Chapitre 26 : On ne doit pas baisser les bras pour une désillusion

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Quelques jours s'étaient écoulés à une cadence effrénée, au cours desquels tout était rentré dans l'ordre. Martin Garrison avait entamé son travail à la mine, et les jumelles avaient recouvré pleinement leur santé. La famille était désormais réunie, vivant des jours meilleurs.

Faye avait passé son temps au Café, prêtant main-forte à Gordon qui peinait à gérer seul la cuisine. Elle n'avait croisé ni Dean, parti pour quelques jours à Denver pour affaires, confiant la garde de Lottie à Daisy et Alexander qui veillaient sur elle avec la plus grande attention, ni Charlie. Depuis qu'il lui avait offert les fleurs, Faye redoutait le moment où leurs chemins se croiseraient à nouveau.

Finalement, pendant trois jours, Faye s'était confinée dans la cuisine du Café, appréhendant le moment où elle irait consulter Lowell Byers pour obtenir une réponse concernant son projet. Gordon n'avait cessé de lui rappeler l'importance de s'y rendre, tandis qu'elle haussait légèrement les épaules en guise de réponse. Son esprit était troublé, et cette inquiétude la rongeait de l'intérieur. Pourtant, Gordon et Nettie étaient unanimes : Lowell allait faire construire l'école, cela ne faisait aucun doute !

Alors, pourquoi l'institutrice était-elle si angoissée à l'idée de se rendre à la mairie ? Peut-être se tourmentait-elle pour peu de chose, comme elle avait souvent tendance à le faire.

- Vous ne saurez jamais si vous n'y allez pas ! Gronda Gordon d'un ton sévère.

- Et si cela ne se passe pas comme je l'espérais ?

- Dans ce cas, vous reviendrez ici, et nous trouverons une solution.

- Et si nous n'en trouvons pas ?

Gordon pesta, levant les yeux au ciel.

- Cessez de vous torturer l'esprit, et allez-y, bon sang !

- Bien... Souffla Faye, sentant la moiteur s'emparer de ses mains. J'y vais...

Elle avala péniblement sa salive, fit quelques pas hésitants, puis ouvrit la porte de la cuisine. Ses gestes manquaient d'assurance, et ses lèvres se contractèrent. Jetant un dernier regard à Gordon, elle franchit le seuil et referma la porte derrière elle. En descendant les marches du perron, elle sentit des regards posés sur elle, et de petits rires stupides parvinrent à ses oreilles, la faisant figer sur place. Elle tourna les yeux vers le saloon, fronçant les sourcils en constatant que tous les hommes qui se tenaient devant l'établissement l'observaient en riant bruyamment. Certains lui adressèrent des gestes obscènes et vulgaires, auxquels elle répondit par une incompréhension mêlée d'indignation, puis elle poursuivit sa route jusqu'à la mairie.

Sur le chemin, des commérages et des ricanements s'échappaient des lèvres des passants dès que Faye les croisait. Hommes ou femmes, tout le monde semblait se retourner sur son passage. La raison ? Elle l'ignorait. Peut-être était-ce en rapport avec l'école ? Cependant, elle en doutait. Elle ne prêta guère plus d'attention aux murmures sifflant autour d'elle et se dirigea d'un pas résolu vers le bureau du Maire.

Un soupir s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle réalisait que, si les choses ne se déroulaient pas comme elle le souhaitait, elle ne pouvait plus compter sur l'épaule réconfortante de Dean - elle devait affronter cela seule. Elle se rendit compte à quel point Dean l'avait soutenue depuis son arrivée. En repensant à lui, un sourire spontané éclaira son visage.

Elle arriva rapidement devant le bureau du Maire et prit quelques secondes pour calmer son cœur qui battait incessamment avant de frapper. Elle entra peu après et, comme elle s'y attendait, elle trouva Lowell Byers assis derrière son imposant bureau en bois. Son regard inexpressif suggérait qu'il n'était pas enchanté de voir la jeune institutrice s'engouffrer dans son bureau.

Le blizzard a cédé sa place au printemps (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant