Terre des loups Tome 3 - Le remède

Chapitre 11

Le loup blanc cligna rapidement des yeux. Le Soleil commençait doucement à se lever sur la vallée et pourtant la petite troupe était déjà partie. C'était le cœur lourd que Flocon avait dû quitter Anémone et Brume. Mais il avait conscience que la louve grise avait besoin de la Guérisseuse. Le loup blanc soupira. Il avait peu dormi durant la nuit, il était hanté par ses visions et les paroles d'Hortensia résonnaient encore en lui.

- Hé, fit Ouragan en lui donnant un petit coup de tête amical. On ramène cette fleur, on sauve Anémone et on tue Abysse, d'accord ?

Le loup blanc soupira longuement avant de reposer son regard sur son ami.

- Comment peux-tu être aussi certain ? Après ce qu'il s'est passé...

Le visage du loup noir se ferma.

- Le sacrifice de Rivière doit servir à quelque chose. Je ne laisserai plus personne faire du mal à ceux que j'aime. Cette ordure crèvera comme il se doit, fais moi confiance...

Flocon rencontra les yeux verts de son ami et frémit en voyant la flamme qui l'animait. La vengeance était l'un des moteurs les plus puissants dans un combat mais elle pouvait aussi s'avérer très dangereuse...

- Tu as raison, finit-il par lâcher.

Le loup blanc se tut et reposa son regard devant lui. Topaze et Edelweiss menaient la marche tandis que Mimosa se trouvait derrière eux. Il lui jeta un petit coup d'œil. Cette dernière lui lança un sourire timide. Intérieurement il la trouvait bien courageuse de vouloir les accompagner, il se demandait bien qu'elle pouvait être sa motivation...

- Nous allons passer par cette arrête, lança Topaze en ralentissant le pas.

Flocon écarquilla les yeux en voyant ce que désignait le Guérisseur. Lui, qui était habitué aux collines verdoyantes, pris un instant peur en voyant l'état de l'arrête rocheuse qui s'étendait devant eux. Elle ne semble pas tellement praticable, songea-t-il en apercevant le vide qui s'étendait des deux côtés de l'arrête.

- On est obligé de passer par là ? s'enquit Mimosa, qui elle non plus ne semblait guère rassurée.

- Si on veut éviter toutes rencontres imprévues, oui, lâcha Edelweiss, en fixant la jeune louve, comme pour la défier d'ajouter autre chose.

Flocon tiqua devant son comportement. Il n'aimait pas l'air agressif qu'elle prenait. Finalement, elle n'a pas tant changé que ça...

- Plus on s'approche des montagnes, plus nos chances de rencontrer des patrouilles d'Abysse sont grandes, enchaîna Topaze d'une voix plus douce. Il faudra être prudent.

Le loup blanc acquiesça sans lâcher Edelweiss du regard. Cette dernière sembla percevoir son regard puisqu'elle se tourna vers lui. Elle le soutint durant quelques instants avant de se détourner.

- Allons-y.

Flocon emboîta le pas derrière Ouragan et ils s'approchèrent dangereusement de l'arrête rocheuse. Une bourrasque fouetta soudainement son visage. Il frémit, de peur ou de froid, il ne savait pas. Le loup blanc se pencha légèrement et déglutit en réalisant la chute mortelle qu'ils risquaient s'ils tombaient.

Devant lui, Topaze et Edelweiss commencèrent doucement la traversée. Plus personne ne parlait, chacun était concentré sur ses pas. Flocon serra les crocs. La peur lui tordait le ventre, il n'avait jamais connu ça. Il passa délicatement au dessus d'un rocher, qui se trouvait en équilibre au dessus du vide avant d'enchaîner sur l'arrête qui se resserrait.

- Évitez de tomber, ce serait fâcheux, ricana tout à coup Ouragan nerveux.

La voix du loup noir le fit sursauter et le déconcentra momentanément. Il dérapa sur un cailloux qui roula sous sa patte. Flocon se rattrape de justesse et le suivit des yeux, rouler dans le vide. Encore sous le choc, il le vit dégringoler la pente à une vitesse affolante avant de disparaître de sa vision. Son cœur battait la chamade.