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Le lendemain dans l'après-midi comme prévu, Warner Crawford se déplaça pour aller chercher sa fille. Une luxueuse Jeep noire s'était arrêtée devant l'appartement et habits décontractés, mais élégant, il y sortit. C'était Kai qui était venu ouvrir la porte quand il y toqua. Ils se saluèrent brièvement puis il rentra.
Jaïa apparue quelques minutes plus tard seulement, toute pomponnée et toute ravissante. Elle embrassa Kai, puis suivie de son père ils sortirent de l'appartement.
Leur rendez-vous était classé dans un restaurant cinq étoiles réputé dans la ville, et même dans tout l'état Californien. De tout le trajet, elle n'avait même pas essayé d'entamer une conversation. Son père lui avait pourtant parlée plusieurs fois mais elle avait répondu aussi bref que possible à chaque fois.
Ils arrivèrent enfin une bonne trentaine de minutes après. Un endroit tellement sophistiqué que, des gens étaient carrément employés pour vous accueillir à l'entrée et également vous conduire à votre table si réservation était faite.
Le serveur était gentil et très professionnel, cela avait avivé la curiosité de Jaïa.
-Vous travaillez ici depuis longtemps? Elle lui demanda lorsqu'il lui tendit la carte de menu.
-Trois ans mademoiselle.
-Vous êtes très gentil. Ne perdez pas votre amabilité.
-Merci mademoiselle je ferai de mon mieux.
Elle lui sourit.
-Vous me recommanderiez quel plat?
-Vous avez de la chance, aujourd'hui on a avec nous un chef cuisinier haïtien et toutes les personnes autour de vous sont venues exprès pour goûter ses plats.
-Tu entends ça? Elle dit à son père qui jusque-là n'avait pas parlé. Je vais alors prendre son meilleur plat d'entrée et ensuite après je prendrai un léger dessert.
-Excellent! Et vous monsieur?
-La même chose que la demoiselle s'il vous plaît. Et, apportez nous également une bouteille de vin.
-Nous avons ici un merveilleux vin blanc des années soixante dix. Je vous l'apporte?
Warner regarda sa fille pour avoir son approbation.
-Oui apportez la nous. Jaïa dit, parlant à la place de son père. Merci.
-Alors? Warner dit quand le serveur s'en fut allé. Tout va bien avec les cours?
-Oui on va bientôt passer un test ce mois-ci. Je vais devoir laisser tomber mes entraînements.
-Tu as déjà joué avec l'équipe de ton université?
-Oui.
-C'est excellent. Je me libérerai pour venir te voir jouer à ton prochain match.
-C'est gentil de ta part. Dis-moi, elle va bien Jade?
Elle débita pour parler de sa petite sœur.
-Elle est en pleine forme. Tu devrais passer la voir un de ces jours.
-Tu sais bien que je ne ferai pas ça même pour tout l'or du monde. Moi? Passer chez toi par courtoisie ? Non merci.
Le serveur revint avec la bouteille puis coula le vin dans chacune des verres devant eux.
-Ce n'est pas passer par courtoisie. Tu viendras juste rendre visite à ta petite sœur.
-Je ne changerai pas d'avis là-dessus. Elle dit fermement. En attendant, je continuerai à voir Jade lors de ses anniversaires. Maintenant s'il te plaît laisse-moi bien déguster ce bon vin des années soixante-dix qu'on nous a apporté.
Ceci dit, elle porta le verre à ses lèvres et prit une assez grande gorgée. Elle grimaça un peu, le liquide pétillait dans sa gorge.
-C'est fort! Dit-elle toussotant discrètement.
-Vas-y doucement. Warner lui conseilla. Puis prenant lui-même une gorgée de son verre, il ajouta:
-Tu sais, ces derniers temps il y a quelque chose à laquelle je pense énormément.
-Je t'écoute.
-Je veux que tu prennes mon nom. Il dit directement sans passer par quatre chemins.
Jaïa resta un moment ébahie.
-Ne me dis rien tout de suite, tu as le droit d'y penser.
-Tu veux que j'y pense?
Le serveur leur amena les plats qu'ils avaient demandé à ce moment. Des assiettes bien présentables, garnies et dégageant une merveilleuse odeur. Jaïa goûta à la viande en premier lieu. Quel délice! Une merveille! Tout était terriblement parfait. Warner Crawford semblait lui aussi se régaler car il laissa un petit commentaire, et également demanda au serveur d'adresser ses félicitations au chef.
Tout content il partit passer la nouvelle et quelque minutes après, il revint avec dans son plateau deux bols, puis les déposa respectivement.
-Le chef vous remercie et m'a chargé de vous donner ces plats pour vous témoigner sa bonne foi. Cadeaux de la maison.
-C'est gentil de sa part n'est ce pas papa? Jaïa demanda à son père.
-En effet. Merci beaucoup.
L'employé acquiesça puis s'éclipsa pour aller vaquer à ses occupations. Eux-là s'extasiaient de leurs mets, régalant leurs palais de ces chefs-d'œuvre.
Ils passèrent là un bon moment puis filèrent pour faire leur route. Le trajet du retour aurait sans doute été pareil que celui de l'allée, c'est-à-dire terne et morne, si Warner Crawford n'avait décidé de ramener la discussion qu'ils avaient entamé au restaurant.
-J'espère bien que tu penseras à ce que je t'ai dit tout à l'heure au restaurant.
-Je n'ai pas envie d'y penser. Elle répondit sèchement. Ce n'est vraiment pas le moment idéal pour moi de penser à ces choses futiles.
-Ma chérie écoute, tu es ma fille et je ne voudrais pas que ,si par malheur quelque chose m'arrive, tu sois mise à l'écart.
-Ça avait toujours été comme ça pourtant avant. Qu'est-ce qui a changé? Le diable a frappé à ta porte?
-Jaïa s'il te plaît. Je veux que ma fille puisse être à mes côtés dans mon entreprise. Tout ce que je veux c'est que tu sois là rien d'autre.
-Et ta femme? Elle est au courant que tu veuilles que je sois une Crawford à présent? Je ne pense pas qu'elle serait la plus ravie de cette nouvelle.
-Ma chérie tu es déjà une Crawford, de sang, tu es ma fille. Et oui elle est au courant je lui ai parlée il y a quelques jours.
-Ah bon? Toi et et ta femme vous m'épatez. Elle fit simplement.
-Tu me promet que tu vas y penser?
-J'en parlerai avec ma mère d'abord et on verra si elle est d'accord.
Warner lui lança un regard.
-Quoi? Dit-elle. Tu ne veux pas que j'en parle à ma mère?
-Si, tu as tout le droit de la mettre au courant car c'est ta mère. Mais je veux que ce soit toi qui prenne ta décision. Tu es une jeune adulte et tu dois apprendre à arbitrer tes propres actions.
Elle ne répondit pas et resta muette jusqu'à son arrivée devant chez elle. Ils prirent ensuite congé d'eux-mêmes.
S'affalant sur le sofa, elle attrapa son portable puis laissa un message à Kai. Elle le laissait savoir qu'elle était rentrée et qu'il lui manquait déjà énormément.
Son portable vibra, un appel, mais pas de Kai. C'était Gray Foster. Jaïa l'avait complètement oublié celui-là. Elle décrocha:
-Salut Gray.
-Salut tu vas bien? Je n'ai pas eu de tes nouvelles depuis hier.
-Tout va bien, je viens juste de rentrer chez moi, j'étais avec mon père.
-Tu as aménagé?
-En fait, non je n'ai pas aménagé. J'ai changé d'avis.
-Pourquoi tu as changé d'avis?
Jaïa rit.
-On croirait entendre mon père. C'est exactement ce qu'il m'avait dit hier.
Elle souffla un bon coup.
-Gray il faut que je te dise quelque chose. Jaïa articula posément.
-C'est drôle, moi aussi j'allais te dire quelque chose. Il dit, un air d'excitation dans la voix.
-Ah oui? Dis-moi, je t'écoute.
-Non, toi d'abord.
-D'accord. Voilà, je sais bien que tu as des sentiments pour moi. Elle dit sur un ton dramatique. Je le sais parce que tu me l'as dit. Mais j'aurais trouvé cela très malhonnête de ma part de ne pas te mettre au courant. Je...
-Ne dis rien. Il lança. J'ai compris.
-Quoi? Je...
-Ne dis rien. Répéta t-il. S'il te plaît Jaïa.
Ils restèrent muets quelques secondes, leurs respirations seulement se faisaient entendre à travers l'appareil.
Gray Foster cassa enfin le silence.
-Même si j'aurais préféré que ce soit moi que tu choisisses, je respecte ton choix. Je ne vais pas te mentir, je ne compte pas te souhaiter tout le bonheur du monde car tout ce que je souhaite vraiment, c'est que tu sois avec moi. Mais, je vais plutôt te demander de prendre soin de toi. Alors, prend soin de toi Jaïa.
-Merci je n'y manquerai pas. Toi aussi prends soin de toi. Au revoir Gray.

La semaine avait filé à toute allure. Le week-end était accueilli à bras ouverts, tant pour le repos que pour la relaxation. Jaïa et Kai avaient décidé de décliner les invitations de leurs amis pour pouvoir passer plus de temps ensemble, en tête à tête. Pour résumer la chose: ils allèrent voir la sortie en salle d'un film dans l'après-midi du samedi, puis se rendirent dans un restaurant japonais. Ils continuèrent ensuite leur périple dans l'arcade où ils étaient allés ensemble pour leur premier rendez-vous.
Ils rentrèrent cependant de bonne heure car Kai se plaignait d'intenses migraines. Ils mirent cela sur le compte de son manque de sommeil et il fut ordonné par Jaïa d'aller se coucher. Elle l'aida à se déshabiller, firent leur routine du soir, puis alla lui préparer un thé chaud.
-J'aime bien quand tu prends soin de moi comme ça. Ces petites attentions. Kai dit. Tu me fais penser à ma mère.
-C'est vrai? Je suis ta seconde mère alors.
-Jaïa.
-Hm?
-Je t'aime.
Elle sourit bêtement puis se blottit dans ses bras:
-Tu sais bien que je t'adore moi aussi. Je t'aime beaucoup.
Leur moment préféré de chaque journée. C'était comme si le plaisir se renouvelait et que à chaque fois qu'ils s'entrelaçaient, c'était la toute première fois. Lorsqu'ils se tenaient dans les bras l'un de l'autre, ils entraient un autre monde, un autre univers. C'était leur moment de tranquillité.

Kai se leva le lendemain avec la même migraine féroce lui dévorant le cerveau. C'était clair que ce n'était pas une conséquence d'un manque de sommeil, ou alors il ne s'était juste pas assez reposé.
Ayant vu la fois dernière où Jaïa avait sorti son paquet de médicaments, il alla fouiller le sac.
Les bruits la réveillèrent. Elle descendit du lit et rentra au salon. Kai la vit.
-Tu es réveillée, je suis désolé pour le bruit. Je cherche le cachet que tu m'as donné la dernière fois.
Il sortit un petit flacon. «amp» était écrit dessus.
-Laisse je vais le faire pour toi. S'empressât-Elle de dire en lui arrachant presque le flacon des mains.
-C'est pourquoi ce médicament? Il demanda, voyant la rapidité avec laquelle elle le lui a ôté des mains.
-C'est pour mes douleurs menstruelles. Mentit-Elle. Tiens.
-Merci.
-Attends je vais te prendre de l'eau.
Elle revint au salon quelques secondes après, une bouteille d'eau à la main. Elle le lui tendit.
-Merci ma puce.
-Alors, tu veux manger quoi aujourd'hui? Elle dit, s'asseyant auprès de lui sur le sofa.
-J'ai envie de manger une énorme pizza.
-C'est pas de la nourriture ça.
-Si, et c'est ça que j'ai envie de manger.
Elle le dévisagea curieusement, le jugeant silencieusement du regard.
-Quoi? C'est de ça dont j'ai envie quel est le problème?
-Je t'ai dit qu'il y avait un problème?
-Tu me regardes bizarrement. Rit-il. Je n'aime pas ce regard. Il murmura, comme s'il ne voulait que quelqu'un d'autre à part eux, ne l'entende.
Elle lui baisa rapidement la bouche, puis se releva et attrapa son téléphone sur la table basse pour passer la commande.
Ils passèrent la journée du dimanche avec Kyle et Mary qui s'étaient déplacés pour venir les voir. Ces derniers les sermonnèrent et critiquèrent toute l'après-midi sur leurs «mauvais» comportements, c'est-à-dire: le fait d'abandonner complètement leurs amis. Les deux accusés ne purent rien faire d'autre que se montrer clément et acceptèrent leurs châtiments.

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