Peu avant l'entrée de Sisip dans le château dans le ciel, les effets de la potion magique dorée, que l'oiseau rose avait avalée quelques temps auparavant, perdent d'ampleur dans le corps et dans les veines de mon amie perruche. Cependant, alors que j'ai encore les yeux rivés vers la boule de cristal du héros sauveur, j'entends distinctement les pas métalliques que font les armures des gardes du palais céleste.
Je me dépêche donc de placer la boule sous l'oreiller de mon lit, juste à temps avant que deux gardiens, Abigaël accompagnée d'un homme, entrent en trombe dans mes appartements royaux.
- Votre Altesse Archibald... annonce la femme. Sa Majesté Alcibiade vous demande !
Craintivement, et après tant de journées de repos, je me lève du tapis d'hermine, sur lequel j'étais affalé depuis le temps, et suit les pas de la cheffe soldate, jusqu'à ce que nous parvenions au trône de nuit de mon père. Ce dernier, allongé sur sa noble chaise, se relève un peu et me sourit narquoisement. Il m'annonce sur un ton machiavélique :
- Ah ! Mon fils ! Tu es enfin là ! Cela faisait un certain temps que nous ne nous étions pas vus, n'est-ce pas ? J'espère que je ne t'ai pas trop manqué... Je t'ai convoqué ici car j'avais une chose de haute importance à t'annoncer... Vois-tu, mon fils, pendant ces sept derniers jours, je t'ai laissé libre dans tes appartements, pour prendre du repos... Et tu devrais me remercier pour cela ! Mais comme je suis un homme bon, je ne vais pas t'en demander autant. Sache seulement que ton repos sera de courte durée, maintenant, car, si tu observes bien la montre que tient ton collègue esclave noir, tu pourras remarquer qu'il ne reste que quelques minutes avant le délai imparti...
Affolé par les dires menaçants de mon père Alcibiade, je me tourne justement vers le chronomètre géant... Et aperçoit effectivement que, si Sisip ne rentre pas au château avant deux minutes, toutes mes chances de sortir vers ma liberté s'évanouiront à jamais... Puis, alors que je jette un nouveau coup d'œil effrayé vers le roi, ce dernier répond à mon regard, comme s'il avait entendu mes pensées comme des paroles :
- Il me semble que tu as compris ! Cela signifie que ton ami a dorénavant perdu son défi ! Il ne pourra jamais revenir en moins de deux minutes ! Donc... Tu resteras prisonnier ici pour toujours !
- Mais non, Père ! je rétorque. Je ne pourrai pas vivre en tant qu'esclave pour toujours ! Non seulement vous devriez m'éduquer, pour me préparer à mon futur rôle de monarque, mais en plus... Et lorsque vous mourrez ?
- Le jour de ma mort arrivera dans trop longtemps, et tu auras passé la majorité de ta vie dans la souffrance ! Grâce à moi...
- Ce jour arrivera peut-être après plusieurs années, mais il arrivera bien un jour. Et sans doute même qu'il arrivera plus tôt que vous ne le pensiez... Alors, vous ferez mieux de vous y préparer !
En colère, le roi rétorque :
- Silence ! J'en ai assez de t'entendre argumenter contre moi ! C'est comme si on ne t'avait pas appris à respecter tes aînés ! Finalement, tout allait bien mieux lorsque tu étais calme dans ta chambre, alors retournes-y en vitesse, et que je ne t'entende plus !
En même temps soulagé et énervé des paroles d'Alcibiade, je file seul dans mes appartements royaux, et reprends en vitesse la boule de cristal. Comme par hasard, très vite après, Sisip parvient au château, et se montre devant le trône de mon père, le seigneur Alcibiade, jetant l'anneau de Saturne à ses pieds. Puis, se courbant d'humilité, il s'incline :
- Comme promis, monseigneur...
Pendant un long temps, le roi demeure interdit, comme s'il n'en revenait pas. Puis, Alcibiade regarde furtivement la montre que lui tend toujours l'esclave noir.
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Le château dans le ciel
FantasyL'histoire se déroule dans un merveilleux château flottant dans le ciel, parmi les étoiles. Dans ce palais céleste, Archibald, le prince héritier, est maltraité par son père et est contraint de s'astreindre à de dures tâches ménagères... jusqu'au jo...