Chapitre 12 : Les mélancolies d'une vie passée

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Faye n'avait pas remarqué que Charlie la conduisait vers la banque. Avait-il son domicile à cet endroit ? Épuisée par les événements traumatisants qu'elle venait de vivre, elle n'osa pas lui poser la question. Ses mots étaient silencieux, sa respiration saccadée, comme si elle prenait enfin conscience de ce qui aurait pu lui arriver si Dean n'avait pas été là. Probablement la mort, pensa-t-elle.

Elle, qui avait toujours eu une peur viscérale de la mort. Quelle ironie du destin ! Une femme si rayonnante, si lumineuse, ne pouvait pas mourir. C'était inconcevable. Surtout pour Charlie Foster, qui ne supporterait jamais de perdre la dame qu'il courtisait depuis quelques semaines.

- Nous sommes arrivés. J'habite au-dessus de la banque. Déclara l'homme, répondant sans le savoir aux questions qui tourmentaient Faye.

Il ouvrit la porte de la banque avec une clé et invita Faye à entrer avant de refermer derrière eux. Il fit signe à la jeune femme de le suivre à travers les escaliers qui les conduisaient à la petite résidence de Charlie. Une pièce aux murs tapissés d'un élégant bleu, un plancher en bois brut et un grand lit trônant au centre. À côté, un grand four, une petite table bancale et deux chaises tout aussi bancales. En face du lit, une gigantesque armoire en bois massif.

- C'est donc là-dedans que vous rangez vos centaines de costumes. Plaisanta Faye avec une pointe d'humour.

Pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté la prairie, Faye avait ouvert la bouche. Charlie en était ravi. Il rit et se déplaça jusqu'à l'armoire pour l'ouvrir.

- Dire que j'en ai une centaine est une exagération. J'en ai une cinquantaine, tout au plus.

- Une cinquantaine de costume... Vous serez bien au chaud en hiver !

Faye continua à explorer l'habitation de Charlie jusqu'à ce qu'elle fronce les sourcils en ne trouvant pas de baignoire.

- Vous n'aviez pas dit que vous possédiez une baignoire ?

- Je l'ai dit. Suivez-moi. Dit-il en riant.

Faye n'avait pas remarqué la porte située à proximité du lit. Charlie l'ouvrit et Faye poussa un petit cri :

- Vous avez une pièce dédié au bain ?

Elle observa la grande baignoire trônant au milieu de la petite pièce, ainsi qu'un seau métallique placé à proximité.

- Oui. C'est très tendance à Washington. Malheureusement, je n'ai pas les canalisations.

- Les canalisations ? Demanda-t-elle d'un ton interrogateur.

- Ce sont des tuyaux qui relient votre maison à des stations d'eau. Ils vous permettent d'avoir de l'eau directement chez vous sans avoir à la chercher au puits.

- C'est formidable !

Charlie hocha la tête.

- C'est un projet que j'aimerais soumettre à Lowell prochainement.

- C'est une excellente idée. Cela nous faciliterait la vie.

L'institutrice et le banquier s'observèrent un instant, puis Charlie se racla la gorge en saisissant le sceau.

- Permettez-moi de remplir la baignoire.

- Vous êtes si attentionné. Souffla-t-elle tout bas.

Le jeune homme aux cheveux blonds sortit de la pièce, laissant Faye seule pour explorer les lieux. Un miroir rond était accroché au mur, et Faye s'approcha pour contempler son reflet. Des traces de sang séché marbraient son visage de porcelaine. Son décolleté en était également taché. Un sentiment de nausée l'envahit alors qu'elle pensait à ce sang, provenant de l'homme qui avait reçu une balle en pleine tête. Elle commença à ressentir de la compassion pour cet homme qu'elle ne connaissait finalement pas. Peut-être avait-il une femme, une famille, des enfants ? Peut-être était-il si désespérément pauvre qu'il n'avait pas d'autre choix que de voler ? Au fond, personne ne connaissait vraiment les motivations de cet homme. Et peut-être n'était-il pas le monstre qu'elle avait imaginé lorsqu'il l'avait attaquée de manière sauvage.

Le blizzard a cédé sa place au printemps (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant