Chapitre 12 : Petits jeux

57 9 9
                                    

Je le fixe avec une attitude de prédateur et je réponds :

- Est-ce que ça signifie que vous êtes gay ?

- J'ai eu une petite amie au lycée.

- Moi aussi, et pourtant, je suis totalement gay.

Il croise les mains au-dessus de son assiette, une lueur espiègle dans le regard.

- Vous ne vous démontez pas.

- Et vous, vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Ou alors cela vous amuse-t-il de me mener en bateau ?

- Je plaide coupable.

Il éclate de rire et ce son se propage dans ma poitrine, la faisant vibrer à l'unisson.

- Pour tout vous dire, je n'ai pas de préférence. Je ne suis pas très porté sur la chose.

Je me redresse avec surprise.

- Vous êtes asexuel ?

- Je ne dirai pas que je n'ai aucun plaisir. Ce n'est juste pas mon truc, je suppose.

- Vous avez essayé les deux côtés ?

- Je ne suis jamais allé jusqu'au bout avec un homme, si c'est ce que vous voulez savoir.

Je hoche la tête avec un sourire triomphant.

- Devrais-je vous initier alors ?

- Bien tenter, mais non merci.

- Vous n'êtes pas drôle !

- Et vous, vous ne vous démontez pas ! J'aime beaucoup vous faire marcher. En vérité, je suis plus ce qu'on appelle pansexuel.

Je fronce les sourcils.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Pour faire court, je ne suis pas attiré par un genre en particulier.

- Vous êtes bi alors.

- Non, c'est différent. Mon attirance est liée à un tout et non à une biologie. Je peux être aussi bien attiré par un homme qu'une femme, mais aussi par un homme qui se considère femme ou inversement.

- Alors si j'étais transgenre, vous n'y verriez pas d'inconvénient.

- Exact.

Je souris alors de toutes mes dents.

- Donc, j'ai toutes mes chances.

Gaël ne répond pas et se contente de hausser les épaules en détournant le regard.

Je suis soudainement mal à l'aise sur ma chaise alors que j'observe l'infirmier se mordre la lèvre et soupirer.

Je dépose la main sur son bras pour l'obliger à me regarder.

- Hé, qu'y a-t-il ? C'est parce que je ne vous plais pas ? Ou suis-je trop insistant ?

- Je vous l'ai dit la question n'est pas là. Que vous me plaisiez ou non, vous êtes mon patient...

Je fronce des sourcils et retire vivement ma main de son bras comme si je m'étais subitement brûlé. Et une colère sourde s'insinue en moi.

- Attendez, si je comprends bien, vous ne vous laisserez pas séduire parce que je suis votre patient ?!

Gaël déglutit et reporte son attention sur son assiette. Je fulmine d'autant plus, détestant lorsque l'on me fuit ou évite délibérément de me répondre.

- Soyez honnête. Regardez-moi droit dans les yeux et osez me dire que je ne vous plais pas ou que vous gardez vos distances parce que je suis votre patient.

Maladie D'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant