Chapitre 20

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C'était le dernier soir, la semaine était passée vite, j'avais réussi à faire en sorte que Maxime et Arthur ne se croisent le moins possible, ce qui n'était pas de tout repos car nous passions le plus clair de notre temps avec Sly et Charles. Plus les heures passaient plus le départ approchait, et je n'avais pas envie de partir. Maxime faisait ses affaires à côté de moi, nous les faisions le soir car nous devions partir tôt le matin.

Pendant qu'il continuait à ranger, je disparu par la porte de la salle de bain et ferma à clé. Me préparant pour ma douche, je retira mes chaussettes et mon tee shirt quand j'entendis toquer et je savais que ce n'était pas parce qu'il avait oublié une affaire, alors j'ouvris. Il passa sa tête, reluqua mon torse et me sourit malicieusement.

La porte s'ouvrît entièrement et à ma grande surprise il était complètement nu, seul une chaussette recouvrait son paquet. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un rire. Son visage à lui exprimait de la fierté, de l'appréhension, de l'euphorie et enfin du désir. Il soutenait mon regard alors je me repris puis l'ambiance devint vite plus calme. Il s'approcha de moi, collant son corps au mien et plaquant mon dos contre la vitre de la douche. Sa tête était relevée vers moi, obligeant la barbichette qui ornait son menton à chatouiller mes clavicules puis je sentis ses mains se faufiler entre mes côtes et mes avants-bras, parcourant mon dos et l'une d'elle se décolla pour allumer la douche. Il mordilla sa lèvres inférieure pour se forcer à rester sérieux. La main qui avait quittée mon dos poussa la porte de douche, je recula sur les talons et senti l'eau chaude me parcourir, créant une buée qui augmentait profondément la tension déjà présente dans la pièce.

Maxime me rejoint et nos corps dansaient dans la symphonie des gouttes qui tombaient lourdement sur le sol humide. Je pris son visage entre mes mains pour mieux l'observer. Mes pouces caressaient délicatement son menton et mes doigts se hissaient de part et d'autre de ses oreilles. L'eau plaquait ses cheveux bruns sur son front, les rendant un peu plus foncés. Ses yeux étaient rouges écarlates et de petites perles se formaient sur ses cils inférieurs.

D : Qu'est qui se passe ? Demandais-je en essuyant les larmes salées qui se mêlaient aux gouttelettes provenants du pommeau de douche, effleurant à peine son visage du bout de mes doigts.

M : Je sais pas Sid, je crois que j'ai peur... Honteux, il baissa la tête.

Cette peur, je m'y était habitué. Elle pouvait survenir lorsqu'il avait une décision importante à prendre ou bien juste comme ça de temps à autres. Elle le rongeait de l'intérieur et le mettait dans des conditions inconfortables qu'il ne pouvait décrire alors souvent, son seul moyen de communication était les larmes.
Les larmes qui expulsaient discrètement son mal être, bien qu'il soit toujours là.
Lorsqu'elles coulaient, le sentiment de honte était trop fort alors il baissait la tête, trop paralysé pour fuir.

Je ne le fis pas relever la tête, pour ne pas le brusquer plus. Ne pas qu'il prenne conscience de mon regard, seulement de la chaleur de ma peau, des mes bras qui l'entourent, de ma voix qui lui parle.

Il enroula ses bras autour de son torse et se laissa glisser à terre. Dans un coin de la douche, sa tête entre ses genoux, ses doigts agrippants fermement ses cheveux, sur le point de les arracher, tous, un par un. Je coupa l'eau sans faire de bruit et saisit ma serviette posée sur le bord de la fenêtre. Je l'enveloppa dans le linge chaud et le transporta jusqu'au canapé. « Sid... » répétait-il entre ses doigts tremblants. Je le blottis contre moi et caressa son dos.

D : Répète après moi. glissais-je doucement, lui faisant prendre conscience de ma présence. Olivia, Jennifer, Willy, Zooey, Luke, Jenson.

M : Olivia, Jenni... il hésita.

D : Continue Max, c'est très bien.

M : Jennifer, Willy, Zooey, Luke, Jenson.

D : Recommence.

M : Olivia, Jennifer, Willy, Zooey, Luke, Jenson. Sa voix tremblait moins, il respirait mieux.

Je le fis répéter jusqu'à ce qu'il revienne à lui, qu'il revienne au présent. Je faisais ça chaque fois que sa peur l'envahissait et qu'il partait dans son monde, un monde empli de noirceur, un monde qui vous noie dans ses entrailles et dont vous ne pouvez remonter à la surface.
Sa peur le faisait couler.

Olivia Ruiz,
Jennifer Lauret,
Willy Rovelli,
Zooey Deschanel,
Luke Macfarlane,
Jenson Button.

Toutes ces personnes étaient nées en Janvier 1980, comme sa sœur. Maxime connaissait leurs noms par cœur et lors de sa première peur il m'avait parlé d'eux, depuis je m'en servais pour l'apaiser.

Je me décolla de lui et prépara une tisane. Je sortis le bol et entendis derrière moi la porte s'ouvrir, Max s'était faufilé dehors.

D : Tu vas où ? Demandais-je un peu étonné de le voir marcher si vite alors qu'il ne pouvait à peine respirer quelques secondes auparavant.

M : Prendre l'air, j'arrive. Répondit-il sans se retourner, levant juste une main vers moi puis accéléra le pas jusqu'à courir.

Je prépara sa tisane au gingembre et la déposa sur la table extérieur, attendant patiemment Maxime qui ne tarda pas. Ses cheveux étaient décoiffés, ses pommettes roses, son tee-shirt débraillé et son souffle saccadé.

M : J'ai couru. Précisa-t-il en s'asseyant en face de moi, sous mon regard méfiant. Il bu précipitamment sa tisane tiède et la replaça correctement là où je lui avais laissé. Merci pour tout à l'heure, et toutes les autres fois. Raconta-t-il a voix basse, les yeux fixant son bol bleu.

Mon regard se posa sur ses joues encore rouges qui brillaient dans la nuit et son sourire a peine perceptible.

D : T'as juste couru ? Demandais-je, une pointe de frustration se faisant ressentir dans ma voix.

Il releva la tête et étira un plus grand sourire, forcé, tout en hochant la tête.

J'aurais dû - Djilsi x MaximeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant