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Les américains, qui sait quelle mouche les piquent à chaque fois, ont tendance à créer des fêtes pour n'importe quelle bénigne occasion. Hors-jeu le jugement, cela est juste une remarque.
Gina Alexander prit place à côté de son mari. En face d'eux, Kai et Layla, venus pour Thanksgiving, sous leur demande. Ils mangeaient dans un agréable ambiance.
-J'ai parlé avec maman ce matin. Dit Gina en s'adressant à son petit-frère. Elle s'était plainte de ne pas avoir de tes nouvelles.
-Maman exagère toujours, tu la connais. Ce n'est pas comme si je ne l'appelais jamais, elle a même parlé à Jaïa une fois.
-Tu as de la chance. Daniel, le mari de Gina dit à Jaïa. Leur mère ne m'aimait pas beaucoup au début de notre relation.
-Ce n'est pas vrai. Renchérit Gina. Elle te testait.
-Elle m'a littéralement jeté à la porte une fois. Je ne pouvais pas croire ce qui m'arrivait, j'allais tout juste partir quand leur père m'a re-ouvert. J'ai discuté avec lui et coïncidence, on partageait le même intérêt pour la mécanique, voilà alors ce qui m'a sauvé.
-Ma mère est comme ça, elle n'est pas une mauvaise personne. Regarde comme elle est sympathique avec Layla, elle l'est aussi avec toi.
-Ne lui fais pas confiance. Dit le mari de Gina pour rigoler.
Layla rit puis lui répondit:
-Je me souviendrai de votre conseil.
-Alors tout se passe bien pour vous à l'université? Gina leur demanda.
-Ouais. Répondirent-ils ensemble.
-Vous avez devant vous une star. Kai ajouta en désignant Layla, une lueur de fierté dansant dans ses yeux. Elle vient de donner la victoire à son équipe lors de leur premier match...
-Hum intéressant. Fit Gina, coupant alors le discours de son frère.
-Et tu pratiques quel sport? Daniel renchérit.
-Le volley. La concernée répondit poliment.
-Et ce n'est pas tout, préparez-vous. Continua Kai. Elle vient de publier son tout premier livre.
-Quoi? Félicitations Layla.
-Mes félicitations!
-Merci beaucoup à tout les deux.
-On a hâte de le lire. Gina dit, remplie d'excitation.
-Je vous enverrai des exemplaires la semaine prochaine. Je vous remercie pour votre soutient.
-C'est tout naturel. Dit Daniel.
-Bon! Layla! Tu viens m'aider avec le dessert?
-Oui, bien sûre. Layla dit en se relevant de sa chaise.
Elle avait compris l'appel, Gina voulait lui parler, juste entre elles, en privée. Elles arrivèrent dans la cuisine puis comme elle l'avait prédit, Gina entama la conversation.
-Je voulais te dire que. Commença t-elle en se torturant les doigts. Que je t'apprécie énormément. Tu combles de bonheur mon petit frère et je te suis reconnaissante pour ça, il le mérite bien. Et, je suis heureuse que tu sois venue avec Isak aujourd'hui.
-Merci à toi de m'avoir invitée.
-Je peux te prendre dans mes bras?
-Évidemment. Layla dit en l'enlaçant.
Elles se rendirent ensuite aux côtés des messieurs qu'elles avaient laissé tantôt, dressèrent leur dernier plat puis continuèrent leur conversation.
Au bout d'un moment, Layla se sentant un peu submergée, alla se réfugier dans les toilettes qui par grâce étaient assez éloignées, tant que les autres dans la salle à manger ne pouvaient entendre rien de ce qui y passaient.
Par grâce car elle y pleurait.
Elle se fixa dans le miroir puis respira bruyamment, se répétant que tout allait bien et que tout allait bien se passer...
Soudainement, la porte toqua, et la voix de Kai retentit derrière.
-Tout va bien ma puce?
Elle lui ouvrit et se tenant sur le seuil, lui montra ses deux mains, tremblantes.
-Hé! Je suis là. Ma chérie je suis là. Il dit en prenant ses deux bras.
Il essaya de la calmer en l'enlaçant, déposant quelques baisers sur son front au passage. Sa respiration fut rapidement moins saccadée et se sentant un peu soulagée, ils consentirent à redescendre auprès de leurs hôtes.
Vérité, Kai ne consentait pas à ce qu'elle redescende. Il voulut qu'elle se repose avant tout, qu'elle se mette à l'aise. Mais ne voulant absolument pas avoir l'air de gâcher la soirée de tout le monde, elle avait tenu tête à son petit-ami.
Tout se passa merveilleusement bien après ça, la petite tempête étant passée le calme revint.
-T'ai-je déjà dit que je t'ai détesté le premier jour où l'on s'est vu ? Articula Layla une fois qu'ils se trouvaient dans la chambre qui leur avait été administrée, eux-mêmes restant pour passer le week-end.
-Tu ne me l'as pas dit mais j'avais remarqué.
-Ah oui?
-Tu es sérieuse? Kai dit tout souriant. Tu avais passé toute la soirée à me jeter des regards noirs et encore tu ne m'avais jamais adressé la parole alors qu'on vivait sous le même toit. C'était plus qu'évident.
Layla rit.
-Je veux dire, toi tu mourais d'envie que je te parle alors que tu savais bien que je te détestais.
Il la ramena plus proche de lui, Layla passa un pied autour de sa hanche.
-Moi je t'ai adoré depuis le premier jour.
-Tu m'avais traité de voleuse. Layla dit en riant, pensant encore à ce moment-là.
-Ce n'était pas la meilleure manière de se parler pour la première fois j'avoue mais...
-Le pire c'est que tu ne t'étais même pas excusé.
Ils rirent ensemble.
-Je suis désolée. Kai dit, lui caressant le visage.
-Ne t'inquiète pas, je te pardonne.
-J'avais passé au moins une semaine à t'espionner sur les réseaux sociaux. Il confessa.
-C'est vrai? Rit-elle. C'est bizarre.
-Non, ce n'est pas bizarre. J'étais déjà obsédé par toi.
-Arrête!
-C'est vrai.
Le sommeil les emporta après ça, entrelacés à s'étouffer; mais qu'y aurait il été mieux que de perdre son souffle dans les bras de l'être qui arrive à faire vibrer toutes les parcelles de son corps? Qu'y aurait-il de meilleur que de se sentir fondre, enveloppé et même, emprisonné sans possible détour, dans cette cellule affective que seraient les bras de la personne tant chérie.
L'homme étant grand penseur, envieux de passer pour la créature la plus savante, ne désire qu'à ne pas frôler les choses futiles par peur de ne pas passer pour idiot. Il s'arrête à mi-chemin car de toutes les choses les plus futiles qui lui font paraître le plus idiot, il choisit l'amour. Quelle belle façon de se détruire! Qu'est ce qui dirait mieux? Choisir sa propre destruction, sa propre arme, son propre combat. Choisir volontairement son propre bourreau et le chérir en espérant qu'il ne vous coupe pas la tête de sang froid. Voilà ce que c'est l'amour! Donner de l'affection à son bourreau et espérer. L'espoir même, essence de la vie. Grâce qu'il existe! Sinon on nagerait dans un tourbillon sans intérêt.
En tout cas, l'amour vaut bien qu'on espère. L'excitation et les sentiments qu'il apporte valent bien que l'on espère; peut-être...

    De l'autre côté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant