Vert de Glace

Chapitre 25

Les jours passaient et puis, Clara finit par décider de repartir. Les elfes étaient surprit mais ne la retinrent pas. Pas même Thranduil, qui détourna le regard, lorsqu'elle posa ses yeux sur lui. Puis elle partit, son immense cape noire, brodée de fils d'argent.  Sa silhouette élancée et fine se découpait face au soleil qui se levait. Ses cheveux blonds scintillaient. Une dernière fois, ils virent son regard et son visage doux, avant qu'elle enfile son masque cachant son expression.  Puis elle disparut. Le vide voilà ce que ressentait Thranduil qui laissait le doux vent souffler sur son visage et ses yeux fixer là où elle était placé. Ses cheveux mi-longs se balançaient doucement. Puis enfin, il se détourna pour lui aussi décider de repartir vers ses hommes qui l'attendaient.
-" Allons-y !" déclara-t-il. Il avait essayé d'être en contact avec elle, mais rien... ils s'évitaient, ou ne pouvaient se croiser. Chaque fois, ce silence... les regards qui fuyaient.  Il monta sur son cheval et tira sur les rênes pour s'en aller. Pourtant Elrond se trouvait sur son chemin. Comme toujours... il avait quelque chose à dire !
-" Qui y a-t-il ?" demanda-t-il, soupirant agacé.
-" Je ne vous ai pas remercié de m'avoir sortit d'affaires la dernière fois... Merci Mellon nin !" déclara Elrond. Le léger son que sortirent les lèvres du souverain montrèrent bien son enthousiasme d'avoir eu la reconnaissance, ce qui fit froncer les sourcils au Sage d'Imladris.
-" Nous repartons aussi de nôtre côté ! J'espère... que tout ira bien !" lança-t-il, s'en allant rapidement lui aussi. Thranduil, le suivit des yeux, légèrement décontenancé par sa phrase. Il faillit émettre un léger rire amusé. Vraiment Elrond ne changera jamais ! Toujours aussi peu... fin ! Il l'aimait bien en tant que demi-elfe ! Il finit par se diriger lui-même vers son royaume. Tant de choses à préparer ! 


Quelques mois étaient passés. La relation avec les humains était difficile, et Thranduil qui regardait la neige tomber sur son balcon, soupira. Depuis qu'il était venu leur dire sur un ton triomphant qu'ils avaient été aidé par le Diamant Noir, cela n'avait fait que rendre leurs relations plus glaciale et tendus ! Il avait entendu pas mal d'humains réclamer qu'ils payent pour les douleurs et autres sévices causés.  Il ne sentait pas forcément concerné. Pas de nouvelles d'elle. Il n'avait pas reçut de lettres d'Elrond, ni de Celeborn, ce qui légèrement l'inquiétait. Ils lui avaient dit qu'ils écriraient !  Il fixa sa forêt, aux arbres noircit, qui tranchaient avec la blancheur de la neige. Ce triste spectacle rendait les elfes malheureux et silencieux. Même les elfons qui jouaient parfois sous son balcon, se taisaient. Feren, semblaient comme fatigué. Son frère avait réintégrer le palais, sous la menace d'être envoyé en patrouille pendant cent ans ! Thranduil, finit par quitter son balcon, et se diriger vers les couloirs. L'elfe était aveugle, et parfois il se perdait. Plusieurs fois, il l'avait croisé. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher de remarquer le léger tressaillement de peur. Sa présence restait une menace... et même si il n'était pas comme son père, sa ressemblance provoquait cette peur qu'il lisait dans les yeux. Son fils se sentait mieux et continuait de s'exercer, dans son coin. Il le vit s'entraîner à l'arc, malgré que la neige tombait doucement sur lui. Cela le fit légèrement sourire.
-" ion nin ! Ne t'épuise pas à la tâche ! Tu ne me surpassera pas !" lança-t-il, taquin. Son fils sursauta et manqua de rater sa cible. Il se tourna vers lui et lui jeta un regard noir.
-" Adar ! Allez-vous en !" s'écria-t-il.
-" Comment ?! Tu ose chasser ton père du terrain d'entraînement ?" s'exclama presque offusqué le roi, s'avançant, tout en croisant les bras derrière son dos.  Legolas se précipita vers lui, dans le but, de le prendre par surprise, mais rapidement, il se retrouva freiner.
-" Tu crois que je ne connais pas toutes tes petites ruses ?" glissa son père, se retrouvant à tournoyer avec légèreté  autour de son fils, pour échapper à ses mains.
-" Adar !! Vous me déconcentrez !" protesta le Prince.
-" N'ai-je pas le droit de venir te voir ? Te parler ?" demanda Thranduil, fronçant les sourcils légèrement. Son fils détourna le regard. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose que lui, ressentait depuis un moment, comme une rancœur...
-" Legolas... qui y-a-t-il ?" mais voyant que son fils se perdait dans son mutisme, il attrapa son menton, pour qu'il le regarde enfin. Et il y vit, de la colère, de l'amertume.  Cela le surprit et le décontenança.
-" Legolas... parle moi... ce que je vois ..."
-" Vous ne voyez rien !" le coupa l'archer.  Sa voix était devenue glaciale et dure. Et il s'éloigna rapidement.
-" Ion nin ! Je suis ton père ! J'ai le droit de savoir ce qu'il se passe ! Pourquoi es-tu a ce point en colère ? Ai-je fait quelque chose qui provoque cela ?!"  répliqua-t-il. Mais ne voyant aucunes formes de réponses, il finit par le rattraper, et l'arrêter, en le tenant par le bras.
-" Legolas ! Je t'ai posé une question !" sa voix claqua, devenue froide et sévère.
-" Pourquoi n'avez-vous pas insister pour qu'elle reste ?! Je suis sûr que vos souvenirs seront retrouvés si vous restiez près d'elle !" son fils se débattit, mais la poigne était de fer et l'empêchait de partir.  Thranduil resta un moment, les yeux dans le vague avant de finir par réaliser de quoi parlait son fils.
-" Legolas, tu ne vas tout de même pas me dire d'aller la retrouver pour juste ça ? C'est le passé ! Et nous avons eu un accord commun..."
-" Et alors ?! Vous pourriez être bien plus heureux ! Tout le monde pensait que vous y arriverez ! Tout le monde sait désormais que votre seul amour était elle ! Clara était celle que vous aimiez avant le drame ! Pourquoi ne pas vouloir tenter de réparer les choses ! Lui proposer de rester ici !? Elle serait en sécurité ici !" cria Legolas, les yeux brillants de colère.
-" Ne me crie pas dessus !" gronda le souverain, avant de pousser un soupir.
-"Vous savez que j'ai raison !" répliqua son fils, s'entêtant. Thranduil, lui jeta un regard glacial.
-" Peut-être ! Mais maintenant pour la retrouver, ça risque d'être compliqué ! Je ne compte pas... repartir vers cette ville..." dit-il, légèrement réfractaire, pour y retourner. 
-" Aran nin ?" la voix de Feren l'interrompit. Il se tourna vers son Bras Droit qui les regardait. Et il se rappela qu'il n'avait toujours pas discuté avec Feren... sur son frère aveugle. Un elfe aveugle était quelque chose... qui n'avait été abordé que rarement ! Il ne voulait pas le mettre à l'écart.
-" Oui Feren ?" l'elfe brun, inspira.
-" Dame... Clara est ici !" annonça-t-il, les stoppant. Legolas eut un sourire joyeux et finit par se libérer de la poigne de son père, pour foncer dans le couloir.
-" Où se trouve-t-elle ?" demanda finalement le roi, se massant le front agacé.
-" Dans la salle du trône..." répondit l'elfe brun.
-" J'essaye de trouver une solution, pour votre frère Feren..." lança-t-il avant de s'éloigner à grands pas. Clara apparaissait vraiment quand on ne s'y attendait pas ! 
Il arriva enfin dans la salle du trône et la vit. Son visage était découvert.  Ses yeux verts se posèrent sur lui. Elle offrit un doux sourire.
-" Bonjour." dit-elle. Il lui jeta un regard de côté. Il voulut tout d'abord aller s'asseoir sur son trône, mais il préféra rester à la hauteur de la jeune fille.
-"Hum. Puis-je savoir ce que vous faites ici ?" demanda-t-il finalement, se servant du vin. Il ne lui demanda pas si elle en voulait, il la considérait comme une enfant !
-" Je suis venu voir le frère de Feren !". Il manqua de recracher son vin, et lui jeta un regard noir.
-" Qu'est-..."
-" Clara ! Vous êtes ici ! Vous m'avez manqué !" s'écria la voix de Legolas. Il s'avança avec rapidité et s'inclina devant elle. Elle eut un moment de surprise dans ses prunelles avant de rire légèrement.
-" Voilà qui est si franc et honnête !" déclara-t-elle. Thranduil eut un léger grognement de mécontentement. Son fils l'empêchait de savoir quelque chose.
-" Et si vous restiez dîné ? Adar ! ça serait bien non ?" Legolas se tourna avec de l'espoir dans les yeux. Son père laissa échapper un claquement de langue.  Il allait devoir avoir une discussion avec son fils. Presque lui forcer la main sur cette invitation, n'était pas du tout ce qu'il appréciait ! 
-" Fort bien !" fit-il enfin, buvant sa coupe tranquillement et la posant avec sécheresse après l'avoir terminé. Elle sourit.
-" J'accepte cette invitation ! Puis-je rencontrer Feren ?" demanda-t-elle.
-" Bien entendu ! Venez ! Il doit être dans son bureau ou à la bibliothèque !" Legolas la dirigea rapidement, vers le couloir, laissant son père, totalement muet de stupeur, avant qu'il sente la moutarde lui monter au nez !
-" Oh bon sang ! " ragea-t-il, et il décida de sortir un peu prendre l'air. Son fils lui donnait parfois le tournis, à faire ce qui lui plaisait et sous son nez en plus !  Il finit par se retrouver sur le pont à observer les maisons qui semblaient paisibles. Les quelques elfons, jouaient et riaient, avant de s'arrêter, en voyant qu'il les regardaient. La peur se lisait dans leurs regards et cela l'assombrit.  Il se détourna et retourna à l'intérieur du palais.  Les murmures étaient forts. Il entendait le surnom de Clara.  Pourquoi se faire nommer ainsi ! Un surnom qui n'allait pas avec son caractère !   Il finit par se rendre naturellement près de la porte du bureau de Feren et entendit les voix qui parlaient.
-" Je ne pense pas que rester ici vous fera du bien Dame Clara ! Vous savez parfaitement que la forêt est maudite ! Elle peut faire perdre la raison ! Et le roi... est déjà presque atteint de cette malédiction !" lâcha la voix douce mais grave, ce qui le figea de choc. De quoi parlait-il ?! Il osait dire ça dans son dos ?!
-" Je comprends votre inquiétude Feren, mais le plus important pour moi est de veiller sur chacun de vous !  Thranduil en fait partie ! Il est celui que j'ai aimée... Et que j'aimerais...". Le concerné écarquilla les yeux, le dos appuyé contre le mur. Elle n'avait pas oubliée... elle lui avait mentit... Pourquoi ?
-" Mon frère me parle souvent de vous... et il voudrait tellement... que vous ne souffriez pas ! Je le souhaiterai aussi ! Alors ! Dame Clara, je vous en prie, dès que vous avez soigner mon frère, partez... Je n'ai pas envie que ce palais devienne votre prison !" s'écria Feren presque avec douleur et crainte.
-" Calmez-vous Feren ! Mon père ne fera rien ! Je serai là, pour lui barrer la route, si il menace la vie de Dame Clara !"
-" Ne parlez pas comme si vous alliez..."
-" Je serais capable de le blesser ! Dame Clara est une personne bien plus précieuse que notre vie !"
-" Ne dîtes pas cela Legolas... Vous êtes mes enfants ! J'ai déjà vécue la douleur de perdre mon premier enfant..." murmura la voix douce de la jeune fille.
-" Mais vous savez... que c'est dans la nature... même non ? Thorin un jour m'a dit que nous étions destiné à être orgueilleux, égoïste et cruels ! Nous avons finit par prendre le mauvais côté !" Le silence, et enfin, le léger murmure de Clara.
-" C'est parce que je n'ai pas assez veillé sur vous ! Je suis navrée... Mon devoir était de vous rendre heureux... bon... et fort... mais rien de tout ça n'est arrivé..."
-" Ce n'est nullement de votre faute Clara ! Le côté mauvais des premiers elfes... est apparût !"
-" J'ignore pourquoi d'ailleurs..." répondit Feren pensivement. Le petit temps de silence, laissa Thranduil pensif lui aussi. Oui, pourquoi étaient-ils devenus si mauvais ?
-" Ne remuons pas le passé ! Je souhaiterais vous voir pour votre frère Feren ! Où se trouve-t-il ?" demanda brusquement la voix de Clara.
-" Oh il doit être dans un couloir... hum... Malheureusement, je ne pourrai pas aider à le chercher, Prince Legolas pourriez-vous ?"
-" Oui ! Venez Dame Clara !". Les bruits de pas provoquèrent un repli chez le souverain. Il s'appuya dans l'ombre du couloir. S'était-il déjà si sentit... à ce point écarté ? Tout le monde se méfiait de lui, parce qu'on le considérait comme atteint d'une malédiction qu'il ne ressentait pas ! Pourtant, dans son inconscience, une petite voix se demanda "Depuis quand suis-je atteint ?" qu'il tenta de faire taire, mais il était trop tard. Tout était dit ! Il décida d'emprunter un autre chemin, pour observer ce qu'elle allait faire. L'elfe aveugle devait se trouver quelque part.  Et alors que ses pas et son regard était tourné vers la silhouette qu'il suivait depuis les hauteurs, il sentit une présence et une voix timide.
-" Aran nin ?".