Chapitre 34

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Quand ils arrivèrent au palais, l'agitation était présente. Gallion fût le premier à les voir. Il s'avança vers eux, dans le but de les disputer, mais la présence de Clara le fit taire. Il s'inclina avec douceur face à la jeune fille. 
-" Dame Clara... nous sommes heureux de vous voir ici ! Même si ce n'est pas forcément le bon moment !" dit-il. Soudain, des pas rapides et une tornade de cheveux blonds argentées, fonça pour la serrer. 
-" Clara !" sa voix grave était pressante et surtout, douloureuse. Les elfes présents, écarquillèrent les yeux et Feren fût retenu de justesse par Legolas. Clara sourit et le serra en retour avant de se libérer de ses bras. 
-" Roi Thranduil ... comment allez-vous ?" demanda-t-elle avec douceur détendant tout le monde. Il la regarda de ses yeux bleus et fronça les sourcils en voyant les soupirs soulagés des elfes autour de lui. Il les foudroya du regard. 
-" Mais enfin ! Que vous arrive-t-il ?! retournez à vos postes ! Et Feren ! Pour votre insolence et votre disparition inexpliqué, vous allez me rédiger une lettre d'excuse et vous nettoierez les couloirs du palais pendant un mois !" lança le roi, avant de tirer Clara par la main. Ils entrèrent et il la mena vers son bureau. Il avait une sorte de fièvre qui l'empêchait de réfléchir, il ferma la porte et appuya son front un instant contre le bois. 
-" Bon sang... Pourquoi je me sens si mal ?" murmura-t-il, essayant de respirer doucement. 
-" Parce que la malédiction de la forêt fait effet !" répondit la voix toujours calme et douce de Clara. Elle s'approcha de lui, le figeant. Et si il lui faisait du mal ? Elle était là, ses yeux vairons le fixaient, sans crainte, avec confiance et tendresse. 
-" Ne vous approchez pas... je peux vous faire du mal ! J'ai tellement..."
-" Si vous avez peur de me faire du mal... alors cela veut dire que vous vous battez Thranduil !" murmura-t-elle tendant la main, pour la glisser sur sa joue. Il se raidit avant de fermer les yeux et laissa la caresse, il posa sa propre main sur la sienne. 
-" Ne me quittez plus..." murmura-t-il, la regardant. Et soudain, il la vit lui attraper le col et le tirer vers le bas, pour l'embrasser. Leurs lèvres se touchèrent et brusquement le mur si fragile, qui s'était fissuré auparavant, se détruisit et les souvenirs revinrent. Des souvenirs magnifiques. Quand elle recula, il resta quelques minutes les yeux dans le vague. Le souvenir de voir une silhouette baignée de la lumière du soleil, ses longs cheveux cendrées, bouclés à souhait. Son sourire si doux et ses yeux vairons patient mais si mystérieux. Leurs moments de rires, leurs moments d'affection, d'amour. Et soudain, une larme coula le long de ses yeux. L'amour venait de détruire, le voile sombre qui s'enroulait autour de lui et l'étouffait petit à petit.  Il voyait cette lumière, briller et le voile disparaitre. Il venait de retrouver les souvenirs. Il voyait désormais Clara d'un œil différent. 
-" Comment vous sentez-vous ?" demanda-t-elle, légèrement inquiète de le voir silencieux. 
-"Je... J'essaye... de me reprendre !" dit-il, se massant le front. Il cligna des yeux et l'observa, elle la preuve de son existence. Celle qui l'a protégé ! 
-"Thranduil... je vais devoir aider, un ami... Il a perdu quelqu'un dont il était très proche !  Cette mission sera la plus difficile, pour vous comme pour moi ! Mais vous devez me faire confiance !" elle se rapprocha de lui et lui souffla sur un ton doux. 
-" Pour notre avenir..." . Il attrapa une de ses mains, laissant ses doigts s'entremêler avec les siens. Il déposa un baisser sur sa main, et releva les yeux pour regarder ses prunelles si différentes mais si belles. Son cœur battait fortement. L'amour coulait, dans ses veines, comme un feu qui ne s'éteindra jamais !
-" Alors revenez... revenez... que je puisse contempler votre visage, tous les jours... pendant toute mon existence... Clara ! Que je puisse, me dire qu'enfin mon but était là ! Que je ne ressente plus ce vide comme autrefois !" supplia-t-il, de sa voix grave. Elle eut un petit sourire. 
-"Oui ! Je dois bien veiller sur vous tous ! Les temps s'assombrissent !" dit-elle tournant le regard vers la fenêtre, où le soleil couchant brillait au travers des carreaux, les baignant d'une lueur douce et chaude. 
-"En tout cas merci !" La porte s'ouvrit sur Legolas, qui les fixa tous les deux. 
-" Je vois... que les retrouvailles sont très émouvantes ! Mais... Il y a une mauvaise nouvelle ! Une armée d'Orcs va traverser la forêt !" annonça-t-il, les rappelant à leurs devoirs. Clara sourit et s'éloigna, pour se diriger naturellement vers la sortie. Quand elle frôla de sa main le haut de ses épaules, sa tenue s'assombrit. Devenant cette tenue, qu'ils reconnaissaient. Et de sa main droite, l'épée blanche apparut. Et de sa main gauche, l'épée noire, qui les figea. Xharas. La lance de Morgoth. Elle les regarda et sourit, avant de mettre le masque cachant son visage et elle disparut. Les cris des orcs leur fit comprendre, qu'elle avait déjà attaqué. Thranduil, fonça à sa suite, bondissant de branches en branches avant de la voir en effet, se battre avec puissance, dansant avec ses deux lames. Le sang noir giclait de partout, et son masque brillait, laissant l'éclat des lames se refléter dessus. Elle tranchait avec rapidité, ne laissant presque rien voir aux yeux pourtant si puissant des elfes !  Thranduil, l'aida et tua, avec une nouvelle force, une nouvelle énergie. Tout n'était pas perdue ! Ils avaient le Diamant Noir ! Malheureusement, il se reçut une flèche dans la cuisse, le faisant tomber un genou à terre. Quelques wargs qui les accompagnaient, bondirent pensant l'achever, mais c'est sans compter la transformation de l'épée blanche qui devint une lance et qui les traversa de part en part. Il la regarda, et Feren qui n'était pas loin, l'attrapa et passa son bras au dessus de ses épaules. 
-" Bon sang ! Aran nin je ne vous demande pas de risquer votre vie !" gronda-t-il, le tirant vers un abri. Thranduil s'affala presque sur la souche et les soldats elfes, se dressaient en rempart. Il serra les dents quand son bras droit farfouilla sa blessure, pour essayer de retirer la pointe sans abîmer le muscle, ni toucher l'os. 
-" Dîtes-moi... vous... où étiez-vous... durant plusieurs jours ?" demanda-t-il finalement, gémissant entre temps à cause de la douleur. La question figea l'elfe brun avant qu'il recommence à jouer et finisse par retirer la flèche avec sa pointe entièrement. 
-" Je l'ai ! Des bandages !" s'écria-t-il avant de demander aussi des onguents. Le souverain fronça les sourcils. 
-" Feren ! Je vous parle !!" finit-il par aboyer.  Son bras droit le regarda rapidement et finit par répondre. 
-" Chez Mandos..." et il attrapa les bandages pour serrer fortement la cuisse du roi. 
-" Plaît-il ?" susurra doucereusement Thranduil. 
-" Chez Mandos ! J'étais mort d'accord ?! Ce n'est pas le plus important ! Il faut vous amener à l'abri !" lança Feren se redressant. Il ordonna en langue elfique qu'on amène le souverain plus loin, mais la poigne sur son épaule tomba, le raidissant. 
-" Vous... étiez mort ? Pourquoi ?! Où ça ?!". L'elfe brun pourtant si pacifique s'énerva et se dégagea avec brutalité. 
-" Je n'ai pas envie de répondre maintenant ! Votre état est plus important que ce genre de futilité !" lança-t-il froidement. Le duel de regard qu'ils se lancèrent, était assez impressionnant. -" Plus d'une fois vous abusez de ma patience Feren ! Alors je vous demanderais de ne plus en abuser et de répondre !" . Malheureusement, il fût emmener. Malgré ses protestations et ses regards assassins remplit de rage de ne pas avoir de réponse, Feren se détourna, secouant la tête. Il l'agaçait parfois ! Il attrapa son épée et s'avança vers le champ de bataille, voyant que les elfes présents, se battaient aussi. Il se précipita pour aider un elfe en difficulté et se battit lui aussi avec force. Mais le nombre était de plus en plus gros. Ils grouillaient de partout ! L'épuisement des elfes se faisaient sentir. Legolas lui aussi commençait à fatiguer, visant chaque orc qui s'approchait trop près.  Feren finit par voir que Clara était blessée. Mais rien ne l'arrêtait. Elle se battait avec toujours autant de force. Puis il finit par se demander, pourquoi portait-elle un masque quand elle se battait ?  Ne pouvant pas se poser plus de questions, il remarqua que les orcs reculaient et finissaient par fuir.  Il s'approcha de Clara prudemment. 
-" Ils fuient..." observa-t-il. 
-"  En effet... pour mieux réattaquer ! Mais je ne les laisserait pas faire ! Amener tous les soldats vers les montagnes !" dit-elle, donnant un morceau de carte, dessiné à la hâte. Alors qu'elle voulut partir, Feren la retint par la manche. 
-" Hum... je voulais... vous poser une question..." dit-il hésitant. Elle tourna la tête, pour le regarder au travers son masque. 
-" je... Je me demande pourquoi vous vous battez avec un masque... On ne voit pas votre visage..." dit-il. Il ne put que voir le raidissement de son corps. 
-" Je vous montrerais... Mais pour l'instant faites ce que je vous dis Feren !" lança-t-elle avant de s'en aller. 
Il réunit les elfes et les amena directement vers la montagne. Le palais était protégé par une barrière créer par l'énergie de Thranduil. Ils ne pourront pas la franchir.  Pendant qu'il essayait d'utiliser une stratégie pour mettre fin à l'armée d'orcs, elle apparut, sans son masque cette fois. Il se tourna vers elle et la regarda. Ses yeux vairons semblaient calme, mais sombre. 
-" Venez !" l'invita-t-elle. Il la suivit, et il découvrit qu'ils étaient dans un coin isolé. Elle le regarda et finit par lui demander. 
-" Attaquez-moi." ordonna-t-elle. Il cligna des yeux choqué d'entendre ça. 
-" Non... je ne pourrais pas Dame Clara ! Je... "
-" Voulez-vous savoir pourquoi je porte ce masque ? Alors faites le !" sa voix était devenu froide. Il tressaillit et finit par attraper la dague et foncer sur elle. Son mouvement fût paré par l'épée qu'elle mit au travers. Il releva les yeux et ce qu'il vit, l'effraya. Ses yeux vairons étaient brûlants. Et ses cheveux blonds étaient devenus noirs. Des veines noires ressortaient de son visage. Il recula, lâchant l'arme qui tinta sur le sol en pierre.
-" Comment..." 
-" Cela est dû à mon combat contre Morgoth... J'ai perdu ma lumière à ce moment là. Et j'ai découvert que lorsque je me battais... j'avais ce visage horrible ! Alors j'ai décidé de le cacher." avoua-t-elle, se détournant, pour ranger son épée. Ses cheveux redevinrent blond et cette noirceur qu'il voyait, disparut. 
-" Vous allez... combattre ses orcs..." murmura-t-il. 
-" Pour aider mon ami... je dois le faire..." 
-" Comment ça ? Qu'allez-vous faire ?" demanda-t-il sentant qu'elle préparait quelque chose... qui ne lui plaisait pas. 
-" Feren... Veillez sur Thranduil pour moi ! Je reviendrai... mais il faut... du temps !". Il finit par comprendre. Elle allait sacrifier de nouveau sa vie. 
-" Non !  NON !!! Je refuse !!! Dame Clara ! Le roi est heureux quand vous êtes là !! Ne le blessez pas !! Vous ne pouvez pas faire ça !"
-" Je le fais pour tout le monde !  Gandalf a besoin d'aide ! Sans ça... il ne pourra pas utiliser ses pouvoirs ! Bientôt nous allons devoir nous battre et sa magie nous sera bénéfique !" dit-elle doucement. L'elfe était en colère et des larmes montèrent. Elle était résigné. Une brebis, connaissant la mort. La voyant arriver et qui ne pouvait rien faire, car elle était enchaînée à cet autel ! 
-" Vous ne pouvez pas..." murmura-t-il, et elle sourit, comme toujours. Elle vint et le serra doucement dans ses bras.
-" Tout ira bien Feren !" . 
Ses mots résonnaient encore, alors qu'elle partait à l'assaut de l'armée grouillante de ses maudites créatures. Tout ira bien... son regard vairon était calme, mais au fond la lueur qu'il y surprit lui avait déchiré le coeur. La tristesse... la solitude et la peur.  Au fond qui n'avait pas peur de mourir ?  Même le plus courageux... tremblait devant la mort, car c'était une chose inconnu. On pouvait mourir de façon douce... ou de façon horrible.  Les coups qu'elle donnait montrait sa puissance, mais il savait déjà qu'elle partait. Il entendit un galop et tourna la tête pour voir Gandalf surgir. Ses yeux bleus si malicieux pourtant était écarquillés par l'effroi. Il sauta de son cheval et fonça vers la bataille.  Mais il était trop tard. Un dernier regard, un dernier sourire et elle laissa la lumière jaillir de son corps pour qu'un puissant souffle fasse disparaître les orcs. Les elfes eux-mêmes fûrent balayés par la puissance qu'elle avait émise. Gandalf fût le seul qui parvint à rester sur place, serrant son bâton de magicien avec force. 
-" NON CLARA !!!" cria-t-il. L'accent de la douleur et du désespoir résonna. Quand tout revint dans le calme, il n'y avait plus rien. Clara venait de disparaitre à nouveau. 

Plus loin, un chant jaillit, et des yeux de Galadriel, des larmes coulèrent. Des larmes brillantes comme des diamants.  Elle comprit... Clara et elle étaient liées. Car Clara lui avait donné son prénom. Elle se souvenait, de son visage magnifique et de ses yeux brillant d'amour, maternel murmuré son prénom offrant la vitalité et la force qu'elle possédait ! Clara n'avait jamais cessé de leur prouver son amour pour eux. Pouvait-il lui redonner cela en retour ? Pour la première fois les elfes connurent la douleur. Une douleur sans nom, si fulgurante, qu'elle fit tomber à genoux Elrond et que Celeborn se blessa la main en touchant un rosier. Le sang, les larmes... la douleur. Le cercle se compléta, par l'amour.  Elle les avaient unis. Il était temps, de l'aider !  

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