Chapitre 4 : Telles des femmes civilisées

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Attablés au restaurant, la conversation avait pris une toute autre tournure lorsque les Kane avaient suggéré la création d'une école à Faye. Or, il ne fallait pas le lui dire deux fois. C'était décidé, elle allait trouver un moyen de mettre à bien ce projet. Pourtant, une ombre planait au-dessus d'elle. 

- Mais Lowell Byers n'acceptera jamais, n'est-ce pas ? Reprit la jeune femme, finalement investie dans cette cause.

- Il acceptera, si tous les habitants de la ville s'y mettent et qu'il ne puisse plus avoir son mot à dire. Répondit Alexander.

- Pourquoi ne pas faire passer une pétition ? Suggéra la comédienne.

- Mais oui ! C'est une excellente idée ! S'enquit Faye en tapant sur la table.

Les Kane se mirent à rire de l'engouement de la jeune femme pour une cause qui lui tenait à coeur. Faye se racla la gorge, gênée que ses côtés brutaux ressortent.

- Je propose qu'on aille en parler au Conseil de la ville, au plus vite. Qu'en dites-vous, Faye ? La questionna Daisy.

- Je suis partante. Les enfants de cette ville ont besoin d'une école.

Le dîner s'acheva ainsi sur un ton de défi, de combat et de détermination. Faye voulait voir une école se construire à Spring Valley. Elle le voulait plus que tout au monde, et elle était prête à l'obtenir, par tous les moyens.

Lorsque les Kane partirent, le Café était presque vide. Il était déjà tard et les habitants de Spring Valley n'étaient pas vraiment des insomniaques. Faye se frotta les yeux ; elle aussi, commençait à tomber de sommeil, et l'idée de cette école lui trottait désormais en tête.

Un raclement de gorge l'arracha à ses pensées. Elle leva ses yeux et retrouva le shérif devant la table, son chapeau dans sa main.

- Avez-vous passé une bonne soirée ? Il lui demanda tandis que la jeune femme se leva.

- Très bonne. Et vous ? Votre ami n'a pas pu venir ?

- Vous m'espionnez ? Rit-il alors qu'ils passèrent la porte ensemble.

- Je n'ai même pas eu cette peine.

L'air frais de cette belle soirée d'été rafraichissait Faye, qui parfois se sentait étouffée. Dean reposa son chapeau sur la tête, et tous les deux se dirigèrent vers la prison.

- En réalité, Gordon est mon ami. Je passe souvent mes soirées au Café. Quand il y a peu de monde, nous discutons de choses et d'autres... Se livra le shérif. D'ailleurs, j'ai évoqué avec lui votre recherche de logement. Il possède plusieurs chambres inoccupées en haut du Café. Nous en discuterons demain.

- Vous dites vrai ? S'exclama Faye en sautillant sur place.

- Pourquoi mentirais-je ?

Le coeur de Faye était à deux doigts d'imploser. Un trop pleins d'émotions positives qu'elle n'avait jamais connues, de sentiments nouveaux et de nouvelles perspectives de vie chamboulaient la jeune femme.

- Cette journée était parfaite, du début à la fin. Souffla-t-elle en soupirant d'apaisement. Bientôt, je pourrais vivre décemment, je pourrais gagner de l'argent et trouver enfin un sens à ma vie.

- Vous avez déjà trouvé un travail ? Vous êtes rapide ! S'enquit Dean en riant.

- En réalité, ce n'est encore qu'un projet, mais j'espère qu'il pourra se concrétiser.

- De quoi s'agit-il ? Lui demanda-t-il alors qu'ils arrivèrent à la prison.

Cela n'enchantait pas Dean Hooper, de laisser cette jeune femme seule dans une pièce si lugubre, si impersonnelle et si fraîche. Mais il n'y avait pas d'autre option – en tout cas, pas pour le moment.

Le blizzard a cédé sa place au printemps (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant