Chapitre 25 : Soyez fières d'être des filles

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L'institutrice au grand cœur avait veillé sur les fillettes toute la nuit, leur lisant certains passages de son livre favori. À l'aube, alors que les petites filles n'étaient plus en danger, Faye rentra épuisée et décoiffée au Café. Après une longue journée et une nuit encore plus longue, ses émotions étaient si intenses que Faye était incapable de ressentir le moindre sentiment.

Au Café, elle retrouva Gordon, qui n'avait pas réussi à fermer l'œil en sachant Faye dehors. L'accueillant comme un père qui n'avait pas vu sa fille depuis une décennie, il l'étreignit lorsque Faye franchit la porte. Elle se laissa faire et s'affala mollement sur une chaise de la cuisine en soufflant :

- Je n'ai que rarement été aussi épuisée...

- Vous êtes restée éveillée toute la nuit. À quoi vous attendiez-vous ? Sermonna Gordon en s'asseyant face à elle.

- Je voulais seulement m'assurer que les petites aillent bien...

- Allez-vous me raconter ce qui s'est passé ou vais-je devoir vous arracher les vers du nez ?

Finalement, Faye lui raconta en détail son intervention chez les Garrison et les événements qui avaient suivi. Les yeux ronds de Gordon témoignaient de son ahurissement face à l'histoire que Faye s'efforçait de lui relater.

Une fois son récit achevé, Faye soupira en passant une main dans ses cheveux roux, tandis que Gordon déclara :

- La journée a été éprouvante. Vous devriez aller dormir.

- Je me dois de rester éveillée au cas où le docteur Sutton aurait besoin de moi. Rétorqua-t-elle catégoriquement.

Gordon leva les yeux au ciel, découragé par la ténacité de Faye. Il était évident qu'elle ne pouvait pas rester sans dormir. Elle ne tiendrait pas longtemps, et bientôt, elle se retrouverait dans la chambre, face à celle où les petites filles se reposaient.

- Ce n'est pas en évitant de dormir que les choses vont changer, Faye. Vous ne pouvez pas vous punir pour quelque chose qui n'est pas de votre ressort.

- Je les considère comme mes enfants. Comprenez-vous ?

- Oui. Répondit Gordon, plus durement. Mais mettez-vous dans la tête qu'elles ne sont pas vos enfants.

Cette fois-ci, Faye grimaca. La vérité était parfois difficile à entendre. Pour Faye, tous les enfants étaient ses enfants. Son objectif dans la vie était de les protéger, tous autant qu'ils étaient, et de leur offrir la vie qu'ils méritaient.

- Me réveillerez-vous s'il y a du nouveau ? Abandonna-t-elle finalement.

- Évidemment. Vous pouvez compter sur moi.

- Merci, Gordon. Je vais m'allonger un peu, et je serai d'attaque cet après-midi.

- Je vous accorde votre journée, Faye. Reposez-vous, ne pensez à rien.

our exprimer sa gratitude, Faye lui adressa un sourire empreint de tendresse. Après avoir embrassé la joue du cuisinier, Faye monta les escaliers et se glissa dans sa chambre. Elle passa la matinée à dormir, plongée dans un sommeil profond. Elle rêva de son père et des sévices qu'il lui avait infligés. Sa nuit avait été agitée et elle se réveilla haletante, le corps moite et les mains tremblantes.

Les événements de la veille l'avaient probablement replongée, d'une manière ou d'une autre, dans son propre passé, la confrontant une fois de plus aux démons qui la hantaient. Elle ne s'attendait pas à ce que cet incident ait une influence aussi négative sur elle, mais il l'avait profondément marquée, peut-être plus qu'elle ne l'imaginait.

Le blizzard a cédé sa place au printemps (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant