Terre des loups Tome 3 - Le remède

Chapitre 12

A peine s'était-il remis des ses émotions que le petit groupe était reparti de plus belle en direction des glaciers. Le soleil était à présent bien haut dans le ciel et pourtant Flocon frissonna. La saison froide arrive bientôt, réalisa-t-il. Il soupira. Pour le moment ils avançaient plutôt rapidement, mais tôt ou tard il savait qu'ils devraient faire face au froid et à la neige, sans compter sur les patrouilles d'Abysse qui se trouvaient dans les environs.

Comme pour confirmer ses pensées, une douce brise caressa sa fourrure. Il frémit à nouveau. Lui, qui n'était pas habitué à la venue de la saison froide si tôt, était un peu perturbé.

- Ça se couvre, marmonna Ouragan en regardant le ciel.

Le loup blanc suivit son regard. Il vit effectivement que le ciel bleu disparaissait sous une épaisse couche de nuages. Une nouvelle bourrasque, cette fois-ci plus forte, souffla sur eux.

- J'espère que ça ira... murmura-t-il à son tour, guère rassuré.

Il espérait finir cette quête au plus vite afin de sauver Anémone rapidement. Rien qu'à cette pensée, son cœur se serra. Elle lui manquait déjà, mais s'il voulait la revoir - ou du moins en vie - il devait ramener le remède à temps.

- Nous allons descendre dans le vallon, lança Topaze en allant en contrebas. Ce sera plus prudent.

Flocon hocha la tête et suivit le reste du petit groupe sur le versant de la montagne. Plus il descendait moins le vent se faisait sentir. Mais lorsqu'il plissa les yeux sur les crêtes au loin, il aperçut des nuages qui arrivaient doucement. Il cligna des yeux.

- Suivez-moi, reprit le Guérisseur en se dirigeant l'une des pentes du vallon. Nous allons contourner cette crête, soyez prudents.

Flocon regarda autour de lui tout en marchant. A présent la végétation se faisait rare. Cette dernière était peu à peu remplacée par des rochers, des cailloux et de la poussière. Par endroit quelques touffes d'herbes venaient à sortir de ce sol désertique. L'air continuait à se refroidir mais le loup blanc commençait étrangement à s'habituer.

- C'est bizarre quand même, fit son ami en arrivant à sa hauteur.

Flocon se tourna vers lui. Le loup noir ne cessait de fixer les crêtes, inquiet.

- Nous avons croisé aucune patrouille d'Abysse alors que ça fait un moment que nous sommes entrer sur son territoire, continua-t-il en soupirant. Dès que le vent se sera calmé, on ne sera plus tranquille...

Flocon le vit serrer les crocs tandis qu'il acquiesçait. Il avait du mal à concevoir que la tempête qui arrivait leur était bénéfique puisque eux-mêmes pourraient s'y trouver pris au piège.

- La saison froide va arriver rapidement ici en plus, renchérit Mimosa qui semblait avoir entendue leur conversation.

Ouragan hocha la tête.

- Ça ne va pas être de repos du tout... murmura-t-il en levant les yeux vers le ciel.

Flocon suivit son regard. Les nuages gris assombrissaient le ciel de plus en plus. Il avait comme un mauvais pressentiment. Une bourrasque traversa le petit groupe. Une goutte tomba brusquement sur le museau du loup. Aussitôt il se dépêcha de rattraper Topaze et Edelweiss qui commençaient à les distancer, ses deux amis lui emboîtant le pas.

***

Le loup blanc n'entendait plus la voix de son ami. Le fracas de l'eau sur les roches l'en empêchait. Il cligna rapidement des yeux. Malgré la pluie, il distingua une forme devant lui. Aussitôt il s'élança dans sa direction.

Un flash éblouit tout à coup la vallée et un coup de tonnerre retentit pratiquement aussitôt. Le sol trembla sous ses pâtes. Ce n'est pas tombé loin ça, songea-t-il en regardant rapidement les pics qui se dressait au dessus de lui.

Le ciel noir grondait, s'illuminait. La tempête n'avait pas tardé à les rattraper et à présent, ils cherchaient un abri où se réfugier. La fourrure noire d'Ouragan restait peu visible dans ce déluge et Flocon le perdit plus d'une fois de vue.

Les montagnes grondèrent de plus belles. Les flashs tombaient. Flocon souffla bruyamment et ralentit le pas, ne voyant plus sous ami. Sa fourrure blanche était gonflée par l'eau, il était trempé. Alors qu'il commençait à grelotter, un flash plus lumineux que les autres l'éblouit. Alors que le grondement retentissait, le loup blanc aperçut avec horreur, que des rochers venaient de se détacher du haut des crêtes, là où la foudre venait de tomber peu de temps plus tôt.

Il resta un instant figé, fixant les rochers qui roulaient tout droit sur lui. Il se ressaisit à temps et courut tout droit devant lui.

Le sang battait à ses tempes, son cœur tambourinait sa poitrine jusqu'au point d'exploser. Malgré la pluie et le tonnerre, il distingua tout à coup un loup non loin de lui. Il ne put déterminer de qui de ces amis se trouvait devant mais il courut aussi vite qu'il put pour le rejoindre.

- Flocon !!

La voix d'Edelweiss le fit relever la tête. Il s'aperçût alors qu'il s'approchait peu à peu d'eux. Il regarda derrière lui et remarqua que les rochers dévalaient la pente. Il se trouvait à présent en sécurité. Soulagé, il se précipita vers la louve blanche, jusqu'à ce qu'il sente sa patte partir.

C'était une sensation assez étrange, il ne semblait plus la contrôler. Elle paraissait comme se détacher à la fois de son corps tout en sentant la terre sur celle-ci. Alors qu'il tombait sur le sol boueux, il la regarda. Cette dernière était celle qui avait été déjà abîmée et elle venait de se coincer dans la boue, un caillou s'était refermé sur elle.

Une vive douleur l'irradia aussitôt. C'était pire que tous ces combats, jamais il n'avait senti une telle souffrance physique. Sa patte le lançait de tout son être, il avait l'impression qu'elle le lui avait été arrachée. Son corps devenait plus en plus douloureux.

Alors qu'il vit des étoiles danser devant ses yeux, une pensée lui échappa.

Si je suis blessé, jamais je ne pourrais continuer et Anémone va être condamnée...

La pluie continuait de tomber sur le corps du loup, rendant sa fourrure, déjà salit, méconnaissable. Sa tête tomba lourdement sur le sol trempé, et il perdit connaissance.