Chapitre 1 : Le plus long des voyages

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Par un jour d'été radieux de l'année 1890, Faye Chaney prit la décision résolue de se défaire de son père. En cette journée fatidique, l'homme gisait à terre, une lame de couteau cruellement enfoncée dans son dos. Sans verser une larme, Faye fit ses bagages et entama son périple à travers les montagnes et les canyons. Pour la première fois, elle donnait vie à l'un de ses rêves les plus profonds : celui de fuir et de tout recommencer. À mesure que la silhouette de la maison familiale s'estompait à l'horizon, le sourire de Faye s'amplifiait. Elle se trouvait enfin libérée de ses chaînes, et il n'appartenait plus qu'à elle de construire sa nouvelle existence désormais. 

Les pas décidés de la jeune femme semblaient révéler une fuite soigneusement planifiée, comme si elle connaissait depuis longtemps les chemins à emprunter. Traversant une dense forêt, elle quitta le petit village de Stormstone sans le moindre regret. Faye Chaney était connue en ces lieux pour son intrépidité. Durant son enfance, les habitants de Stormstone avaient souvent observé des ecchymoses sur ses jambes, laissant penser qu'elle était une enfant quelque peu téméraire. Ainsi, lorsqu'elle décida de mettre fin à son calvaire, elle estima que marcher pendant des jours ne serait qu'une formalité. Sa réputation la précéderait.

Le premier jour de son périple, Faye escalada les montagnes avec détermination, portant ses bagages dans chaque main. Le soleil brûlait intensément, et bien que des vertiges la saisissent par moments, cela ne l'empêcha pas de continuer son ascension.

Le deuxième jour, ses provisions s'épuisèrent. Il ne lui restait qu'un sandwich et un fond d'eau qu'elle tentait de ne pas gaspiller. Ses muscles étaient plus endoloris que la veille, et ses pieds souffraient le martyr dans ses bottines à talons.

Le troisième jour, la robe rose de Faye se retrouva couverte de boue après une malencontreuse glissade dans une flaque. Souillée sous une chaleur accablante, elle continua sa marche. Le soleil était si implacable ce jour-là qu'elle ne put résister à vider le reste de sa gourde. Sans provision de nourriture, étant donné qu'un animal avait dévoré son sandwich la veille, Faye se retrouva à des centaines de kilomètres du prochain village, dépourvue d'eau et de nourriture. Son estomac criait famine, mais elle faisait tout pour le faire taire. En découvrant une vallée parsemée de fleurs, d'herbes et de fruits sauvages, elle prit cette opportunité comme une récompense pour ses efforts, mangeant quelques baies avant de poursuivre son périple. Malgré les épreuves qui rendaient ses journées plus que pénibles, la jeune Faye continuait de marcher, de lutter et d'avancer, car elle savait que, après la tempête, vient le printemps, et que derrière ses efforts se profilait un destin plus clément. Tout au long de son périple, elle n'oubliait pas tout ce qu'elle laissait derrière elle : une existence morne, un vide profond, qu'elle espérait combler en recommençant à zéro.

Le quatrième jour, les pieds de Faye saignaient, brûlaient, martyrisés dans ses bottines inconfortables. Bien que douloureux et enflés, ils ne l'empêchèrent pas de poursuivre son ascension sans se plaindre. Sous un soleil vif et ardent, brûlant ses cheveux flamboyants aussi orangés et brillants qu'un coucher de soleil, Faye toucha ses mèches lorsqu'il fut temps de se reposer. Elle grimaça en constatant qu'ils étaient devenus aussi secs que de la paille. Les attachant en une longue tresse, elle espérait qu'eux aussi, connaîtraient des cieux plus cléments.

Le cinquième jour, le visage de Faye Chaney était cruellement souillé et ses vêtements tombaient en lambeaux. Son ventre exprimait de plus en plus vivement sa faim, et elle lui intimait l'ordre de se taire. Des douleurs lancinantes parcouraient l'intégralité de son corps. Par moments, sa tête lui faisait mal, d'autres fois, c'étaient ses pieds qui la torturaient. Tout au long de son périple, ses yeux émeraudes étaient aveuglés par les rayons du soleil filtrant à travers les frondaisons de la forêt.

Le blizzard a cédé sa place au printemps (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant