L'Héritage du Chasseur : Le Loup parmi nous.

Chapitre 60 - Lafayette Wentworth

Dans la campagne du Devon

Le matin du 7 Avril.

Tenir en place n'avait jamais été son truc. Attendre le retour de deux idiots qui n'en font qu'à leur tête, encore moins. Isaac avait toujours eu un côté tête brûlée. Lui et son frère avaient au moins ça en commun. Mais... Jacob ? Lui qui était rationnel, posé, responsable... Difficile de croire qu'il s'était tiré en douce avec son cousin pour filer droit dans la gueule du loup.

Cramponné à son téléphone, Lafe patientait, la gorge nouée et la boule au ventre. Il redoutait de recevoir un nouveau message de la part de John Lovelace. Et s'ils se faisaient prendre ? Tout serait perdu... Archie, Levi, Lottie... Mais aussi Isaac, Jake et Mona.

Il s'était démené pour négocier avec John une sécurité relative. Le loup blanc avait exigé d'eux qu'ils se tiennent à carreau jusqu'à la fin de mois, le temps qu'il termine sa transaction avec Thomas Blair.

Ce qui signifiait livrer Archibald en pâture aux vampires. Isaac avait fortement protesté. L'idée ne l'enchantait guère également. Archie était un membre de sa famille, une personne chère à son cœur, au même titre que Mona. D'un autre côté, l'esprit gardien le protègerait très probablement de la menace.

Cette suggestion avait fait vriller son cousin. Jacob avait également trouvé ce mode de réflexion déplacé. Si pour le premier il s'agissait simplement d'affect, concernant Jake, il considérait Archie comme un meilleur atout que Mona.

Ils s'étaient donc mis d'accord pour réfléchir à une solution, tous les trois, avec le répit qui leur avait été accordé. Pas que ces deux crétins filent en douce en pleine nuit dans son dos.

La douleur dans sa cage thoracique le rappela à l'ordre lorsqu'il inspira trop fort. Jacob avait été lui récupérer de quoi immobiliser sa cheville. Il pouvait au moins marcher un peu. Pour ses côtes cassées, en revanche, il n'y avait pas grand-chose à faire, dans l'immédiat.

Assis sur le perron de la maison vide qu'ils squattaient, perdue au milieu de la campagne du Devon, Lafayette aperçut au loin la silhouette d'un véhicule. De son véhicule. Son cœur tambourinait de manière irrégulière dans sa poitrine. L'anxiété faisait galoper son palpitant, presque autant que la colère. Ses dents malmenèrent un moment sa lèvre inférieure tandis qu'Isaac s'extirpait du siège passager. Jake, lui, mit un peu plus de temps à sortir. Tout deux semblaient épuisés, mais sain et sauf.

Lafe expira une fois plus fort pour laisser échapper l'angoisse qui habitait son corps. Son portable n'avait pas vibré, pas une seule fois.

Une fois à sa hauteur, Isaac se laissa choir à ses côtés sur les premières marches de la terrasse en bois de la maison. La jambe valide de Lafayette s'agitait nerveusement. Isaac cherchait son regard. Il l'évitait. L'appréhension de ce que son cousin pouvait avoir à lui dire prenait le dessus.

— Lafe, ça va. Aucun lycan ne nous a repéré.

— Et c'est plutôt un miracle.

Jacob, toujours debout, se dandinait d'une jambe sur l'autre. Ce ton sarcastique ne lui ressemblait pas. Lafe releva enfin les yeux vers ses deux camarades.

— Est-ce qu'au moins votre connerie à servie à quelque chose ?

— Ils sont en vie. Tous les trois.

Le soulagement se peignit sur son visage. Tout n'était pas perdu. Le pire pouvait encore être évité.

— Par contre, Lottie ne tiendra pas un mois de plus.

La lèvre supérieure de Jake tressauta. Le cœur de Lafe loupa un battement. Il l'ignora. Isaac poursuivit :

— Et... ils transforment des prisonniers en lycan.