatement mes lèvres contre les siennes. Nous partageons la même expiration de soulagement, je ferme les yeux. Heureusement qu'il me tient fermement contre lui, je commence à trembler un peu de soulagement, mais aussi à cause de tout ce que je ressens à ce moment.

Lorsque je tente de m'arracher à mon besoin de l'embrasser, car nous sommes quand même au beau milieu de la rue, et que je recule, Neil capture une deuxième fois mes lèvres et je m'abandonne totalement contre lui.

Mon cœur bat tellement vite, quand nous finissons par mettre fin au baiser, que je prends le temps de m'appuyer contre lui le temps de reprendre contenance. Mes sentiments implosent dans ma poitrine, je lève timidement les yeux vers lui.

J-je...comment tu te sens ?

Ses oreilles sont rouges, il est donc en train de rougir. Parce que Neil, quand il rougit, il n'y a quasiment que ses oreilles qui prennent de la couleur.

Incroyablement bien, lâché-je sur un ton rêveur. Et...et toi ?

Merci...Je me sens tellement bien, là. T'es pas obligé de répondre, d'ailleurs tu seras jamais obligé à rien et-...Attends, je m'emmêle, pouffe-t-il nerveusement.

Il prend une grande inspiration et recommence.

Je t'aime tellement Rudy, vraiment.

Bientôt...bientôt, j'arriverai à te répondre la même chose, promets-je brusquement. Juste un petit peu de temps...un tout petit peu...

Prends le temps qu'il te faut, je comprends...

Son étreinte se défait un peu.

On y va ? proposé-je avec enthousiasme.

Il dépose un rapide baiser sur mes lèvres et acquiesce en souriant.

Not(e) me, Please...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant