L'homme pénétra son office, et s'assit derrière son bureau. Raccrochant l'appel qu'il faisait, tombant sans cesse sur l'écouteur, il rangea son portable et appela par l'interphone, son assistante et secrétaire qu'il avait sermonné tantôt.
-J'aurai besoin que vous appelliez ma fille pendant la journée, vu que je ne pourrais pas à cause de ces innombrables réunions. Je n'arrive pas à la joindre. Lui avait-il dit alors qu'elle souillait à peine le seuil.
-C'est entendu monsieur.
-Laissez-moi voir l'emploi du temps. Il ajouta sur un ton plus calme.
Il souffla un bon coup en voyant la liste remplie qu'il tenait et lança sur un ton plaignant:
-Je n'ai même pas une petite heure pour soufflez un peu. Janet je vous en prie dîtes moi qu'on peut encore renvoyer des rencontres pour la semaine prochaine.
-Je suis navrée monsieur mais vos associés sont très insistants et n'arrêtent pas d'appeler.
-Alors je vais devoir supporter la tête de ces vieux Ferguson et Grant pendant trois heures. Continua t-il de se plaindre.
-J'ai bien peur que oui. Osa rire Janet, trouvant cela extrêmement drôle qu'il traitait Daniel Ferguson de vieux.
Elle se retira.
Il n'avait rien contre Grant. Mais personne à l'entreprise n'ignorait que le patron, Warner Crawford, détestait incontestablement Daniel Ferguson, qui n'était autre que le détenteur de dix pour-cent de sa compagnie. Ses dix pour-cent, il les avait acquis une dizaine d'années auparavant, quand l'ancien associé de Crawford désirait laisser ses parts entre les mains d'une «personne de confiance»pour aller s'installer dans les Caraïbes. Disant que l'Amérique le répugnait au plus haut point. On en rirait presque, lui qui était profondément américain de sang et de naissance.
Pour en revenir à Crawford et à Ferguson, ils avaient appris à se supporter car étant associés, tout dérapage entre eux aurait pu porter préjudice à la compagnie.
Warner Crawford bien qu'étant dans la cinquantaine, n'avait là sur sa tête même pas un seul cheveux gris. Il avait bien mûri, il vieillissait bien et avait une santé parfaite. Le seul hic qui l'empêchait de bien se porter depuis le début de la semaine, était un affreux toux sec qui lui cassait l'estomac. Et bien sûr, qui d'autre pour faire remarquer à Crawford qu'il allait se tordre l'estomac en toussant ainsi, que notre homme, Daniel Ferguson.
Ils s'étaient croisés alors qu'ils se trouvaient dans la même allée menant là où la réunion allait se tenir. Crawford avait mal pris sa remarque, «tenez votre langue» il lui avait dit. Et tenir sa langue, pouvait-il vraiment faire cela? C'était d'ailleurs l'unique problème qui faisait qu'ils ne s'entendaient pas. Daniel Ferguson ne savait en rien tenir sa langue. Le jour où Crawford allait perdre tout estime pour cet homme fut quand il avait osé parler des «problèmes» de sa famille. À chaque fois que Warner Crawford l'avait sous les yeux, il ne pouvait s'empêcher de repenser à ce qu'il avait dit, sachant pertinemment qu'il n'avait le droit de parler de la vie personnel de son associé.-Vous avez combien d'enfants Warner? Il avait répété ce jour-là, alors qu'ils sortaient tous deux d'une fructueuse négociation.
-J'ai deux filles.
Crawford l'avait répondu sans le regarder.
-Une qui ne porte pas votre nom. Ferguson avait osé dire sans scrupule.
-Comment? Manqua Warner de s'étouffer.
-J'ai fait mes petites recherches sur vous. Votre première fille n'est pas de votre épouse donc on pourra dire que c'est une batarde et en somme, une batarde qui ne porte pas votre nom. Vous l'avez sans doute abandonnée. Il ajouta sous un petit ton de plaisanterie. Je ne vous juge pas.
Mais petit quand même, quelque chose d'autre se cachait derrière son masque d'hypocrite.
-Qu'est-ce qui vous fait penser que vous pouvez carcailler comme ça au sujet de ma famille? Avait demandé, non sans être bouillant de rage Warner Crawford.
-Ça va on fait tous de petites erreurs.
Il lui tapota l'épaule.
-Ne me touchez pas. Warner lui avait jeté en lui lançant un regard noir. Être associé dans cette entreprise ne vous donne pas le droit de vous immiscer dans ma vie privée...
-Je ne m'immisce pas dans votre vie privée. Le coupait t'il. Il est juste toujours bon de connaître les gens que l'on côtoie chaque jours, pour ne pas être surpris.
Et sur ce, il s'en alla, laissant Warner Crawford avec sa rage. Pourquoi ce dernier avait-il été en colère d'ailleurs alors que tout cela était vrai? Il avait sans doute peut-être abandonné sa fille et encore l'avait conçue hors mariage mais, de là à l'appeler bâtarde...
Quoique les gens pouvaient en dire, il aimait ses enfants et il aimait sa bâtarde.

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De l'autre côté
RomanceAimer... Brûler d'amour pour quelqu'un... La sensation de se sentir désirer nous amène de l'autre côté, le côté de l'éternel bonheur. Korey Isak Alexander était de ceux qui ne cachait ses sentiments lorsqu'ils étaient réels. Cacher? Pourquoi et co...