L'Héritage du Chasseur : Le Loup parmi nous.

Chapitre 55 - Faith Blair

Chapitre 55 – Faith Blair

Londres

18 mars

Les talons de ses cuissardes claquaient de manière irrégulière sur le sol. Faith se dirigeait vers la grande salle où se tenait la « Grande Assemblée ». C'était la première fois qu'elle participait à ce genre d'évènement au sein du clan. Tous les décisionnaires y participaient. D'après Geoffrey, il s'agissait surtout d'un semblant de diplomatie orchestrée par Thomas. En donnant la sensation aux anciens vampires d'avoir du poids dans la grande alliance vampire.

L'idée arracha un sourire à la jeune immortelle. Elle avait pu observer depuis son passage de l'autre côté un trait commun à de nombreux immortels : un goût prononcé pour les complots et la trahison. Le tout déguisé sous un masque affable et charmant.

Ses ongles parfaitement manucurés pianotaient furieusement dans le creux des paumes de ses mains. Elle avait un quart d'heure d'avance, c'était comme si elle était en retard. Tous ces vieux machins seraient déjà installés dans leur siège confortable. Tellement que parfois certain s'y endormait. À croire que même les vampires deviennent séniles. Si son corps le lui avait encore permis, Faith serait en sueur. Il y avait certain avantage à cette petite mort. L'économie sur l'anti-transpirant en faisait partis.

Ses pas la conduisirent jusqu'à la double porte en bois massif. Comme une douleur fantôme pour un amputé, Faith pensait sentir des palpitations dans sa poitrine. La vampire hocha la tête de gauche à droite et posa ses doigts frais sur son cou, dans un vieux réflexe. Pas de pouls. L'inverse aurait été surprenant. La vampire se sentait pourtant si vivante qu'elle en oubliait son trépas.

Faith inspira profondément, retint son souffle puis expira en espérant se délivrer d'un peu de stress. Ce ne fut que moyennement efficace. Résolue, elle pénétra dans la pièce où l'attendaient déjà Thomas et Geoffrey.

Les autres Vampires ne vivaient pas nécessairement au manoir. Certains préféraient la tranquillité de la campagne britannique, où les disparitions d'un Homme ou deux ne choqueraient personne. Le sang artificiel avait ses limites, en termes de satisfaction de la soif. Tout le monde en avait conscience, personne ne disait rien. Pas vu, pas prit.

Geralt, non loin de Thomas, la dévisagea. Fluet, guindé, crispé, vieux Il avait presque l'air aussi maniéré que lui.

D'autres vampires l'imitèrent. Elle n'en connaissait que quelques-uns, desquels elle avait plus entendu parler que réellement rencontré. Des présentations brèves et cordiales, tout au plus.

— Ma très chère Faith, nous n'attendions plus que toi.

— Désolée, Thomas, je n'ai que treize minutes d'avance.

Geoffrey pouffa. Faith vit pour lui la réaction des autres. Il savait qu'elle gérait mal la pression et s'en amusait, ouvertement. Sa disciple lui aurait bien lancé une pique de son cru. Le moment lui sembla inopportun.

Une fois les dix vampires assis autour de la table, Thomas se racla la gorge et posa sa joue osseuse dans le creux de sa main droite. Ses longs doigts fins pianotaient calmement sur sa peau laiteuse :

— Madame, messieurs, je vous ai réunis ce jour pour faire le point sur les agissements de certains lycanthropes. Tous appartiennent à la meute de John Lovelace, qui semble décidé à dépasser les bornes.

— Es-tu certains de ce que tu avances, Thomas ?

Un vampire au teint grisâtre et aux yeux cernés lui avait coupé la parole. Thomas lui lança un regard courroucé, frustré d'être ainsi interrompu. Les iris dorées du chef de clan n'impressionnèrent guère celui qui répondait au nom d'Arcadius. L'un des plus anciens du clan, qui avait combattu à ses côtés durant la première guerre inter espèces. Ses cheveux noirs ondulaient jusqu'à ses épaules massives. Un sourire provocateur naquit sur son visage et Thomas préféra l'ignorer, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Il était cependant sage de ne pas sous-estimer celui qui était sorti vainqueur des nombreuses batailles menées.