Eden , prise par Lauren, circa 2019.
Higher - Tems
Lauren.
Suite aux instructions des autorités locales, nous étions tous deux rentrés de notre côté après avoir récupéré nos affaires. Je m'affaissais sur le siège en face de la télévision tout en lisant les gros titres. Mes pensées divaguaient , je commençais à penser à cette main ferme entourant mon poignet pour m'empêcher d'appuyer sur ce fameux bouton rouge. Je touchais ce poignet, il n'avait rien , ne serait-ce qu'une simple égratignure. "Barbelux : l'hôtel des faits divers" , j'étais attentive.
Plusieurs meurtres se seraient passés en l'espace de deux semaines seulement. Certains demandent même la fermeture de cette chaîne hôtelière. Bien entendu, toute la chaîne ne serait pas fermée, seulement l'hôtel parisien. D'autres se demandent comment cela pouvait se passer sous les yeux de tous. D'après ma propre théorie , certains des employés sont impliqués surtout avec le traitement de faveur assez étrange lors de ma première fois dans cet hôtel.
Je n'avais pas eu de messages de sa part, il était sûrement trop occupé. Dans sa bulle. A rédiger la première partie de son article avec les photos prises et son propre témoignage. Je me demandais mon rôle dans tout ce travail. Devrais-je? Devrais-je me demander ce qu'il fait? Ce qu'il occupe? Ce qui le frustre? Ce n'était sûrement pas le bon moment, nous avions tous deux vécus une soirée traumatisante. Je ne voulais pas l'interrompre dans son élan créatif ou encore pire, le déranger.
Je repensais au liquide écarlate sous mes pieds. L'odeur putride du sang séché. La manière dont celui-ci se collait au sol. Les traces de nos chaussettes sur les escaliers de couleur ivoire, marqué par la couleur de cet horrible évènement. La panique traversant mon corps à la vue de ce liquide suspect sortant de la porte d'en face. La main d'Eden sur mon poignet. Sa main sur mon poignet.
Allan avait raison. Je n'aurais pas dû lui envoyer un message ce soir-là. Je n'aurais pas dû accepter ses invitations. Je n'aurais pas dû continuer à garder le contact. J'étais indécise et maintenant, je suis confuse. Je ne sais pas si je l'aimais encore. Une part de moi s'est perdue dans son être. Cette relation à sens unique me comblait. Je pouvais essuyer tous ses refus, mon cœur reviendrait à la raison mais ce serait le seul homme à qui je penserais.
Les yeux rivés sur le téléviseur en face de moi. Le corps affaissé sur le canapé. J'étudiais les discours des interlocuteurs. Pendant que certains militaient pour la fermeture de cet hôtel parisien, d'autres pensaient qu'il faisait partie du patrimoine matériel de l'UNESCO. Je ne savais pas dans quel camp je me trouvais, ce n'était pas ce qui occupait mes pensées. Le nom Barbelux , autrefois synonyme de luxe et d'élégance, était à présent partout. En allant du meurtre passionnel jusqu'au proxénétisme, rien n'échappait à ce lieu mis à part les sanctions. L'hôtel Barbelux continuait de prospérer malgré sa réputation plus qu'entachée.
Le bruit de mon téléphone me retirait aussitôt de mes pensées. Mon cœur manqua un battement en espérant que ce soit lui. Ce n'était pas lui, c'était Allan qui voulait sûrement prendre de mes nouvelles. Je mis mon téléphone en mode avion et le reposait sur la table en verre en face de moi. Je me demandais une nouvelle fois ce que faisait Eden. Je secouais ma tête et posais mes mains sur mon visage. Je ne devais pas penser à lui. Je ne devais plus penser à lui.
Être amoureux est comme une maladie dont vous ne voulez pas guérir. Une maladie dont vous vous êtes habitué, une maladie qui vous conforte. Cette pathologie vous conforte, elle vous rend invincible mais si vulnérable. Vous êtes quotidiennement confronté à voir la vie sous un filtre rose, à idéaliser la personne avec laquelle vous voudriez continuer votre vie. Puis un jour, vous tombez. Vous orchestrez votre propre chute et la seule chose qui vous ramène à la surface est votre mémoire. Les souvenirs que vous aviez avec cette personne.
Toutes mes félicitations, vous avez organisé votre propre enterrement. En vous voyant habillées de blanc, vous avez fini vêtues de noir. Cet enterrement ne vous aura rien appris, car il fait parti du processus. Vous vous habituez au fait que chaque bonne chose termine mal mais vous gardez espoir. Espoir que cette personne vous appelle, espoir que cette personne prononce votre nom ne serait-ce qu'une seule fois. Espoir. Dé-espoir.
Alors, vous continuez à vous allonger dans vos propres désillusions. Ce matelas confortable fait de plumes et de mots doux et vous vous endormez. Au fond, vous ne souhaitez qu'une chose, vous réveiller. Rien n'y fait, ce matelas s'enfonce. Tout comme vous. Les cordes rouges ne se détachent pas mais elles brûlent vos poignets. Une étreinte forcée dont vous ne pouvez vous détacher. C'est le début de la fin, mais faudrait-il que vous le voyez.
Je désactivais le mode avion de mon téléphone, pour ensuite le réactiver, voyant une notification débile. Des gestes répétitifs qui témoignent de mon affection, ou plutôt de mon obsession. Je changeais de chaîne, en vain. Toutes les chaînes d'informations en continu n'avaient qu'un seul nom en gros titre : Barbelux. Je ne pouvais m'échapper de ce cauchemar. Je ne pouvais que l'accepter.
Tout comme cette soi-disant relation, je ne pouvais que l'accepter. Je doutais de ses sentiments pour moi. Je lui donnais le bénéfice du doute et ce durant des années. Un long soupir s'échappait de mes lèvres. Je ne m'étais pas encore démaquillée, bien que les larmes m'avaient facilité le travail. Je décide de me diriger vers la salle de bain et de me laver le visage.
Je ne voyais que du rouge une fois mes paupières fermées. Un rouge écarlate. Un rouge sang. Mon cœur se mit à battre soudainement très fort. Mes mains continuaient leur mouvements par habitude. Je me mettais du savon sur la main en espérant pouvoir expier mes pensées. Je rinçais mon visage. Je pris une serviette pour rincer celui-ci. J'expirais et inspirais plusieurs fois. J'essayais d'essuyer ce cauchemar de ma mémoire. J'essayais d'effacer cette étreinte de ma mémoire.
Je ressortais de la salle de bain. Mon téléphone retentit une seconde fois, je n'y prêtais pas attention. C'était sûrement Allan qui me parlait de l'énième fille qu'il a pu embrasser cette semaine, Mariam qui me parlait de son mec ou cette application pour suivre son cycle menstruel. Ce n'était pas Eden, j'en avais le cœur net.
Eden était sûrement beaucoup trop concentré sur l'écriture de son article. Boire du café entre trois cliquetis de clavier, continuer de bailler et lutter contre le sommeil pour pouvoir le finir. Faire un aller retour entre ses notes et les photos prises par son téléphone. A vrai dire, je n'en savais trop rien. Je voulais lui envoyer un message mais à quoi bon? Je ne voulais pas d'une relation à sens unique et était la seule chose qu'il m'apportait.
Eden
Tu dors?
L'amour a ses raisons que la raison ignore et ses raisons mèneront à ma perte.
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amours nocturnes
Literatura Feminina« Après tout , c'est pour ça que la nuit existe ». La chambre 305 , témoigne des horreur d'autrefois et d'aujourd'hui. Chambre de tous les drames : adultère , crime passionnel , féminicides , meurtre par prédilection , proxénétisme. Le soir de leur...