Meija

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Lorsque son père était venu la réveiller, vers minuit, Meija n'avait pas été capable de se rendormir. Il avait mentionné une urgence au poste, et elle n'avait pas posé de question, mais une heure plus tard, quand elle avait décidé d'aller voir Freya à l'écurie, le regard de Meija s'était tourné vers le ciel. Elle distinguait des reflets de multiples couleurs et les étoiles et la lune étaient presque invisibles sous cette épaisse couche ombrageuse. Elle s'était alors demandé si l'appel du poste pour Allan n'avait pas, encore une fois, une explication surnaturelle.

Un frisson la parcourut et elle se frotta les bras, accélérant le pas sur le chemin pavé menant à l'écurie. Elle jeta un oeil par dessus son épaule à deux reprises, prise d'un sentiment étrange d'être épiée de loin. Elle marchait si vite qu'elle trébucha en entrant dans l'écurie et eut tout juste le temps de se rattraper contre le mur. Elle referma la grosse porte derrière elle et s'y appuya le temps de reprendre son souffle.

Un hennissement attira son attention et elle vit que Freya était debout dans son box et l'observait avec intérêt. Meija sourit et s'approcha doucement de l'animal.

— Je ne suis pas la seule à ne pas avoir sommeil, à ce que je vois, murmura-t-elle en caressant le museau de Freya.

— Meija ?

Elle sursauta et se tourna alors vers le fond du bâtiment où son père et elle entreposaient quelques bottes de foin, là où Alec s'était installé depuis quelques temps. Il s'étira, allongé sur son lit de camp, et prit le livre ouvert qui reposait sur son torse pour le ranger dans son sac. Meija aurait bien aimé pouvoir regarder ailleurs tandis qu'il bâillait et se passait une main dans les cheveux pour les secouer un peu.

— Désolée, je ne voulais pas te réveiller, fit-elle en traînant son regard vers Freya.

Alec s'assit sur le bord de son lit et se râcla la gorge.

— Pas grave. Est-ce que tout va bien ?

Meija se tourna vers lui et il se leva. Elle observa son lit et ses affaires éparpillées un peu partout. Il avait installé une botte de foin près de son lit pour s'en faire une table de nuit et elle sourit. Il semblait se contenter de peu, le pauvre.

— Tu sais, je pourrais parler à mon père et on pourrait sûrement t'installer un meilleur lit dans la maison. Tu pourrais peut-être partager la chambre de Lukas.

Il se tourna vers elle et un sourire en coin coupa le souffle de Meija. Plus elle le côtoyait, et plus elle le trouvait beau.

— La voilà qui s'inquiète de mon confort, maintenant.

Meija haussa les épaules.

— On appelle ça l'hospitalité.

Il ricana.

— J'ai pas besoin qu'on se fende en quatre pour moi, tu sais. J'aime bien dormir avec les chevaux, en fait.

Meija haussa les sourcils, mais cette confession raviva quelques souvenirs d'enfance. Elle se souvenait avoir passé plusieurs nuits dans la grange, près de Freya, lorsqu'elle devait avoir une dizaine d'années.

Meija sortit de sa transe lorsqu'elle se rendit compte qu'Alec s'était approché d'elle.

— Et en plus, dit-il en allongeant un bras pour prendre une mèche de ses cheveux entre ses doigts, je ne sais pas si je pourrais résister à l'envie de me faufiler dans ta chambre à tous les soirs.

Meija se liquéfia. Qu'était-elle sensée répondre à ça ?

Elle sentit le museau de Freya lui pousser dans le dos et elle se retrouva plaquée contre lui. Elle se tourna vers la licorne et lui lança un regard sévère.

Mia Wolf - Tome 5.5 - La Nuit des Damnés (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant