Chapitre 20 : La paix des sept cieux

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Le château dans le ciel est déjà visible de là où je suis, mais il paraît pourtant si lointain ! Je ne me suis absenté que pendant quelques jours, mais ce trajet a eu l'air de durer plus longtemps encore ! Alors que mon cœur tambourine dans ma poitrine, je m'imagine déjà devant le trône de mon père, inquiet mais rassuré de me retrouver, lui annonçant la bonne nouvelle pour son royaume.

En chemin, je retrouve la citadelle dans un état tout à fait différent de celui dans lequel je l'ai quittée. Au lieu d'y voir des bourgeois malheureux, ruinés par les impôts du roi, habillés en haillons, et amaigris par les disettes, je les rencontre souriants, en vêtements de soie et de tout autre noble tissu. Je les entends, les uns les autres, discuter entre eux.

- Merci, Aubérie, pour votre remède, annonce la vieille femme malade que j'avais vue l'autre jour. Grâce à votre aide, j'ai pu survivre à ma toux purulente !

- Ce n'est rien, Dame Bertille, répond la concernée. C'est mon rôle de m'occuper des personnes fragiles, de prendre soin d'eux et de les soigner. Vous aviez eu de la chance, il me restait un flacon de médicament contre la tuberculose dans mon apothicaire.

Pour mieux observer le miracle du bonheur opéré, je me pose sur un merveilleux toit en tuiles solide. De l'autre côté de la rue, un petit banquet est déjà organisé où l'on retrouve, au menu, les fruits des anges. Ces victuailles paraissent en fait bien meilleures que ce que Sisip m'avait décrit. Rien que les odeurs de ce met seraient capables d'endormir le plus excité, et de redonner force au plus faible. Je me retiens bien de ne pas les rejoindre, car si je le faisais, je trahirais ma présence.

Puis, un peu vers la droite, j'aperçois la fontaine de la place du marché, éclatante comme jamais, et invitant tout habitant de la citadelle à participer au joyeux rassemblement, avec les autres aristocrates. Là-bas, vers la merveilleuse source d'eau, de nombreux riches bourgeois commercent entre eux, s'échangeant tissus, vêtements, aliments de toute sorte, et objets précieux.

Me laissant légèrement tomber par terre, sur mes pieds, je les rejoins et observe la bonne humeur qui circule entre les rues du marché.

- Je ne sais pas par quelle bonté nous nous sommes sorti des impôts du roi, mais aujourd'hui, on peut affirmer que l'on s'est inexplicablement enrichis ! s'exclame un homme à son voisin. Nous n'avons jamais connu une telle prospérité, nous n'avons jamais vécu dans un tel âge d'or... Aujourd'hui, tous les habitants de la citadelle vivent en harmonie. La dispute et les mauvaises insultes n'existent plus chez nous ! Nous pouvons à nouveau goûter aux nombreux fruits de nos jardins fleuris, notamment les fruits des anges, qui adoucissent nos cœur et nous rendent meilleurs ! Je ne sais pas ce qui a fait que nous soyons si heureux, mais j'espère que, s'il y a quelqu'un derrière tout cela, il recevra bientôt sa récompense méritée !

Dès que cette personne a terminé de parler, je me souviens rapidement de mon père qui s'inquiète sans doute de mon absence, et décide de me remettre en route pour le château dans le ciel. Pendant mon vol, je me souviens avec dureté de la méchanceté d'Alcibiade, de la façon dont il me maltraitait en me forçant aux tâches ménagères et en m'empêchant de sortir dehors...

Et finalement, était-ce pour me protéger du danger dans le ciel que le seigneur m'astreignait à toutes ces tâches ménagères ?

J'ai à peine le temps de rêver que je me trouve tout de suite devant le palais céleste. Vu de l'extérieur, et c'est certes la première fois que je le vois de l'extérieur, il paraît si magnifique ! Il est entouré d'étoiles lumineuses, qui accueillent vers la paix immortelle, la paix toute nouvelle qui vient de s'installer dans les sept cieux, si bien que je ne saurais décrire mon émotion à la perfection.

Le château dans le cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant