Sisip se trouve déjà devant le grand trône du roi.
- Bonjour, Votre Majesté, salue-t-il.
Aussitôt, celui-ci, qui sommeillait, allongé sur son trône de nuit, se redresse immédiatement, avec sévérité. D'une voix assourdissante, qui fait même trembler les murs du château, il s'époumonne :
- Comment oses-tu briser le calme de mon repos ? Je ne t'ai même pas invité dans cette salle, faible petite créature ! Comment as-tu dévié la garde de mes soldats ? Et tu ne t'inclines pas d'humilité devant mon immense majestuosité ! Sais-tu que j'ai le pouvoir de te laisser en vie comme de te donner la mort ? C'est moi qui décide pour mon peuple ceux qui resteront vivants de ceux qui ne le resteront pas !
L'oiseau rose ne semble pas du tout se laisser intimider. Sans même ébouriffer ses plumes, en gardant la tête haute, il répond sagement :
- Seigneur, vous avez tort ! Vous ne possédez pas le pouvoir de laisser en vie ou de donner la mort !
- Que viens-tu de dire, pauvre être ? gronde Alcibiade. Oses-tu défier ton roi lorsqu'il parle ? Oses-tu le contredire ?
- Non ! Je dis seulement que vous n'avez pas nécessairement la capacité de reprendre la vie, ni de la préserver de la mort ! Lorsque vos parents ont été frappés par la vieillesse, vous n'avez rien pu faire pour les en sauver ! Ainsi, beaucoup de personnes naissent et meurent en absence de votre volonté, car la naissance et la mort sont deux phénomènes que vous ne maîtrisez pas, tout comme le lever et le coucher du soleil. Si vous étiez capable de décider de la vie ou de la mort des autres de votre peuple, vous seriez alors également compétent pour faire lever le soleil depuis l'ouest, et le faire coucher à l'est !
Balayant les paroles de Sisip d'un revers de la main, Alcibiade grogne encore :
- Ce tu dis n'a aucun sens, petit psittacidé ! On peut décider de la vie et de la mort sans avoir de contrôle sur des astres comme le soleil.
- Mais je donne seulement mon opinion sur le sujet... Ce n'était qu'une illustration ! Ce que j'essayais de vous faire comprendre, c'est qu'il y a des choses que les mortels ne peuvent posséder, comme l'orient et l'occident, ou comme la course des astres dans les cieux, ou encore la vie et la mort. Si vous aviez le monopole du pouvoir sur la vie et la mort, alors vous ne seriez pas mortel !
Les yeux brûlants de haine, mon père questionne sans comprendre, toujours en faisant étonnamment trembler les murs du château :
- Est-ce seulement pour cela que tu es venu ici ? Est-ce vraiment pour me déranger lors de mon sommeil !?
Sisip glousse mystérieusement, comme au premier instant où je l'ai rencontré.
- Non ! répond-il, ne craignant rien. Je suis arrivé jusqu'ici pour une cause bien plus importante encore ! Grand seigneur des univers, j'ai déjà rencontré votre fils, Son Altesse Archibald, qui témoigne que vous le faites souffrir par des tâches ménagères au-delà de ses forces physiques. En ce moment-même, je le sais, il ne trouve pas le sommeil. Vous-même, vous n'aimez pas que l'on vienne vous déranger durant la nuit, mais c'est pourtant ce que vous faites à votre propre enfant depuis des années déjà ! Ne pensez-vous pas qu'il est grand temps d'accorder votre bonté à Archibald ? Ne pensez-vous pas que le moment est venu de le libérer de ce qu'il nomme lui-même « la servitude » ? Vous devriez plutôt le considérer, lui qui sera bientôt à votre place, là, sur le trône des sept cieux ! Il a besoin d'être éduqué, dans l'amour et la science, et non par la haine et l'ignorance... Son Altesse Héritière se plaint depuis toujours de vouloir se promener parmi les étoiles, goûter au vent de la liberté et demeurer en paix. Pourquoi donc le persécutez-vous ?
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Le château dans le ciel
FantasyL'histoire se déroule dans un merveilleux château flottant dans le ciel, parmi les étoiles. Dans ce palais céleste, Archibald, le prince héritier, est maltraité par son père et est contraint de s'astreindre à de dures tâches ménagères... jusqu'au jo...