Not(e) me, Please...

CHAPITRE 26- Voices

Rudy, Londres.

07 Février 2023.

— J'ai rien de mieux que des pizzas surgelées à te proposer, avoue Neil, visiblement déçu.

— Bah c'est bien ça, nan ?

— Si ça te convient, alors c'est bien.

Il a enfin gagné contre moi à Mario, tout à l'heure.

Il est si peu sûr de lui depuis qu'il a pleuré dans mes bras, il s'inquiète de tout et sa confiance que j'avais pu apercevoir hier a totalement disparu. J'ai passé mon après-midi à essayer de le rassurer, mais ça n'a pas l'air de fonctionner. En tout cas, ça ne marche pas comme je l'aimerais.

— Je suis content d'être avec toi, tenté-je.

Enfin, son visage s'éclaire un peu.

— C'est vrai ?

— Mais oui, c'est vrai. Promis, je suis vraiment content d'être ici avec toi.

Un mince sourire - le premier aujourd'hui - apparaît sur ses lèvres.

— Tu restes dormir ?

— Oui, je reste autant que tu veux.

Il sourit franchement cette fois, et le soulagement m'envahit. Rassuré, je lui souris à mon tour, ce qui renforce le sien. Il est magnifique, je suis presque jaloux. Presque, parce que quelqu'un de beau comme lui est tombé amoureux de moi. Je le crois maintenant, je sais qu'il m'a dit la vérité.

Quant à moi, même si je ressens beaucoup de choses pour lui, je trouve que c'est un peu trop tôt pour définir les sentiments qui m'habitent. Ils sont là, je n'ai juste pas encore mis de mots dessus, et pour l'instant ça me convient très bien.

Alors que les pizzas se réchauffent, Neil revient s'asseoir à côté de moi. Il laisse tomber presque immédiatement sa tête contre mon épaule, mais il ne fait rien de plus. Il est prévenant, peut-être même un peu trop, mais je ne peux pas me plaindre : c'est à cause de moi s'il se comporte ainsi, si je n'avais pas bêtement flippé il ne serait pas comme ça.

Je comprends que ce sera à moi de refaire le premier pas quand je serai prêt. Je le suis, prêt, mais je préfère attendre un peu. Au moins une semaine, ou quelques jours en tout cas. J'ai besoin d'être totalement sûr avant. Et puis c'est pas si mal, juste des bisous sur les joues ou les tempes...Pour l'instant, c'est suffisant, en tout cas, c'est mignon.

Je me penche pour embrasser sa joue qui n'est pas appuyée sur mon épaule, pris d'une soudaine impulsion. Impulsion qui semble beaucoup lui plaire, d'ailleurs. Il rougit doucement et ferme les yeux, comme pour se cacher un peu.

C'est bien ce que je disais, c'est mignon. J'aime bien le voir rougir.

— C'est pas que j'aime pas t'avoir contre moi, mais je crois que les pizzas brûlent.

Neil se redresse brusquement pour aller sortir les pizzas du four, je me lève pour l'aider.

— Tu peux sortir des assiettes ? Dans le meuble, là, me montre-t-il.

J'obtempère et sort deux assiettes du meuble.

— Il n'y a que le bord là qui est un peu noirci, le reste est bon.

— Montre ? Ah bah oui, c'est bon. C'est parfait, Neil, essayé-je de le rassurer.

Son visage s'éclaire un instant, comme à chaque fois que je le conforte sur ce qu'il fait ou dit. Je comprends peu à peu qu'il a besoin d'être rassuré constamment. Et ça tombe bien, j'ai bien l'intention de l'encourager à chaque fois que je le pourrai, il le mérite tellement.

Il mérite tout ce que je suis capable de lui offrir. Je ne pense pas avoir grand-chose à lui proposer, mais il mérite tout.

— On mange où ?

— Dans le salon si tu veux, on pourrait regarder un film ? propose-t-il, plein d'espoir.

— Qu'est-ce que tu me proposes ?

— Harry Potter ? Ça te va ?

— Oui, c'est très bien.

J'ai envie de le serrer dans mes bras, il est si adorable.

C'est donc ce que je fais une fois qu'il a déposé les assiettes. Je m'avance vers lui et le prends dans mes bras sans un mot. Je ferme les yeux en appuyant ma joue contre ses pectoraux, je peux sentir son coeur battre comme ça. Et son cœur bat vraiment vite, il tambourine furieusement dans sa poitrine. C'est à cause de moi si son cœur bat aussi vite ?

Lorsque je finis par reculer, ses bras m'entourent enfin et il me retient contre lui. Il embrasse doucement le haut de mon crâne et je me surprends à inspirer pour mieux sentir son odeur, il sent bon.

— Ça va refroidir, on devrait aller manger, marmonné-je, bien que je n'ai absolument aucune envie de bouger.

— Moui, encore deux minutes...

Lui non plus n'a pas l'air de vouloir bouger.

On est sur la même longueur d'onde, c'est bien.

Une fois que notre étreinte se termine enfin, nous nous asseyons sur le canapé pour manger. Et c'est là que notre débat sur "quel Harry Potter choisir" commence.

— Le meilleur c'est le 3, protesté-je.

— Non, le meilleur c'est le 5.

Je le regarde droit dans les yeux en cherchant une solution, nous sommes tous les deux campés sur notre position.

— Au pire, tu mets le 1, et on regardera tous les autres ensemble.

Ma solution semble lui convenir, il acquiesce d'un hochement de tête et me passe la télécommande. Sauf que, profitant d'avoir la télécommande, je lance la lecture du film 3. Neil me lance un regard dubitatif puis s'approche de moi avec l'intention de me chatouiller. Je le repousse, plaintif.

— Touche pas mon ventre...

Neil redevient très sérieux, son regard s'ancre au mien.

— Il est beau ton ventre, Rudy...Tout est beau chez toi. T'es magnifique, le plus beau à mes yeux.

Il approche sa main de son visage et dépose un baiser sur son index qu'il pose ensuite sur mon ventre avec délicatesse. Son regard reflète tant de douceur et d'affection, je pourrais presque me mettre à pleurer.

— T'es beau Rudy, crois moi.