L'Héritage du Chasseur : Le Loup parmi nous.

Chapitre 42 - Jacob Miller

Durleigh

02 Décembre

Jacob ne supportait plus de vivre dans ce manoir. Il ne supportait plus la folie de John. Il ne supportait plus la violence de Jared. Il ne supportait plus les râles des vampires capturés, torturés, affamés.

On lui avait ordonné de leur injecter, à petite dose, du sang de lycanthrope. Le problème ? C'est une drogue pour les vampires. Aussi addictive que mortelle. Un puissant stimulant qui les plonge dans un état de frénésie intense. Il leur devient ensuite impossible d'étancher leur soif.

Qu'est-ce que John veut faire d'eux ?

Jake avait entendu Jared ordonner de lâcher l'un d'eux en plein Londres, un vendredi, dans la nuit. Un frisson lui parcourut l'échine rien qu'à imaginer le carnage que ça avait dû être. Même les lycans qui l'avaient accompagné n'étaient jamais revenus. C'était d'ancien prisonnier de Combe Martin que Lottie avait sauvé de la mort, juste à temps.

Quel gâchis !

John avait complètement changé son fusil d'épaule. Jacob ne le reconnaissait plus. Faire travailler des humains jusqu'à la mort ou presque, les transformer en lycans, leur faire faire le sale boulot... pour les laisser mourir, à nouveau ?

S'il avait suivi John, et surtout Lottie, c'était dans l'optique de se rendre utile, de sauver des vies... De changer l'image des lycanthropes... d'espérer un peu plus de tolérance entre les espèces...

Il est en train de tout foutre en l'air !

Sa mission du jour consistait à piquer les derniers vampires arrivés. Il n'en avait pas envie. S'approcher d'eux, dans cet état, le terrifiait. Jacob supportait mal la violence. Il avait été battu pendant bien trop longtemps pour vouloir infliger la même chose à autrui.

Alors qu'il approchait des cellules individuelles du deuxième sous-sol, il entendit la voix de Jared et John. Jake s'engouffra dans l'une des cages avec sa roulante et son matériel. Il tendit l'oreille :

— Attend que Jacob ait finit de traiter les derniers arrivés, tu prépareras ensuite l'offensive sur Edimbourg.

— Combien j'en emmène ?

— Tous. Ce sont des chasseurs expérimentés, on ne prend pas de risque. Je viens avec vous.

— John, t'es pas sérieux ? On ne peut pas prendre ce risque. Déjà avec les Wenthworth c'était co...

— Jared.

— Bien John.

— Jacob ?

L'infirmier sursauta lorsqu'il entendit son prénom dans la bouche du chef de meute. Il termina son injection en vitesse, esquiva de peu les crocs du vampire qu'il venait de piquer puis sortit de la cage. Il se tourna une dernière fois vers le vampire qu'il venait de « traiter ». L'expression d'extase sur son visage, la mousse à ses lèvres et les tremblements qui parcouraient son corps lui retournèrent l'estomac. Il ne voulait même pas savoir le sang de qui, exactement, il venait de lui injecter.

Jake se hâta dans le couloir, et approcha de John, son masque d'indifférence sur le visage.

— Oui, Monsieur ?

— Je t'ai déjà dit de m'appeler John, mon garçon.

— T-Très bien, J-John...

— Quand penses-tu avoir terminé avec ceux-là ?

— Il m'en reste sept à traiter.

— Bien, tu iras t'occuper des dix qui viennent d'arriver ensuite. Il faut qu'ils soient prêts pour dans une semaine.