Chapitre 35 : La sorcière de Spring Valley (1/2)

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Le trente-et-un octobre était un jour bien différent de ceux que Faye avait connus à Spring Valley jusqu'à présent. L'atmosphère était plus légère, et les festivités rendaient les gens étonnamment plus aimables. Une ambiance particulière, un sentiment de chaleur emplissait les cœurs, même les plus sombres.

Ce jour-là, Faye et ses amies avaient décidé de s'accorder une pause. Depuis plus d'un mois, elles passaient la quasi-totalité de leur temps sur le chantier de la future école. Rien d'autre ne comptait, tout était mis de côté pour ce projet. Les quatre femmes étaient épuisées, cela se voyait à la couleur de leur peau et aux cernes sous leurs yeux. Elles n'avaient jamais pensé que le travail manuel pouvait être aussi éreintant. Faye n'était pas une femme habile de ses mains. Elle excellait dans les études, aimait lire et apprendre ses leçons. Les travaux de construction n'étaient pas vraiment son domaine. Elle savait tenir un crayon entre ses doigts et préparer du pain frais, mais elle avait encore du mal à manier un marteau et à enfoncer des clous avec suffisamment de force, même si elle avait fait des progrès notables.

Ce vendredi d'octobre, elles avaient décidé de profiter de cette journée pour se ressourcer. Malgré cela, il fallait tout de même s'occuper des tâches quotidiennes. Comme à leur habitude lorsqu'elles n'étaient pas sur le chantier, Faye et Nettie aidaient Gordon en cuisine. Le pauvre homme n'avait pas eu d'aide depuis des semaines, et la vaisselle s'était accumulée à un point tel qu'elle menaçait de déborder.

Alors que Faye s'occupait de nettoyer les assiettes et les couverts utilisés depuis plusieurs jours, Gordon préparait ses plats sur la table. Nettie, quant à elle, faisait des allers-retours rapides entre la salle de restauration et la cuisine. Gordon se retourna un instant vers Faye pour l'observer nettoyer, voyant qu'elle n'était pas très rapide et semblait se plaindre d'une douleur dont il n'était pas au courant.

- Vous me semblez fatiguée, Faye. Vous devriez pas vous tuer à la tâche comme vous le faites... Cela fait plus d'un mois maintenant que vous vous levez à l'aube et que vous rentrez tard dans la nuit. Ce n'est pas un rythme de vie convenable ! Grogna-t-il tandis qu'elle soupirait, dos à lui.

- Convenable pour qui, Gordon ?

- Pour tout être humain, voyons ! Vous ne pouvez pas continuer comme ça, vous allez finir par vous rendre malade.

- Pour l'instant, à part la fatigue, je vais très bien. Rétorqua-t-elle d'un ton aigre.

Nettie entra dans la pièce au même moment et, avec un sourire, ajouta :

- Moi aussi, je vais bien ! Gordon... vous vous faites beaucoup trop de souci pour nous. Ce n'est pas bon pour votre coeur !

- Qu'a-t-il, mon coeur ? Répliqua le cuisinier en fronçant les sourcils, pendant que Faye abandonnait les assiettes pour se tourner vers Nettie, les sourcils également froncés.

- Eh bien, il n'est plus tout jeune ! Vous devriez le ménager en essayant d'avoir confiance en nous, Gordon. Nous ne sommes plus des enfants. Répondit-elle en passant rapidement à travers la cuisine. 

- Quelle façon subtile de sous-entendre que Gordon n'est plus dans la fleur de l'âge, Nettie ! Se mit à rire Faye, visiblement soulagée qu'il ne s'agisse que d'une mauvaise plaisanterie de son amie.

Le cuisinier se mit à marmonner dans sa barbe, en grimaçant de temps à autre. Il remarqua néanmoins les gémissements de Faye lorsqu'elle plongea ses mains dans l'eau. Il jeta un coup d'oeil vers elle et posa son regard inquiet sur ses mains couvertes d'égratignures et de petites plaies qui semblaient douloureuses.

- Faye, mettez-vous des gants, lorsque vous êtes sur le chantier ? Lui demanda-t-il en observant ses mains. 

Elles étaient toutes deux visiblement bien amochées et produisaient une douleur vive. Faye hocha la tête, une grimace sur son visage :

Le blizzard a cédé sa place au printemps (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant