Le château dans le ciel

Chapitre 16 : La fin du voyage

En quelques instants seulement, je parviens au Ciel d'Or, reconnaissable à sa description. Tel que Sisip me l'avait dit, il s'agit d'un monde entièrement fait d'or, pouvant ravir tous les avides de richesses. Posant mes chaussures cirées sur le sol étrange et parfait des lieux, une énorme sensation de faim m'oblige à regarder dans les environs, en quête de nourriture... Puis, j'aperçois d'intrigantes montagnes vers ma gauche, et décide de m'y diriger.

Plusieurs temps plus tard, j'arrive aux pieds des monts, qui ne sont en fait rien d'autre que de titanesques tas de pièces de monnaie, et commence à fouiller à l'intérieur des montagnes, dans l'espoir de trouver de quoi manger... Soulevant de nombreux lingots, je ne trouve malheureusement rien d'autre que de drôles d'os dorés... Voyant que ce n'est pas ici que je trouverai mon déjeuner, je me tourne encore une fois vers la gauche, en direction d'une forêt d'arbres aux feuillages vermeils.

J'observe de toutes parts, étant à l'affût de fruits et légumes à cueillir... Mais qu'est-ce qui pourrait pousser dans de l'or ? En effet, cette rare matière peut apporter prospérité, néanmoins, cette prospérité ne sert plus à grand-chose si elle ne nous offre aucun aliment pour notre subsistance.

Ayant compris que je ne trouverai aucune nourriture par ici, je me tourne vers quelques marais dorés, bien que je m'imagine que je n'y verrai rien de bien nouveau. En largement moins d'une heure, je me retrouve déjà en face des étangs, fouillant, avec juste mes yeux, un éventuel aliment pour mon prochain repas. Malgré tout, les seules choses que je peux remarquer sont des poissons d'or, aux écailles trop résistantes, des algues immangeables et quelques cadavres qui gisent sans vie aux fonds des flots...

À présent épuisé par ma quête de mets, je regarde en direction du nord de ce monde, la seule parcelle de la contrée que je n'ai pas visitée, et semble y apercevoir l'ombre d'un large bâtiment, vers lequel je me mets aussitôt à marcher, comprenant qu'il s'agit sans aucun doute de mon dernier espoir. Traversant quelques ponts au-dessus des rivières dorées, je réalise vite que cette bâtisse n'est en fait rien d'autre qu'un nouveau somptueux château, qui ressemble étrangement de très près au palais du septième ciel.

Y aurait-il un roi différent pour le Ciel d'Or ?

Souhaitant en savoir plus, je m'approche de la forteresse jusqu'à y pénétrer totalement. À mon grand étonnement, l'intérieur est similaire en tout point à ma demeure de toujours, à la seule exception que tout est forgé dans la matière dorée de ce monde. Le cœur battant de découvrir le nouveau roi, peut-être largement moins tyrannique que mon père, je me précipite dans la salle du trône...

Mais... Personne n'est assis à la chaise royale... S'il n'y a pas de souverain indépendant dans ce monde, alors que fait ce château dans les environs ? Ces lieux paraissent inhabités et pourtant étonnamment propres ! Et puis...

Alors qu'une foule de question trotte dans ma tête, de grands bruits brisent le cours de mes pensées et me font bondir par la surprise... Au dehors de la forteresse en or, des cris de colère résonnent à travers le monde, si bien qu'ils m'obligent à me faufiler entre les corridors du palais et à observer le paysage entre les meurtrières...

Au début, je n'aperçois rien que de l'or... Mais tout à coup, une ombre se dessine sur le sol, qui provient de la lumière du ciel... Un temps plus tard, un merveilleux carrosse, de forme très sphérique, tiré par quatre beaux pégases blancs, atterrit sur le champ d'or. Puis, un valet vient ouvrir une porte de la voiture, et laisse descendre un majestueux roi. Ce dernier porte un manteau bleu marine, orné d'argenteries et d'épaulettes, et un pantalon d'un blanc pur, contrasté par des bottes noires. Et surtout, une riche couronne incrustée de mille bijoux...

Il est habillé exactement comme mon père...

Et c'est normal, puisque, justement, c'est lui... Mon père...