Au détour d'une passion

Chapitre 14: Maxime

Depuis notre soirée foirée au restaurant, je tourne en rond et remets tout en question. Je suis en train de virer fou et je suis incapable de mettre des mots sur ce que je ressens. La voir pleurer m'a mis à genou et l'envie de tout lui avouer m'a traversé l'esprit. Heureusement, elle a pris la fuite avant que je ne merde et déballe tout. Léa me pousse à tout lui dire, mais j'en suis incapable, c'est plus facile de la voir me détester que de détruire l'image qu'elle a de son père. Enfin non, je mens quand je dis que c'est plus simple. Sentir sa haine vis-à-vis de moi me démolit autant que cette putain de décision que j'ai prise sur un coup de tête, juste parce que j'étais en colère contre elle de ne pas m'avoir dit pour l'Erasmus. Jamais je n'aurais dû prendre cette décision, j'aurais dû nous faire confiance et avoir une discussion posée avec celle que j'aimais, mais je ne suis qu'un putain d'impulsif et doublé d'un con. J'ai tout perdu ce jour-là et plus jamais je ne serais le même qu'avant, j'ai bien trop de rancœur pour redevenir celui que j'étais.

Installé devant la voiture de ma sœur, j'attends qu'elle sorte de chez elle pour lui donner ce que je conserve depuis des années. Il est temps qu'elle les ait, je ne peux plus les garder chez moi, ça me rappelle tout ce que j'ai gâché. Lorsque Léa sort de la maison et s'approche de moi, je sais que je vais encore avoir droit à son sermon. Je ne sais pas si elle est au courant pour le restaurant, mais je ne lui avouerais jamais sinon elle risque de me tuer. J'aurais dû me douter que ce finirais comme ça, je savais qu'elle allait me demander des comptes, mais je n'ai pensé qu'à trouver un moyen de la retrouver même sans être avec elle. La revoir, l'avoir aussi près de moi et partager un moment avec elle était trop tentant pour que je réfléchisse correctement. Ça ne va réellement plus dans mon esprit, c'est un vrai bordel et je n'arrive pas à remettre tout en place.

- Je dois partir Max, qu'est-ce qu'il se passe ?

Bon OK, elle doit être au courant de quelque chose pour ne pas dire bonjour. Je prends la boite derrière moi et lui tend.

- Peux-tu donner ça à Manon ?

- Elle ne les acceptera pas et puis pourquoi avoir acheter des chaussures alors qu'elle te déteste. Qu'est-ce que tu as fait ?

- Je n'ai rien fait et ces chaussures, je les ai depuis plus de trois ans.

Elle ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Je viens de lui couper la chique pour la première fois depuis longtemps.

- Ne lui dis pas qu'elles viennent de moi. Donne-lui seulement la boite, elles sont pour elle et je ne peux pas les conserver plus longtemps chez moi.

- Pourquoi ?

- Ce n'est pas juste pour Nora de garder des souvenirs de ma relation avec Manon.

Elle ricane.

- Et c'est au bout de presque trois ans que tu t'en rends compte ? Je savais que tu étais lent à la détente, mais quand même. Et puis, on s'en fout de ce que cette fille pense. Tu ne l'aimes pas Max. Quand vas-tu t'en rendre compte ?

- Je l'aime à ma manière, Léa et c'est tout ce que je peux lui donner.

Elle s'appuie sur le capot à mes côtés.

- Ce n'est pas juste pour elle ce que tu fais. Nora t'aime vraiment Max et si tu avais un minimum d'amour pour elle, tu la laisserais partir.

- Je sais.

- Pourquoi tu restes avec ?

- Parce que Manon la déteste et que j'ai besoin qu'elle continue à me haïr pour la garder éloignée de moi.

- C'est complètement con surtout après l'avoir invitée au restaurant. Tu l'aimes toujours n'est-ce pas ?

Je détourne les yeux de ceux de ma sœur.