Chapitre 19: Manon

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 La fête débute à peine quand Max arrive. Il a toujours détesté être en retard et pour ça il est tout le contraire de moi. Il ne calcule pas les personnes qui sont déjà présentes et s'avance vers nous le regard plongé dans le mien. Je frissonne de voir l'intensité qui brille dans ses iris, la même qu'avant et qui me déstabilise autant qu'à l'époque. C'est complètement dingue l'effet qu'il a sur moi et je serais prête à tout accepter pour lui quand il me contemple de la sorte. Lutter, voilà ce que je dois continuer à faire, mais ça devient difficile.

Il embrasse la joue de sa sœur puis lui souhaite un bon anniversaire avant de se tourner vers moi. Ses lèvres s'approchent dangereusement des miennes et je serais incapable de le repousser s'il décide de les poser sur les miennes. Heureusement ou pas d'ailleurs, il les dépose à la commissure des miennes.

- Tu m'as manqué aux écuries. Me souffle-t-il à l'oreille pour qu'il n'y ait que moi qui entende.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Savoir que ma présence lui a manqué me plait un peu de trop. Décidée à le titiller un petit peu, je m'approche de son oreille et chuchote.

- Toi, en revanche, tu ne m'as absolument pas manqué aujourd'hui.

Je me recule et son sourire est la première chose que je vois. Il sait que je mens. Il lit aussi bien en moi que moi en lui. Je sens le regard de mon amie sur moi et j'en fais abstraction, je pense qu'elle espère un retour de notre couple, mais je ne suis pas prête à lui donner ce qu'elle attend, ou peut-être que si, je n'en sais rien. Je suis complètement paumée depuis quelque temps et l'arrivée des chevaux chez moi est la meilleure chose pour y voir un peu plus clair. Décidée à ne rien lui cacher et surtout déterminée à lui poser la question que je repousse depuis le début de la semaine, je me lance.

- On peut parler en privé ? demandais-je.

Du coin de l'œil, je vois le sourire de Léa et je me retiens de briser ses espérances. Max quant à lui me sourit et hoche la tête. Il prend ma main et m'attire à sa suite pour rejoindre la terrasse. On y sera au calme et on pourra discuter sans avoir l'attention des gens sur nous. Nous marchons encore un peu pour être à l'abri des regards, puis on s'assied sur la balancelle qui borde le jardin.

Nous sommes à peine posés qu'il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de saisir mes jambes et les installes sur les siennes me rappelant quelques souvenirs d'avant. Je les chasse rapidement tout en laissant mes jambes où elles sont et profitant de ses caresses sur mes mollets.

- De quoi voulais-tu me parler ?

Voilà ce que j'aime avec lui, il ne cherche pas à divaguer vers d'autres sujets quand il sent que je bloque pour avouer quelque chose. Mes yeux rejoignent les siens et je me lance.

- Les écuries chez moi sont prêtes, enfin, les principales.

Son regard fuit le mien et je sais pourquoi. Il comprend sans que j'aie besoin d'en dire plus, il sait que ce mois ensemble est fini et qu'on ne passera plus tout notre temps ensemble. Je me doute que ça le rend autant triste que moi, mais je ne peux pas rester chez eux alors que j'ai tout ce qu'il faut chez moi.

- Moi aussi ça me fait un truc de me dire qu'on ne passera plus tout notre temps ensemble. J'ai aimé ces dernières semaines, j'ai adoré retrouver cette complicité que nous avions Max. Tout ça va me manquer, plus que tu ne le crois.

Ses yeux pleins d'espoir trouvent les miens et la culpabilité m'envahit.

- Et puis, c'est une bonne chose que je parte. On n'a toujours pas parlé de ce qui a causé notre rupture et même si je comprends que tu ne dis rien de peur de me blesser, je ne veux pas passer au-dessus et rester tout le temps collé à toi n'est pas une bonne chose pour moi. Je suis en train de me perdre entre ce que je ressens et ce que je souhaite vraiment.

Au détour d'une passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant