Terre des loups Tome 3 - Le remède

Chapitre 8

Cela faisait maintenant plusieurs lunes que les combats avaient eu lieu. Nombreux ceux qui avaient péris. Ouragan n'était plus que l'ombre de lui-même. Il ne mangeait presque plus et passait son temps dehors. Flocon ne le voyait quasiment plus. Son ami lui manquait.

Le loup blanc aperçut Brume qui sortait d'une grotte. Cette dernière avait les traits tirés par la fatigue. Topaze et elle avaient eu pas mal de travail ces dernières lunes.

- Comment tu te sens ? lui demanda sa sœur en l'apercevant. Tes blessures ne te brûlent plus ?

Flocon secoua la tête négativement. Il avait eu de la chance, ses blessures n'étaient pas trop grave et avaient plutôt bien guéries, contrairement à d'autres.

Un sourire illumina le visage de sa sœur.

- Tant mieux, et ta patte ?

Flocon baissa les yeux vers celle-ci. Il boitait toujours mais elle n'était plus douloureuse.

- Ça va, ne t'en fais pas, la rassura Flocon en croisant ses yeux bleus.

Sa sœur hocha la tête, un sourire éclaira son visage fatigué.

- Contente que tu ailles bien.

Flocon la laissa repartir vers les différents blessés. Brume donnait cœur et âme pour soigner tout le monde. Elle était vraiment incroyable.

Le loup blanc chercha ses amis du regard. Le camp était presque désert. Les quelques loups encore en forme étaient partis à la chasse ou en reconnaissance.

Il sortit du camp et descendit dans le vallon, dans lequel quelques lunes plutôt la bataille avait eu lieu. Le sang imprégnait encore l'air. Flocon plissa le museau. Le sol était recouvert du liquide rouge mélangé à de la boue. Les corps avaient été enterrés, même leurs ennemis, au grand regret de certains.

Flocon dressa les oreilles. Un bruit venait d'attirer son attention et reconnut au loin le loup qu'il cherchait. Ouragan était assis sur le sol humide, la tête levée vers le ciel. Le loup blanc avait mal pour lui. Il n'osait imaginer la douleur qu'il pouvait ressentir. Bien sûr que Rivière lui manquait, c'était son amie, mais pas de la même manière qu'Ouragan.

Le loup noir se retourna en entendant Flocon arriver. Ses yeux verts étaient comme éteints, des traces de larmes imprégnaient sa fourrure noire.

- Elle était si têtue... murmura Ouragan le regard vague. Pourquoi en as-tu fait qu'à sa tête ? Pourquoi es-tu venue combattre ?! Rivière...

La fourrure noir de son ami se gonfla sous l'effet de la colère. Ses yeux étaient remplis de larmes.

- On t'avait interdit de venir bon sang ! hurla-t-il, en regardant le ciel bleu désespérément. Rivière... Si tu savais combien tu me manques... Pourquoi as-tu fais ça...

Flocon se sentait impuissant devant la détresse de son ami. Sa souffrance faisait peine à voir.

- Parce qu'elle t'aimait, murmura doucement le loup blanc en plongeant son regard dans celui de son ami.

Ouragan se figea avant de s'écrouler sur le sol, tout son être tremblant sous ses sanglots.

- Je n'ai même pas pu lui dire... Tu te rends compte de ça, Flocon ?! Elle ne le saura jamais à quel point je l'aimais...

Le loup blanc posa son museau sur le front de son ami.

- Je suis sure qu'elle s'en doutait, elle veille sur toi à présent Ouragan...

Le loup noir hocha la tête, une dernière larme s'écoula de ses yeux. Il se releva tant bien que mal.

- Anémone va bien ? demanda-t-il tout à coup.

- Euh oui, je crois, répondit Flocon, surpris par cette question.

Ouragan esquissa un sourire triste et planta ses yeux verts dans les siens.

- Alors ne fais pas la même erreur que moi. Protège la et fais tout pour qu'elle reste en vie.

Flocon écarquilla les yeux, le cœur battant.

- Je...

-Il y aura au moins l'un de nous deux qui sera avec la louve qu'il aime, le coupa Ouragan, l'air sérieux.

Le loup blanc se sentit tout à coup embarrassé. Cela se voyait à ce point qu'il ressentait des sentiments envers la louve grise ?

- Ne t'en fais pas, je garde ça pour moi, reprit Ouragan en lui jetant un regard complice.

Son cœur bondit dans sa poitrine. Le loup noir paraissait aller un peu mieux.

- Allez, retournons au camp. Nous serons sûrement plus utiles là-bas.

Les deux amis saluèrent Mimosa qui sortait d'une tanière. Cette dernière semblait avoir été transformée. Son visage était marqué par la dureté de la bataille. Personne n'a pu resté indifférent à ce qu'il s'est passé, remarqua Flocon intérieurement.

- Tu sais où elle est Anémone ? lui demanda Ouragan.

- Je l'ai vue sortir par là, leur indiqua la jeune louve avant de s'en aller rejoindre sa sœur qui arrivait.

Ouragan la remercia et les deux amis se mirent à la recherche d'Anémone. Depuis les récents combats, Flocon n'avait pas eu l'occasion de la revoir. Anémone semblait avoir été bien amochée et Flocon avait essayé de soutenir au maximum Ouragan. Le loup blanc avait hâte de la revoir. Elle lui avait manqué.

Anémone s'était visiblement assez éloignée du camp. Ils mirent du temps à la trouver. Elle leur tournait le dos, assise dans les hautes herbes.

Flocon s'assît à côté d'elle. La louve grise se tourna vers lui et lui sourit. C'était le premier vrai sourire qu'il voyait depuis la bataille.

- Comment tu te sens ? s'enquit-il.

Anémone avait de nombreuses petites cicatrices sur sa fourrure.

- Fatiguée, mais ça va.

Elle se tourna vers Ouragan.

-Tu tiens le coup ?

Le loup noir déglutit avant d'hocher doucement de la tête.

- C'est dur mais je commence à m'y faire... Je crois.

Flocon savait bien qu'Anémone s'inquiétait pour le loup noir. C'était normal après tout, il venait de perdre son amour. Pourtant un sentiment qui n'avait nulle part à faire là, était bien présent. Il était jaloux.

Une douce queue s'enroula doucement à la sienne, le faisant sortir de ses pensées. Flocon plonge ses yeux dans ceux d'Anémone. Une douce chaleur l'enveloppa. C'était agréable.

- Je suis contente de voir que tu ailles bien Flocon. Je n'aurai pas supporté une deuxième perte...

Flocon lui sourit, d'un air qui se voulait rassurant.

- On est là, ne t'en fais pas.

Anémone hocha la tête et regarda tour à tour les deux loups.

- Vous m'avez manquée les amis... murmura-t-elle doucement.

- Toi aussi... laissa échapper Flocon.

Il s'en voulut aussitôt et vira au cramoisi. Mais le regard que lui lança son amie le rassura. Il brillait d'une lueur étrange, qu'il n'arrivait pas à déterminer.

- Ça vous dit une petite chasse ? proposa Ouragan en se relevant. Ça permettra de ravitailler le camp et... de nous changer les idées...

Flocon approuva d'un signe de tête. Une chasse lui ferait un grand bien. Il avait besoin de se dégourdir les pattes.

- Allons-y dans ce cas ! s'écria la louve grise en prenant la tête du trio.

Les trois amis se mirent à courir sur les collines, un vent léger les accompagnant. Comment avant... songea Flocon avec une pointe au cœur.