Le château dans le ciel

Chapitre 18 : L'Or et la Forêt

Avant de m'élever vers un ciel au-dessus, je me souviens assez rapidement de la faim de la soif qui me travaillent depuis déjà très longtemps. Comme je suis dans une oasis, je sais pertinemment que je ne tarderai pas à retrouver ce dont j'ai besoin. Je retourne vite vers l'ancienne source d'eau, et retire le gros rocher que j'avais posé pour empêcher la source de couler et d'alimenter les lieux.

En quelques instants seulement, les arbres reprennent de leur vigueur, et peuvent à nouveau m'offrir leurs fruits, leurs dattes. Je cueille les baies du désert, en déguste plusieurs jusqu'à satiété, et en garde une grande partie pour plus tard, puis me tourne vers l'eau fraîche. Après m'être désaltéré autant qu'il le fallait, je cherche encore un récipient pour transporter la boisson...

Continuant ma visite dans l'oasis, j'aperçois heureusement, au loin, exactement ce que je veux : une culture entière de gourdes. Je récupère un galet fin comme un couteau et tranche l'extrémité de l'une d'elles, la plus grosse d'entre elles pour pouvoir transporter le plus d'eau possible, en la dévidant par la même occasion. Ensuite, je retourne à la source et remplis la gourde. Enfin, je peux me tourner vers le ciel, et m'envoler vers le troisième étage, les poches pleines à craquer, contenant à la fois la fiole de Sisip, la gourde et les dattes.

Lorsque j'atterris à destination, je sais immédiatement ce que je dois faire. Regardant à droite et à gauche dans le monde, je décide finalement de me diriger vers les montagnes de lingots d'or, afin de découvrir ce qu'il se cache de l'autre côté de la vallée. Très vite, je parviens au pied des monts et commence à grimper. Un long temps plus tard, je suis déjà au sommet du tas de pièces de monnaie, et observe le versant.

Droit devant moi se trouve ce que je suis venu chercher. Au fond de la vallée d'après, de nombreuses boules de gommes jaune doré, géantes, faisant la taille d'une maison, s'associent entre elles pour former des boules encore plus grandes. Je comprends que si je ne bouge pas, ce blob risque d'étouffer la planète entière, pour l'éternité, et qu'il vaut mieux que j'aille affronter ce monstre.

Je ramasse donc, sous ma noble chaussure, un lingot assez tranchant et m'aventure dangereusement vers l'étrange créature, aux formes impromptues. Puis, une fois que j'ai totalement descendu la pente de la montagne, une fois arrivé en bas, je m'approche de l'être globuleux et lui frappe la peau gluante avec le tranchant de mon lingot d'or... En vain... Au lieu de lui couper la chair, celle-ci se referme sur l'or et l'engloutit entièrement, comme s'il s'agissait de son souper.

Ces blobs paraissent invincibles, ou presque car, si je n'en oublie pas ce que j'ai lu du livre au Ciel de Feu, je dois seulement trouver une autre solution. Faisant vite volte-face, je me précipite de nouveau dans la montagne et retourne dans un lieu plus sécurisé, avant que je ne me face phagocyter à mon tour par le monstre gluant. Puis, revenu dans la plaine d'or, je réfléchis à une nouvelle destination.

Mon regard se tourne vers le château secondaire de mon père. Je sais que, là-bas, on peut jouir de nombreux biens, et que si je m'y oriente, j'y verrai certainement plus clair, et j'y découvrirai peut-être un quelconque indice sur l'arme à utiliser contre les blobs dorés. Je me rapproche donc de cette demeure, qui m'a toujours été inconnue jusqu'à récemment.

Soudain, trois silhouettes sortent du palais en or. Je reconnais d'ici Abigaël, Alcibiade et son valet. Ces derniers regagnent le carrosse, à l'allure impeccable et aux formes arrondies, tiré par quatre pégases blancs. Ensuite, le cocher agite les rênes, et la voiture s'élève vers les cieux d'en-haut, sans doute pour retourner au septième ciel. Je peux ainsi profiter de leur absence pour aller au château, sans craindre que personne ne puisse me remarquer !

M'infiltrant entre les deux grandes portes incrustées de pierres précieuses, je traverse de nombreux couloirs, que je semble pratiquement connaître par cœur, grimpe plusieurs marches d'escaliers et parviens ainsi devant la chambre de mon père... Alors que je m'apprête à y pénétrer, j'aperçois à ma gauche un petit brin de lumière dorée. Tournant mes yeux vers cela, je comprends qu'il s'agit d'une porte menant à un lieu dont j'ignorais totalement l'existence... D'ailleurs, existe-t-il la même porte dans mon château natal ?