CHAPITRE 23

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Alinta

Nathan me regarde attentivement et hoche la tête.

Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit que je ne voulais pas de lui ici. Sa présence chez moi a un peu été forcée, mais je m'y suis faite et je l'apprécie. Peut-être un peu trop...

– Je vais nettoyer ça, ne bouge pas.

Je le regarde nettoyer, toujours assise au sol, en priant pour qu'il ne me prenne pas pour une folle et reste avec moi ce soir.

Je suis un désastre humain. C'est mon anniversaire et je suis en train de pleurer par terre, pendant que celui qui est censé être mon invité, nettoie mes conneries.

– Et voilà, ni vu ni connu.

Je regarde en direction de ma table de chevet et grimace en voyant l'emplacement de la lampe, qui est maintenant vide.

– Ouai à l'exception de ça, dit-il en pointant la table du doigt.

Un début de sourire apparaît sur mes lèvres, mais disparaît assez vite.

Nathan s'assoit par terre à côté de moi.

– Ça va tes mains ?

Il les prend et les examinent avant même que je réponde.

Constatant que les saignements n'ont pas repris, il lâche mes mains. Avant d'en prendre une et de la laisser reposer sur son genou. Sa main couvre la mienne. Ce n'est qu'un petit geste, mais ça suffit pour m'émouvoir et faire remonter les larmes. Un désastre humain et émotionnel, c'est réellement ce que je suis.

Nathan sert ma main en signe de réconfort, mais ne parle pas. Mes larmes continuent de couler quand il prend la parole.

– Je pense avoir compris les grandes lignes de ce qui est arrivé au Portugal... Je ne sais pas pourquoi ta mère agit comme ça, mais je veux que tu comprennes quelque chose. Rien de ce qui est arrivé, n'étaient ta faute, ok ?

J'ai rêvé pendant des années que ma mère prononce ces paroles pour me réconforter. À la place, c'est un homme que je connais depuis à peine un mois, qui a atterri dans ma vie un peu au hasard, qui me rassure.

Il n'a pas entendu l'histoire dans sa totalité, mais il me croit.

Nathan me saisit délicatement le menton et relève mon visage pour que je le regarde.

– Regarde-moi Alin, ce n'était pas ta faute.

Ses yeux verts ne reflètent pas de pitié, mais de la douleur et de la sincérité.

– Dis-le avec moi.

– Ce n'était pas ma faute...

Ces mots me paraissent faux et étrangers quand je les prononce à voix haute.

Il hoche la tête et lâche mon visage. Sa main saisit à nouveau la mienne.

Ce n'était pas ma faute.

Épuisée, je pose ma tête sur son épaule et il me laisse faire. Comme les autres fois où j'ai été en contact avec Nathan, je savoure le sentiment de sûreté que ça me procure. Il y en a eu peu, et ne duraient pas très longtemps, mais à chaque fois, son toucher m'apaisait et ne me mettait pas en état d'alerte, comme avec les autres.

– Je la déteste actuellement.

Les mots m'échappent avant même que l'information monte au cerveau.

Nathan rigole légèrement.

– Qu'actuellement ?

– C'est probablement une des pires mères que la Terre ait connues, mais c'est ma mère... C'est compliqué de la détester pour de bon.

LOVE AND POETRY {réécriture}Where stories live. Discover now