chapitre dix

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Eden & Faarah , à une soirée étudiante , circa 2017

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Eden & Faarah , à une soirée étudiante , circa 2017.

Demons (Interlude) - Christian Kuria

Eden.

André

Je ne sais pas pourquoi j'ai fais ça , 'mano.

Tu l'as déjà fais , assumes.

De plus , je pense que ça vous fera du bien de parler.

Je rangeais l'objet qui me servait de téléphone dans la poche droite de mon pantalon puis regardais la femme à côté de moi. Il m'arrivait souvent de penser à ce qu'on aurait pu devenir. Il était maintenant trop tard , elle avait sûrement un autre homme en tête. Quelqu'un qui la rendait heureuse , quelqu'un qui la connaissait comme sa poche. Cependant , il m'arrivait de me dire : «Pourquoi pas , moi? Ne suis-je pas à la hauteur?».

«Tu m'as l'air ailleurs? T'es sur que ça va? » , la voix de Lauren me sortit immédiatement de ces songes. Nous étions devant la porte de l'hôtel , face à face. Il y'avait tellement de choses que je voulais lui dire , des choses que j'avais omise , des fautes commises dans le passé. Je hochais la tête rapidement puis nous entrions dans les lieux , comme de rien était. J'en ignorais même mes palpitations cardiaques. Pourquoi me rendait-elle nerveux?

Ce n'était pas la première fois que je mettais les pieds dans cet endroit. Je le connaissais déjà. Cependant , j'étais loin d'être un habitué de cette chaine hôtelière. À l'apparence luxueuse de par son nom , la chaîne hôtelière parisienne Barbelux était le centre de tous les problèmes. Cet hôtel du onzième arrondissement de la ville de l'amour , avait un intérêt très particulier pour tous les genres de faits divers.

 Il ne se passait pas un jour sans que quelque chose ne se passait à l'intérieur.  Nous nous approchions de la réceptionniste , la même que Lauren eut croisé quelques semaines avant.

- C'est pas vrai , c'est un cauchemar? Il a fallu que ce soit elle? Je me suis déjà assez tapé la honte comme ça. chuchota t-elle.

- Ne dis rien , je m'occupe de tout.

Cette dernière soupirait. Je ne sais pas à quoi celle-ci s'attendait , je n'allais quand même pas l'embarrasser devant tout le monde. Le nom de la demoiselle était inscrit sur son badge , accroché à son petit gilet vert. Faarah. En me voyant , ses yeux s'écarquillèrent de joie , elle m'avait l'air familière.

- Eden?  s'exclama t-elle.

- Mais non? Faarah?  Je savais pas que tu travaillais ici , ça fait super longtemps. Tu dates , tu deviens quoi?  dis-je à mon tour.

Faarah était l'une de mes anciennes conquêtes. Nous n'avions pas essayé de poursuivre une relation après nos nombreuses «activités nocturnes» comme elle le disait si bien. Une soirée plutôt arrosé en boite de nuit était notre lieu de rencontre. Après une vingtaine de minutes de corps à corps passées sous l'éclairage coloré des sanitaires , j'avais appris à la connaître.

Contrairement à la mienne , sa famille était plutôt aisée. Elle connaissait les endroits les plus huppés de la région parisienne et avait une sphère amicale restreinte et du même statut social que le sien. Faarah n'avait pas honte de le cacher. Celle-ci ne fréquentait pas des personnes du rang social inférieur au sien. Cependant , malgré ses tendances classistes se trouvait une femme ambitieuse et en harmonie avec sa propre personne.

- J'ai arrêté mes études de droit qui ne m'avaient pas du tout plus pour poursuivre dans l'hôtellerie, je suis en formation pour devenir manager et je prends parfois le rôle de réceptionniste. ricana t'elle.

- Content que la vie te traite bien alors. rétorquai-je d'un ton enjoué.

- C'est madame? Tu ne me l'as pas présenté. dit-elle en regardant la femme à mes côtés. C'était lui que vous veniez voir la dernière fois , n'est-ce pas?  lui demanda t-elle accompagné d'un clin d'oeil.

- Lâches là un peu , tu ne la connais pas. ripostai-je.

- Oh ça va , je la taquine un peu. Ou alors c'est ta conquête de ce soir?  continua t-elle.

- Faarah! m'exclamai-je de manière agacée.

"Je vais t'attendre devant l'ascenseur , je suis fatiguée" , Lauren prit sa valise et s'éloignait. Pendant que j'essayais de lui hurler de revenir , Faarah était éprise d'un léger rire étouffé sous ses mains.

- C'est vraiment pas drôle.

- Rassures-toi , je n'essayais pas de l'être. Comment tu veux avoir une relation stable alors que dès que tu croises une fille , tu peux être sur d'avoir déjà tapé dedans?

- Tu penses que je me suis tapé toute les filles de Paris?

Elle réarrangeait le foulard qu'elle avait au cou à l'aide de ses doigts fraichement manucurés de couleur rouge. Elle disait adorer cette couleur car c'était la couleur préférée de son père. Tout comme son géniteur , Faarah aimait le pouvoir et elle était prête à tout pour l'avoir. Elle passerait par tout sorte de chemin si celui-ci lui donnait ce qu'elle voulait. La rumeur est telle que son père aurait fait de la sorcellerie pour pouvoir rester aux pleins pouvoir aussi longtemps.

- Le passé finit toujours par nous rattraper , Eden. Je pense qu'elle a comprit que tu couchais déjà avec moi dans le passé , je suppose qu'elle ne va pas tarder à en voir d'autres.

- Ce n'est pas vraiment son problème , on a jamais été ensemble.

- Peut-être bien mais cette femme t'apprécies un minimum. Au lieu de continuer à m'écouter parler , elle a préféré se préserver avant d'en entendre plus. Je sais pas vraiment si c'est pour garder une image propre et clean de toi...

- Encore une fois , avec qui je couche et je ne couche pas n'est pas du tout son problème. lui coupai-je la parole. Tout comme avec qui elle couche n'est pas le mien , ce n'est pas non plus le tien.

«La verité blesse n'est-ce pas?» , elle finit par me tendre les deux cartes pour accéder à la chambre que nous avions réservé. Je les prirent et me retourner sans le moindre remerciement ni le moindre « À bientôt ». Elle n'avait pas tort , le passé finirait par me rattraper. Lauren et moi n'avions jamais eu une relation quelconque pour que ceci soit un problème.

Je la rejoignais devant l'ascenseur. Elle lisait un article sur son téléphone. « C'est toi qui a rédigé ça? J'aime bien. » , dit-elle pour changer de sujet. J'aurais aimé pouvoir m'expliquer mais je connaissais Lauren , elle m'aurait sûrement déjà coupé la parole avant même d'avoir commencé. Je lançais un "Merci" timide puis me dirigeais vers l'ascenseur avec la belle femme à mes côtés. 

Cette interaction? J'en avais honte. Non pas que j'avais honte de mon passé , à vrai dire , j'avais peur que sa vision de moi change. En deux ans , tout peut changer. En deux ans , on peut se croiser dans un ascenseur et tout recommencer.

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