Chapitre 62 - Archibald Wentworth

50 6 16
                                    


Combe Martin

Dans la nuit du 11 Avril

Les battements de son cœur résonnaient jusque dans sa boîte crânienne. Il était certain d'avoir entendu un coup de feu, au loin. Il roula sur le côté et passa la tête en dessous, vers le matelas de fortune de Levi :

— T'as entendu ?

Il entendit son camarade remuer un peu, en dessous. Ses murmures lui parvinrent dans le silence relatif du hangar :

— Oui.

— Tu crois qu'Isaac est revenu ?

— Possible.

Le bâtiment grinça sous l'énième assaut du vent, mais tint bon. D'autres prisonniers s'agitèrent dans leur sommeil. Le silence était retombé sur le camp et ses environs. Il fallait qu'ils sortent. Avant que les lycanthropes ne débarquent dans le hangar. Archie sauta avec souplesse de sa paillasse, Levi le retint par le bras et lui murmura :

— Tu comptes faire quoi ?!

— Je vais jeter un œil.

— T'es malade ou quoi ?!

— j'resterais pas à attendre que John me livre en pâture aux vampires, ok ?

— Archie !

Le jeune chasseur ne l'écoutait déjà plus. Il se dirigea à pas feutrés vers la trappe de fortune qui leur servait de sortie. Kitty glissa doucement sa main dans le creux de son bras alors qu'il s'afférait à dégager le passage. Sans un mot, elle plongea ses yeux fatigués dans les siens. Archibald la serra contre lui. Il lui glissa, à voix basse, après avoir embrassé son front frais :

— Je reviens.

— Promis ?

— Promis !

La petite le lâcha, à contre-cœur. Les rayons de la lune qui perçaient au travers des percées dans la toiture dévoilait la mine boudeuse de l'enfant. Archie ébouriffa encore un peu plus la tignasse de la jeune fille dont les boucles s'étaient transformées en sac de nœud. Il s'engouffra dehors après avoir vérifié que la voie était libre.

Son instinct le guida vers les arbres environnants. La tension dans l'air était palpable. Jared, au loin, aboyait des ordres. Sans qu'il ne puisse l'expliquer, Archibald sentait Newton tressaillir. Il anticipait avec une excitation non dissimulée le combat.

Ne t'excite pas trop gros malin, on est désarmé.

Il y a toujours ce qu'Isaac nous a laissé.

Newt' n'avait pas tort. De ses bras parcourus de cicatrices, il écarta les branches basses et se faufila un peu plus loin jusqu'à arrivée dans le bois. Le chemin jusqu'à la clairière lui était familier. Lorsqu'une branche sèche craqua sur sa gauche, un frisson le parcourut. Son visage pivota dans un mouvement mécanique vers la source du bruit.

Un des surveillants fraîchement arrivés sur le camp le fixait, la bave aux lèvres. Un grondement sourd émanait de sa gorge. Sa fourrure hirsute dégageait une odeur fétide qui lui donnait envie de rendre son dernier repas.

Je n'arriverais jamais à le semer, à pied.

En réponse à la demande implicite, Archibald senti la présence de Newton enfler dans son corps. Une sensation de légèreté l'envahit. Les éclats dorés dans ses yeux firent frissonner la bête face à lui.

Les secondes s'égrainaient avec lenteur. Le loup semblait hésiter, tiraillé. Les cris sur le camp se faisaient plus nombreux. Les armes qui patientaient toujours dans le chêne lui devenaient indispensables.

L'Héritage du Chasseur : Le Loup parmi nous.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant