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Le lendemain, Kai fut le premier debout. Premier c'est ce qu'il pensait, car Jaïa, elle, faisait juste semblant de dormir. De la nuit, elle n'avait fermé l'œil. Pas qu'elle ne le voulait pas mais plutôt qu'elle ne le pouvait. Elle cacha plus sérieusement ses mains sous la couverture quand elle entendit les pas de Kai, qui s'étaient éloignés quelques temps, se rapprocher. Il la réveilla, elle feignit de bailler.
Sous la douche elle fut encore plus distante, refusant poliment qu'il le dorlote comme à l'accoutumée, désirant s'occuper elle-même de son corps.
Dans la cuisine elle parlait peu, répondait seulement aux inlassables «Tu es sûre que ça va?» que lui lançait Kai depuis leur réveil. S'il pouvait lire dans ses pensées à cet instant même, il saurait...

-Jaïa?
-Oui. Elle répondit en sursautant presque.
-Si tu ne te sens pas bien, tu peux rester te reposer, je resterai avec toi.
-J'ai l'air d'une personne qui a un problème?
-Oui, tu as sursauté quand je t'ai appelé, ou du moins  tu as sursauté quand tu m'as enfin entendu car cela fait de bonnes minutes que tu es perdue dans ta tête.
Elle ne répondit pas, ne releva même pas les yeux de son assiette, jouant nonchalamment  avec la fourchette qui y était.
Kai se releva de sa chaise et s'approcha d'elle.
-Ma puce. Il dit tendrement en relevant sa tête vers lui. Il fronça les sourcils quand il vit ses yeux encore bouffis, cernés et de surcroît, étaient devenus rouges.
Les ayant déjà remarqué au petit matin même, il croyait que ce n'était que l'effet du sommeil et que tout disparaîtrait après la douche. À y penser, ce n'était pas du tout ça; il y avait autre chose.

-Tu n'as pas dormi? Kai demanda, la retenant toujours par le menton.
-J'ai eu une petite insomnie c'est pas grave.
-Pourquoi tu ne m'as pas réveillé?
-Isak, tu dormais. Pourquoi je t'aurais réveillé.
-Et tu as également pleuré! Il s'écria en la relâchant un peu violemment, perçant alors le pourquoi elle avait ces cernes et les yeux tout rouges.
-Non et on va être en retard. Elle dit en se relevant de sa chaise. On peut y aller?
-D'accord. Dit-il, passant ses mains sur son visage. Mais je veux que tu me dises tout quand on rentrera.
-Ok.
Elle l'avait dit avec négligence, comme ça, juste pour le dire. Kai ne s'en souviendra même pas, elle se disait intimement, il allait sans doute oublier.

Kai allait passer un grand buisson qui précédait le chemin menant à l'entrée de sa faculté, il venait d'accompagner Jaïa, quand il entendit quelqu'un le héler. C'était assez fort et brutal alors il se tourna vivement. Mel était devant lui, lui brandissant son portable à la face. Elle lui montrait une photo. Photo qu'il avait prise la veille et posté sur son compte Instagram. C'était là qu'elle l'avait dénichée.
-Tu as une petite amie? Demanda t-elle comme un reproche.
-Ça se voit non?
-Comment tu as pu me faire ça, je ne comprends pas.
-Tu fais tout un plat pour rien Mel. Il dit, ennuyé. Salut je dois aller en cours.
-Comment elle s'appelle?
-Jaïa. Dit il franchement.
-Quoi? Jaïa? Sérieusement Kai? Jaïa.
-Oui sérieusement.
-J'y crois pas! Tu m'as laissée tomber pour Jaïa?
Il stoppa ses pas lorsqu'il entendit cela. Mel qui le suivait au pas, fit de même pour l'affronter.
-À t'entendre on dirait que tu es une fille parfaite. Tu ne sais pas ce que tu veux. Penses-tu vraiment que que j'allais continuer avec toi avec ces comportements? Tu peux dire à tout le monde que je suis le méchant dans l'histoire je n'en ai rien à faire. On n'était même pas ensemble toi et moi, on se l'était fait comprendre et tu t'étais même accentuée là-dessus. On était d'accord que nous resterions comme on avait commencé, tu ne m'aimais pas, je ne t'aimais pas. On ne s'était jamais aimé, Yamela. Tu étais juste attaché à moi parce qu'on se connaît depuis un bail. Mais tu es folle, tu es immature et tu es ennuyante voilà pourquoi j'avais décidé de tout casser avec toi. Maintenant arrête de me suivre, je vais aller en cours.
Sur ce, il tourna les talons et Yamela pétrifiée par ses dures paroles resta là un bon moment, debout, le regardant s'éloigner. À vrai dire, il n'avait peut-être pas tort. C'était l'attache, elle l'avait peut-être confondue avec l'amour. Mais quelle rude façon de le dire! Elle avait seulement peur de le perdre, c'est tout.

    De l'autre côté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant