CHAPITRE 1

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 Alinta

– J'ai peut-être les centimes... Deux, dix, quinze euros et combien déjà ?

J'observe la dame au caniche de l'autre côté de la caisse en tentant de ne pas perdre le peu de patience qu'il me reste.

– Quinze euros et cinquante-huit centimes, s'il vous plaît, je demande pour la quatrième fois avec un faux sourire.

– Ah mince, je n'ai pas, dit-elle en me tendant un billet de cinquante euros.

Je fixe le billet en refoulant un soupir d'agacement.

Je déteste mon boulot.

Je termine l'encaissement, lui rend sa monnaie et la salue en espérant qu'elle ne reviendra pas avant la semaine prochaine. En la regardant ranger ses courses, je réalise que je n'en ai pas encore fini avec elle, lorsque mon regard tombe sur son caniche attaché au pied de la deuxième caisse. Je réprime un énième soupir d'agacement et sors de la zone caisse pour me diriger vers le caniche, le détacher et tendre la laisse à sa propriétaire dont j'ai oublié le nom depuis un moment.

– Merci, je le ferai bien moi-même, mais j'ai mal au dos...

C'est ce que j'ai cru comprendre quand elle m'a fait traverser la totalité du parking du magasin avec ses trois sacs de courses la semaine dernière. Au lieu de la blâmer pour ses souffrances physiques, je dessine un autre faux sourire et lui souhaite une bonne journée.

Je la regarde s'éloigner sur la place avant de jeter un coup d'œil dans le magasin.

Personne.

Mon patron est censé prendre sa pause repas dans un peu moins d'une heure. Je me dirige vers le bureau et je le préviens que je vais jeter les poubelles et prendre l'air par la même occasion. Concentré sur son téléphone, il acquiesce sans réellement écouter ce que je dis.

J'enfile ma veste et récupère les poubelles avant de sortir du magasin. Une fois les poubelles jetées, je rentre à nouveau dans le magasin et récupère une pomme sur l'un des étalages, avant de ressortir et de m'asseoir sur mon banc favori de la place.

Je sors mon téléphone et écoute les messages vocaux que ma meilleure amie Sarah m'a laissé ce matin. La majorité tournent autour de sa famille complètement déjantée et les études qui la fatigue. Je ne sais pas toujours quoi lui répondre, mais je comprends sa frustration, ayant moi-même une famille assez spéciale.

Après avoir répondu, je traîne sur Instagram et TikTok en surveillant l'heure pour ne pas dépasser les quinze minutes de pause.

Au bout de seulement cinq minutes, mon téléphone vibre à l'arrivée d'un message de mon patron.

Patron : Touristes qui parlent anglais, besoin de toi.

Je me dépêche de finir ma pomme et rentre à nouveau dans le magasin. À la recherche de mon patron et des touristes, je scanne le magasin. Assez vite, mes yeux se posent sur eux à côté du rayon des compléments alimentaires et cosmétiques. Je m'approche doucement en plaquant à nouveau un faux sourire sur mon visage.

Plus qu'une heure et tu as fini ta journée.

Pense à ton salaire.

Mon patron me repère et semble soulagé et s'éloigne du duo composé d'un homme assez grand et d'une femme blonde plus petite avec un gilet autour de la taille.

– Bonjour, comment puis-je vous aider ?

Les deux se tournent vers moi avec un air gêné et mettent un petit moment à me répondre.

LOVE AND POETRY {réécriture}Where stories live. Discover now