amours nocturnes

chapitre huit

Misunderstood - Lucky Daye 

Je me mis aussitôt à ricaner , j'en venais à poser une main sur ma poitrine. Je n'avais jamais entendu de plan aussi ridicule. « Pourquoi tu ris? Je suis très sérieux.» , il ébouriffait encore une fois ses cheveux pour leur donner une allure coiffée décoiffée puis repositionnait ses mains et ses bras dans leur position initiale. Il portait un pull noir qui faisait ressortir la hétérochromie marron de ses yeux verts.

 Le col de sa chemise blanche ressortait de son pull à col rond. Un collier avec un cadenas décorait sa nuque. Mes yeux étaient concentrés dessus. Ce collier était en forme de cœur et devait sûrement contenir une photo à l'intérieur. Eden n'avait pas l'habitude de porter de bijoux et m'avait une fois confié qu'il ne le ferait que si celui-ci avait une valeur chère à ses yeux , comme une alliance si il venait à en porter une sur son annulaire gauche. 

Il surnommait celui-ci le "doigt du cœur". D'après lui , celui-ci était reliée à la veine de l'amour appelé veina amoris. Si jamais quelqu'un venait à conquérir son cœur , il en porterait une et surement à cet endroit.

- Tu regardes mon collier?  dit-il les yeux toujours rivés sur son ordinateur. 

Je lance un son , essayant de lui faire comprendre que je n'avais pas assimilé sa phrase. Il répétait sa phrase avec une allure plus lente sans détacher les yeux de son ordinateur. Quelques secondes plus tard , il retirait ce dernier puis me le tendais. Je pris celui-ci dans ma main. Après quelques tentatives foireuses , je réussissais à l'ouvrir. 

Le cœur se fendait en deux et chaque côté avait une photo différente. La photo à gauche montrait un petit enfant ainsi que sa mère au parc. J'imaginais que celui-ci était Eden. La photo de droite montrait trois enfants devant un fond bleu ciel de photographe , je reconnaissais Eden et son cadet mais n'avait aucune idée de qui était la petite fille. 

- T'as une petite sœur?  je l'interpellai en lui touchant légèrement l'épaule.

- Oui , elle s'appelle Stella. Je suis proche d'elle mais pas autant qu'avec André. 

- Je vois. 

Je finissais par lui rendre son collier après avoir esquissé un léger sourire. 

- Je disais... Pourquoi on devrait y'aller ensemble?  demandai-je. 

- Tu veux vraiment qu'on te reprenne pour une prostituée? dit-il. 

- C'est pour ça qu'elle avait dit "activités nocturnes"? 

Je mimais les guillemets avec mes doigts. Eden se mettait à rire aux éclats , ce son m'avait manqué. Son rire témoignait de sa joie , il avait l'air content de me voir. Ce dernier n'avait pas l'habitude de rire car il n'aimait pas le son de celui-ci. J'adorais le son de son rire , il me réchauffait le cœur. Je souriais , cela faisait longtemps que je ne l'avais pas entendu rire aux éclats. Il m'avait manqué. 

Soudainement , le petit ami du cadet d'Eden me sortait de mes songes , tel un réveil matinal que vous n'aviez aucune envie d'entendre. 

- Vous êtes là depuis une heure et vous n'avez rien commandé? Vous voulez manger quelque chose , ou même boire? 

- Juste une grenadine , j'ai déjà bu hier. Je veux pas recommencer. 

Eden me regardait d'un œil curieux , il essayait de savoir ce qui s'était passé hier. Je ne dirais rien , car il ne s'est rien passé. Après avoir passé une main sur ses cheveux , il commandait une limonade. Mani lui lançait des regards , Eden ne le regardait pas. Ce dernier avait l'air plutôt contrarié comme à son habitude. Le petit ami d'André sortait un terminal de paiement de sa poche. Après avoir annoncé le prix , je sortais ma carte bancaire afin de pouvoir payer , Eden s'empressait de sortir son téléphone. Le bruit d'approbation de la machine résonnait dans notre cocon amoureux. 

- Je reviens dans cinq minutes. 

Nous hochions tous deux de la tête puis retournions à notre cocon. Malgré la foule , malgré le bruit , malgré le temps : nous étions tous les deux. Tous les deux , seuls contre le monde. Seuls contre la foule , accrochés à un amour si faible et impossible. 

- Tu m'as l'air rêveuse... dit-il. 

Sa voix me retirait aussitôt de mes pensées. 

- Pensive. le corrigeais-je. Oui , je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée à cause d'hier. 

- Il s'est passé quoi hier? 

- Rien.

« Hmm.» disait-il en touchant le trackpad de sa souris pour rallumer son écran. Mani revenait juste à temps avec les deux verres. Je le remerciais lui ainsi le jeune homme en face de moi pour le simple verre de grenadine à cinq euros cinquante , au prix élevé grâce à l'inflation due à la crise économique. Je pris la paille déposée dans mon verre puis me mis à l'inspirer sous le regard insistant du dénommé Mr. Martinez. 

- Oui , du coup? Ton plan? dis-je en sirotant mon verre de grenadine. 

- On y'va ensemble , on réserve à deux et puis on se dirige vers la 305 pour prendre des photos si jamais un autre drame surgit encore une fois. 

- Je pense pas que ça va marcher Eden , c'est trop bête comme plan.

Armé de sa carte bleue , il notait son numéro de carte en le répétant , son regard alternait entre l'écran et celle-ci. Je soupirais une nouvelle fois avant de croiser mes bras.

- Non pas vraiment , c'est un peu la même chose qu'on a fait la dernière fois. dit-il , les yeux rivés sur son ordinateur. Et puis cette fois-ci , on évitera d'aller voir la "dame au foulard vert" pour réserver , on a déjà la chambre. Faudra juste les clés. 

Il retournait son ordinateur afin que celui-ci puisse me faire face. Des confettis s'affichait dans son écran ainsi que le mot "félicitations" en très gros sur la page web. "Super m'écriai je de manière sarcastique et enjouée. 

- En plus , on pourra entamer les activités nocturnes que tu affectionnes particulièrement. dit-il après un clin d'œil. 

- Parce que t'as vraiment pris une chambre pour deux personnes , sérieusement?  déduisai-je  tout en ayant les bras croisés. 

- Oui. 

Son sourire était devenu narquois. 

- T'as oublié de regarder la date. murmura t-il en se rapprochait de moi. 

Le 2 février. Nous étions le 2 février. C'était le plan le plus ridicule jamais entendu et pourtant celui-ci y croyait dur comme fer.