L'Héritage des Ombres : La Fille de la Nuit

Chapitre 7 : Recherches en Patagonie (4/4)

Elena se repositionna d'un vif bond en arrière, ses deux armes flamboyantes virevoltant et parant celles d'adversaires invisibles. Les genoux fléchis, laissant transparaître à travers sa fine tenue ses cuisses aux muscles saillants, elle se fendit d'une feinte avec sa lame gauche et d'un coup circulaire fit voyager sa jumelle en direction du cou de son assaillant imaginaire. Sans perdre un instant, elle exécuta une souple pirouette. Son corps était en harmonie totale avec ses épées, ces dernières donnant l'impression d'être la prolongation de celui-ci. Reprenant sa respiration, elle posa tendrement ses armes au sol et alla se désaltérer dans le petit vestiaire situé en annexe de la salle d'entraînement. Lorsqu'elle revint, elle trouva Amin en train d'analyser avec intérêts ses épées.

Le jeune soldat sursauta lorsqu'Elena, de sa voix sévère, lui adressa la parole :

— Ne sois pas timide, soldat ! Prends-les donc en main !

— Vous êtes sûre, Lieutenante ?

— Si je vous le propose !

Amin s'accroupit et prit une des armes dans ses mains. Elle était formidablement légère et moins longue qu'il lui avait semblé le jour de l'affrontement. Son manche simple, de couleur noire, n'arborait aucun symbole ou décoration. La lame, elle, magnifiquement bien entretenue, donnait l'impression de pouvoir trancher le sol métallique comme le sable fin d'une dune. Se baissant une nouvelle fois, le soldat attrapa de sa main gauche l'autre épée, qu'il étudia avec la même attention.

Elena l'observait avec amusement, alors qu'Amin essayait de découvrir une quelconque différence entre les deux lames. Il n'en trouverait pas.

— Je me demande comment vous faites pour les manier de la sorte. Déjà qu'une seule lame demande des années et des années de pratique, alors deux... je n'ose même pas imaginer.

— Tu sais te servir d'une épée ? l'interrogea-t-elle.

— Cela faisait partie de notre formation, à l'institut je veux dire. Donc oui, partiellement. Pourquoi ?

— Tu vois les armes pendues au mur ? Choisis-en une et viens m'affronter. Je suis fatiguée de combattre l'air. Un véritable combat me fera le plus grand bien.

Amin, sans répondre, se dirigea en direction du mur indiqué et observa avec intérêt les différentes armes qui lui étaient proposées. Il avait le choix entre des sabres, des coutelas, des cimeterres — qui ressemblaient à s'y méprendre aux armes d'Elena —, des schiavones ou encore des épées plus classiques. Il choisit le sabre, le sous-pesa en le prenant en main et rejoignit l'impressionnante brune qui l'attendait déjà en position de combat.

Ils s'explorèrent tous deux du regard, sans que le moindre muscle ne frémisse, et Elena lança la lutte d'un simple hochement de tête. Du moins, Amin le comprit ainsi et s'élança avec rapidité en direction de la lieutenante. Celle-ci, sans ciller, patienta le juste moment pour enclencher sa parade. Le sabre rencontra l'épée gauche d'Elena, provoquant un bruit strident qui résonna dans toute la salle. De son autre lame, elle frappa avec force, presque à la hauteur du manche de l'arme de son adversaire qui lui échappa alors des mains ; et sans plus attendre elle réalisa un agile tour sur elle-même et lui asséna un violent coup de pied au thorax qui propulsa Amin mordre la poussière sans ménagement.

— Debout ! On recommence !

Le soldat se rendit rapidement compte, alors qu'il subissait sans équivoque la supériorité d'Elena, que l'affrontement s'était métamorphosé en entraînement. Durant la demi-heure épuisante de combat qui suivit, où les lames s'entrechoquaient à un rythme régulier et où la sueur coulait à flots, la jeune double épéiste ne cessa de le conseiller.

Alors qu'elle lui expliquait comment anticiper les feintes latérales de son adversaire, Lazare fit irruption précipitamment dans la pièce.

— Elena, Elena ! Stop ! Tu lui apprendras son métier plus tard. Le détecteur a trouvé quelque chose, une trace divine importante. On y sera d'ici deux minutes. Va prévenir les troupes. Maintenant !