Chapitre 14 : La Fondation

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Le camion qui transportait les prisonniers particuliers roulait depuis plusieurs heures maintenant. Jack et Sarah étaient épuisés et Lola dormait paisiblement proche de la sécurité que lui offraient ses parents. Il est important de préciser qu'ils étaient tous menottés par une sorte de gros tubes blancs, qui recouvrait la majeure partie de leurs bras, et qui avait pour spécialité de supprimer toutes les capacités particulières de leurs victimes.

Ils étaient cinq dans le véhicule, il y avait aussi un vieil homme, qui semblait triste et morose. Il n'avait pas dit un seul mot depuis le début du trajet, et paraissait avoir reçu de nombreux coups et blessures lors de son arrestation. À côté de lui, une femme qui devait être à peine plus vieille que Sarah était assise en regardant fixement le vide. Elle paraissait, elle aussi, totalement déboussolée, perdue, certainement à cause du traumatisme qu'a dû lui procurer son arrestation. Jack reconnut les différents tatouages qu'elle avait sur le bras : c'étaient ceux que portaient les particuliers roses, qui mettaient en scène des racines et un arbre majestueux, symbole de l'Ecclésia.

- Alors, que vous est-il arrivé ? amorça Jack pour tenter d'ouvrir une discussion.

Aucune réponse ne lui vient des deux étranges personnages.

- Madame ? insista Jack en s'approchant.

Il eut instantanément le souffle coupé lorsque la femme se leva et l'attrapa à la gorge. Elle le toisa froidement. Sarah se redressa et planta rapidement le bout d'une de ses griffes dans la gorge de la femme, ce qui la fit lâcher le pauvre Jack, qui s'écroula sur le sol. La mystérieuse femme se tourna vers Sarah, puis se rassit et replongea dans ses pensées. Jack se releva difficilement en étant bien conscient qu'il valait mieux pour le moment éviter de tenter un contact avec une brute pareille. La ville laissa place à la campagne, une campagne bien déserte, il fallait le dire, car rien ne semblait pousser dans cette étrange région.

Quelques heures plus tard, la joyeuse troupe arriva finalement face à un complexe gigantesque, dans lequel plusieurs bâtiments s'entrecroisaient, comme une sorte de très grosse prison de haute sécurité. La rumeur qui disait que ceux qui entraient ici n'en ressortaient jamais apparus alors comme plus que justifiée. Les soldats les firent descendre, en beuglant quelques jurons au passage à leur égard. On les amena dans une salle gigantesque avec des tables et des chaises, qui pourrait être une sorte de grande cantine pour les détenus. Jack s'assit tranquillement, le vieux partit en direction de la cour, et la femme s'approcha de Sarah et lui murmura :

- Tu me plais toi, on devrait faire équipe tous les deux, avant de lui glisser un petit papier dans la poche.

Lola était la seule de toute la prison à n'avoir pas de menotte, car il n'y avait aucune menotte adaptée à sa taille, ce qui signifiait en théorie qu'elle pouvait utiliser ses pouvoirs si elle le souhaitait, mais les soldats n'étant pas fous, ils contrôlaient tous les faits et gestes de cette dernière qui tremblait toujours de peur face à ce qu'elle était réellement.

Sarah ouvrit le papier que lui avait glissé la mystérieuse femme, il était écrit : Rejoins-moi ce soir à minuit, vient seule si c'est possible, ne les laisse pas te prendre.

Jack voulut commencer à expliquer sa stratégie nouvellement élaborée, mais fut interrompu par l'entrée de deux individus dans sa vision périphérique. C'était une femme qui semblait très mal en point, qui était suivie d'un jeune homme jeune et rigoureux, un jeune homme qui ressemblait étrangement à...

- Alex ?!?, s'écria Sarah.

Alex se tourna vers son amie, il avait le visage froid, mais s'approcha de la table avec sa compagne qui ne pouvait être que...

Desti... murmura Jack.

Ils paraissaient beaucoup plus vieux, surtout Desti, mais surtout, ils dégageaient la même impression que faisait le vieux dans le camion, une impression de mort et de douleur. Alex commença à expliquer qu'ils étaient ici depuis plusieurs années, qu'ils avaient été interrogés, puis torturés, puis interrogés encore, et qu'ils avaient fini par perdre goût à la liberté et à toute forme de bonheur. Jack le rassura en lui promettant qu'ils allaient tous les cinq sortir d'ici vivant et en bonne santé. C'est à ce moment-là qu'Alex et Desti remarquèrent la petite fille toujours endormie dans les bras de Sarah qui semblait aussi jolie qu'innocente.

- Tu ne comprends pas mon vieux... répondit Alex doucement. Bientôt, ils viendront chercher ta fille, puis ta femme, puis ils t'enlèveront tout ce qui est cher à tes yeux... Cet endroit, c'est l'enfer sur la terre... et la plupart des particuliers qui arrivent ici ne tiennent pas longtemps. Ils torturent les hommes et font des choses encore pires aux femmes, des choses obscènes dont je n'ai pas envie de parler. Celui qui s'occupe d'appliquer les sentences à Desti c'est... l'Agent 735.

En entendant ce numéro, le corps de Desti se raidit comme pour signifier un fort rejet de tout ce que cet homme représentait pour elle, l'acteur de violations de sa vie privée si nous pouvons le formuler ainsi. Jack comprit alors qu'il devait vite trouver un plan pour les sortir de là, mais il demanda tout de même un peu de temps au groupe pour étudier la structure du bâtiment et développer un réseau important d'alliés.

- Je connais deux ou trois types plutôt sympas qui pourraient nous être utiles, dis-moi quand tu veux les rencontrer, dit Alex à Jack.

- Merci beaucoup pour ton aide mon ami, je ferais de mon mieux, je te le promets, répondit Jack.

- Ne me remercie pas, j'ai perdu espoir depuis longtemps, mais si tu crois pouvoir le faire, je t'aiderai du mieux que je peux mon frère. D'ailleurs, pendant que je marchais tout à l'heure, j'ai croisé un vieux et une rose qui m'ont fait forte impression, vous vous connaissez ?

- Pas vraiment, ils étaient dans le même camion que nous, et n'étaient pas très ouverts à la discussion apparemment.

- Je sais ce que nous allons faire, affirma Sarah. Je vais essayer de créer des liens avec les deux brutes pendant que Jack élabore le plan d'évasion. Alex récupère ses contacts et Desti essaye de tenir le coup, je t'en prie...

Aucune réponse ne lui vient de la femme qui paraissait comme morte.

- Et pour Lola ? continua Jack.

- Tu n'as plus à t'en occuper, regarde qui arrive pour arracher un enfant à ses parents.

Trois hommes venaient de faire irruption dans la pièce. Un grand barbu avec une matraque électrique et un petit rabougri qui semblait aussi intelligent qu'une huitre qui aurait un peu trop pris le soleil encadraient un homme, avec les mains menottées, qui n'avait pas l'air beaucoup plus guilleret que notre joyeuse troupe.

- PLACE, hurla le grand. PLACE au tuteur !

Les hommes s'approchèrent de la table, et le petit désigna Lola du doigt en hurlant :

- C'est celle-là ta petite protégée maintenant ! Tâche d'en prendre soin !

Lola se réveilla en sursaut et adopta tout de suite une posture défensive.

L'homme s'approcha de Sarah pour récupérer le bébé, Sarah releva la tête et sursauta :

- Toi ?!?

L'homme leva également les yeux et répondit ahuri :

- Vous ?!?

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Plus tard, Jack était dans sa cellule, au milieu de la nuit et serrait contre son cœur le petit coquillage que lui avait donné sa mère des années auparavant. Il ne savait toujours pas à quoi il pouvait bien servir, mais il pressentait que cet objet aurait un rôle majeur dans les prochaines semaines. Il espérait que quelque part sa mère le regardait, et qu'elle était fière de l'homme qu'il était devenu. Il tourna la tête à nouveau et se rendormi serein, car désormais, il avait un plan.








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