Mardi dans la journée, un terrible malheur se produisit. Terrible est le mot, car il décrit exactement l'ampleur de la situation. Voilà alors comment cela se passa.
Jaïa était rentrée des cours la veille, lundi, et avait fait une petite crise d'anxiété. C'était totalement habituelle chez elle et, elle avait su facilement la dissimuler à l'insu de son petit-ami.
C'était quelque chose qui lui arrivait souvent et, malheureusement pour elle, elle crût que cela lui passerait rapidement et qu'elle pourrait continuer comme si de rien n'était.
Kai ne s'était rendu compte de rien. Il alla au travail et la laissa là.
Tout s'empira alors, elle pleurait des rivières de larmes. La mini crise du matin s'était transformée en un énorme tourbillon de tonnerre qui la détruisait de l'intérieur. Elle se sentait tellement mal, une lourdeur s'était installée sur son estomac et sa gorge se nouait. Comme si on en lui enroulait des fils de fers autour. Elle ôta ses vêtements. Ils lui écorchaient la peau. Dans sa tête c'était comme si des millions de personnes s'étaient mises à parler en même temps et de terribles acouphènes lui démangeaient ses oreilles. Elle n'en pouvait plus. Elle se glissa contre le mur et se recroquevilla sur elle-même.
Ses yeux étaient brûlants et l'impression que des millions de grains de sables se pavanaient dans ses iris lui donnait envie de se les arracher.
Dans son sac de cours, elle chercha un flacon, puis avala rapidement quatre de ce qu'il contenait.
Lorsque Kai rentra vers les neuf heures et la vit dans un coin, où elle avait d'ailleurs passé tout le reste de la journée, il se précipita à ses côtés.
Elle avait le regard dans le vide, les yeux bouffis par les larmes qu'elle avait versé au long des heures et avaient du sang séché sur toutes la longueur de ses lèvres: elle les avait mordues jusqu'à se blesser.
Kai l'aida à se relever puis la porta à la salle de bain.
-Pourquoi tu ne me laisses pas. Layla lui dit amèrement alors qu'il la déposait au sol. Laisse-moi.
-Dis ce que tu veux. Tu as mal quelque part?
-Laisse-moi. Elle cria avec peu de force.
-Layla je suis sérieux. Est-ce que tu as mal quelque part?
Comme elle ne lui répondit pas, Kai lui attrapa le bras pour l'orienter vers la douche.
-Peu importe. On va te laver et ensuite on ira à l'hôpital.
Violemment, elle s'ôta le bras.
Kai ne se mit pas en colère. Il voulait seulement la soutenir et l'aider afin qu'elle aille mieux.
-Ma puce, il faut qu'on aille à l'hôpital.
-Ça va me passer c'est juste un petit mal en point. Ne t'inquiète pas. Elle lui dit battant les paupières pour arranger sa vision troublante.
Elle parlait d'une voix faiblarde et de temps en temps Kai remarqua que ses mains tremblaient légèrement.
Il les lui prit dans ses propre mains pour la calmer.
-Inspire. Kai lui dit impérativement.
-Pourquoi est-ce que tu fais semblant de m'aimer?
-Allez ma puce inspire. Il répéta, faisant mine de ne pas avoir entendu.
Elle obéit.
-Expire.
Elle obéit encore.
Ils répétèrent ces actions pendant deux bonnes minutes puis, les tremblements de Jaïa ayant alors cessé, il la tourna doucement face au miroir.
-Regarde-nous. Je serai toujours là pour toi, avec toi, ne doute plus jamais de ça d'accord?
-Je ne peux pas faire ça. Je ne t'ai jamais cru quand tu me disais que tu m'aimais. Elle fit un petit rire. Et je ne te crois toujours pas, je ne peux me le permettre. Affirma Jaïa. C'est impossible que tu m'aimes comme tu prétends me le faire croire.Kai savait bien ce qui se passait. Ce n'était pas vraiment elle qui s'exprimait. Elle laissait son anxiété prendre le dessus. Il l'enlaça fortement.
-Je t'aime bien plus que ce que tu penses que je prétend te faire croire. Je ne te laisserai jamais, tu es piégée avec moi.
-Et si je te laisse, moi?
Elle dit cela puis deux larmes coulèrent sur ses joues. Comme si cela les menaçait vraiment.
-Tu n'auras jamais l'occasion de le faire. Il dit avec toute sa conviction.
Elle savait bien qu'il l'aimait, elle en était consciente mais se refusait à l'accepter. Une âme morte comme elle. Elle pensait. Ne méritait en rien l'amour de quelqu'un. Elle ne méritait que souffrances et troubles, sa vie ne l'ayant alors enseignée que cela.
Elle regardait son reflet dans le miroir et se disait intérieurement que jamais elle ne serait assez pour lui.
L'autre partie dans son cerveau le lui criait hautement. Elle lui criait qu'elle ne savait rien du tout de ces sentiments, qu'elle n'était en conscience de rien et qu'elle de ne devait pas accepter ce mensonge qui plus tard, la détruirait forcément. Elle écoutait cette partie là. Ce qu'elle lui disait lui semblait plus véridique.
Mais qu'en était-il de ce qu'elle ressentait elle, pour lui? Et cette chaleur protectrice qu'elle sentait l'accaparer quand il l'enlaçait? Était-ce aussi le fruit de son imagination ou était-ce réel? Et ces plaisirs qu'il lui avait procurée? Non. Ceux-là étaient bien réels, elle en frissonnait encore rien qu'à y penser.
Mais de côté le charnel, allait-elle jamais être heureuse? Ou? La pitié?
Oui c'était sans doute cela qu'il ressentait pour elle. Une sorte de pitié, pauvre Jaïa!
Toutes ces choses se bousculaient dans sa tête et pour avoir un semblant d'échappatoire, elle se tourna puis enfouit sa tête contre le torse de Kai.
Ils allèrent dans leur chambre, après s'être rapidement lavés, puis se couchèrent.
Ils ne dormaient pas pour autant. Le sommeil ne daignait prendre Jaïa et Kai refusait de se laisser aller, si une éventuelle complication se présentait au milieu de la nuit, alors que la fatigue le décimait.
Ils étaient face à face, se scrutant comme si leurs vies en dépendait. Kai essayait, à voir l'intensité de son regard, de lire dans ces grands yeux marrons qui s'illuminaient en face de lui. Ils étaient impénétrables cependant, qu'importe l'effort qu'il mettait pour arriver à les percer.
Jaïa passa ses bras autour de lui puis ferma les yeux. Son esprit s'était calmé et elle s'était mieux sentie.
La paix de l'esprit, voilà seulement ce qui compte vraiment. Tous les maux peuvent être traités avec elle et tout est chamboulé quand elle est perturbée.
Jaïa essayait depuis longtemps d'arriver à manipuler cette paix mais, elle lui filait à chaque fois entre les doigts. Voilà la seule vraie explication à son mal, son esprit n'était pas en paix.
Où tout a t-il commencé? À quel moment s'était-Elle perdue dans cette abîme?
Du plus loin qu'elle s'en souvenait, cela n'avait jamais été mieux. En tout cas pas plus mieux que maintenant, avec Kai.
Mais rien n'était malheureusement plus éternel que l'éternel, tout avait une fin.
Tout, même la promesse de ne jamais se laisser...Kai décida de manquer la journée de cours à l'université pour rester avec Jaïa, bien qu'elle ne consentait pas à cela. Il refusait catégoriquement de la laisser seule et lui avait même proposée qu'ils sortent un peu pour aller «prendre l'air». Elle avait décliné. Il prépara le petit-déjeuner et le lui apporta au lit. Il débarrassa tout après ça puis la porta à la salle de bain. Layla plaisanta un peu à propos de cela.
-Je peux marcher tu sais? Elle lui avait dit.
-Je n'ai pas envie que tu t'épuises. Il avait répondu.
-Tu es plus épuisé que moi je te signale, tu n'as pas fermé l'œil de la nuit. Je pense que tu devrais dormir un peu.
-Je dormirais quand toi tu auras dormi. Maintenant arrête de parler et lave toi plutôt les dents.
Elle lui obéit et se mit immédiatement à l'œuvre.
Kai se déplaça un moment hors de la pièce et Jaïa profita pour cacher ses serviettes-éponges qu'elle utilisait lors de ses menstruations.
Lorsque ce dernier revint, il remarqua qu'elle était un peu tendu. Il lui demanda alors si tout allait bien.
-Ça va. Elle mentit. C'est juste que je me souviens que j'aurai mes règles bientôt et je n'ai pas de serviettes.
-Tu es sûre? Il dit en ouvrant le petit placard en haut à côté du lavabo.
Et voyant qu'il n'y avait pas de serviette à l'horizon, il articula:
-Je me souviens pourtant d'en avoir vues ici là quelque part.
-Tu t'es peut-être trompé.
-Je vais t'en acheter après. Allez! Il dit en lui tapotant les fesses. Viens te doucher.-J'ai un comme un mauvais pressentiment. Kai formula, passant ses mains sur le dos de Jaïa pour lui étaler le savon.
-Comme quoi?
-Je ne sais pas, depuis quelque jours je me sens bizarre, comme si quelque chose allait m'arriver ou je ne sais quoi.
Jaïa avala sa salive puis releva les yeux.
-Je ne vois pas ce qui pourrait t'arriver. Depuis que tu as eu cet accident tu es plus prudent en voiture. Elle dit pour le rassurer.
-Je sais mais, c'est peut-être un de mes amis qui va avoir un problème. Mais tu as raison, c'est peut-être rien aussi.
Il se retourna pour qu'elle puisse lui passer le savon à son tour.
-Je t'aime Kai. Déclara Jaïa.Kai partit au supermarché après ça pour aller lui prendre les «serviettes» qu'elle «n'avait pas» et aussi pour faire quelques rapides courses. Il y allait à contre cœur mais s'était résigné car ils avaient grandement besoin de ce qu'il allait acheter. Il avait ordonné à Layla de laisser son téléphone près d'elle car il ne voudrait pas ne pas la joindre s'il appelait. Il lui avait également ordonnée de l'appeler au moindre malaise.
Bref, Layla mit son portable sur silencieux.Kai eu d'un coup un mauvais pressentiment. Il appela Layla mais tomba après plusieurs sonneries sur son répondeur. Pas grave. Il s'était dit. Elle était peut-être dans une autre pièce à ce moment-là. Mais pourquoi avait-elle laissé le téléphone alors qu'il lui avait pourtant bien fait comprendre qu'elle devait l'avoir près d'elle? Elle était si têtue!
Il se dépêcha de passer à la caisse.Kai ouvrit la porte d'entrée et foula le sol de l'appartement. Il héla sa petite-amie, lorsqu'il pénétra la cuisine, et déposa les courses sur le foyer. Elle n'avait pas répondu.
Il alla dans la première chambre; vide, la seconde; également vide. Où diable était elle passée?
Il poussa la porte de la salle de bain, mais un poids l'empêchait de l'ouvrir complètement.
Il fronça les sourcils puis poussa encore une fois avec plus d'intensité.
Malheur! Qui vit-il allongé au sol de tout son long? Layla, souffle presque réduit à néant.
-Merde! Layla. Il dit en lui tapotant la joue.
Il balaya le sol d'un regard rapide. Des flacons, son sac de cours et une seringue. Il prit un des flacons pour l'analyser. Ah! Pas le temps pour ça, il fallait la conduire immédiatement à l'hôpital.
Il la porta rapidement à sa voiture puis vérifia encore son souffle. Elle était faiblarde et sèche mais elle était là quand même. Il démarra à la vitesse de l'éclair. En route il contacta Kyle à qui il donna sa destination et lui expliqua également toute l'histoire.
Il arriva à l'hôpital et aussi rapide qu'il le pût, il courût avec Layla sur ses bras jusqu'à l'intérieur. Il criait désespérément à l'aide et urgemment on lui prit Layla des mains. Les médecins avaient vu l'état de la situation et agissaient en conséquences. La patiente s'étiolait.

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De l'autre côté
RomanceAimer... Brûler d'amour pour quelqu'un... La sensation de se sentir désirer nous amène de l'autre côté, le côté de l'éternel bonheur. Korey Isak Alexander était de ceux qui ne cachait ses sentiments lorsqu'ils étaient réels. Cacher? Pourquoi et co...