Chapitre Tolis : Veux-tu bien m'oublier ?

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L'objet que je tenais entre mes doigts me glissa des mains et se fracassa violemment contre le sol, le cadre se brisant, des morceaux s'éparpillant aux alentours. Je clignai des yeux, éberlué, et ne sachant quoi faire pendant quelques minutes, fixant bêtement la photo comme un poisson hors de l'eau. Je secouai brusquement la tête, reprenant mes esprits. Je me baissai alors et commençai à ramasser les bouts de verre éparpillés.

La sonnerie retentit brusquement, me sortant du travail dans lequel j'étais plongé. Toutefois, je me dépêchai d'en récupérer le plus possible et de les jeter à la poubelle, rangeant la photographie au passage dans un tiroir, avant de me diriger vers la porte. Un sourire tendre prit place sur mon visage en voyant qui m'attendait.

« Ah... Tolis, je..., débuta la personne gênée, serrant son sac contre elle, remettant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille, un tic de sa part lorsqu'il était mal à l'aise.

- Solène, je pensais que tu viendrais plus tard. Mais ne t'inquiète pas, entre, fais comme chez toi, invitai-je doucement en lui tendant la main.

- Je... Tu es sûr ? Tu es sûr que cela ne te dérange pas que je vienne vivre chez toi ?, s'enquit-il d'un air inquiet.

- Bien sûr que non Solène, tu peux y rester autant de temps que tu veux, arguai-je en rabaissant ma main.

- Je vais éviter de squatter ta maison jusqu'à la fin de mes jours, répliqua-t-il avec humour, reprenant un peu plus confiance.

- Ça ne me dérangerait pas. Tu es mon frère Solène. Et je le fais non pas par obligation ou devoir mais parce que je t'aime en tant que grand frère, c'est tout », expliquai-je calmement, m'effaçant alors pour le laisser passer.

Sa bouche fit des « ô » de surprise avant de finalement entrer à l'intérieur. Je fermai la porte et me tournai pour le voir, debout dans le vestibule, ne sachant où se mettre.

« Solène, tu peux te mettre à l'aise. Viens, je vais te conduire jusqu'à ta chambre », fis-je en lui tendant à nouveau la main.

Cette fois-ci, il la saisit timidement et me suivit jusqu'à l'étage, le guidant jusqu'à la chambre d'amis où il logerait.

Alors qu'il rangeait ses affaires, je me décidai à entamer le sujet fâcheux :

« Alors... je... Tu es sûr Solène... de vouloir venir témoigner au procès demain ? »

Il s'arrêta dans son action, étant dos à moi. Je l'entendis respirer doucement avant de se tourner vers moi.

« Je... J'ai peur Tolis... pour être honnête. Non, je suis terrifié même... mais..., m'avoua-t-il, tremblant délicatement.

- Tu n'es pas obligé de venir, lui soufflai-je doucement en venant l'enlacer de manière affectueuse.

- Mais... Si, je vais venir... Je ne veux plus fuir Tolis. Plus jamais. Je veux qu'il obtienne ce qu'il mérite. Je veux qu'il soit condamné pour ce qu'il a fait, murmura-t-il en me serrant à son tour.

- Je serai là pour te soutenir, affirmai-je en resserrant ma poigne autour de lui.

- Je sais... Et c'est pour ça que j'y vais. Parce que vous serez là, avec moi. Je ne serai plus seul », me sourit-il tendrement en retour.

Et sur ces mots, il me lâcha et retourna reprendre son occupation.

Je m'appuyai contre le chambranle de la porte et fermai les yeux, réfléchissant.

Mon frère.... Avait vraiment changé. Et dans le sens positif du terme. Il avait appris à se relever et à s'affirmer. Tout ça, c'était sûrement grâce à ce Soliès. Je ne pouvais lui en être que redevable.

Réincarnation d'une auteur schizophrèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant