Chapitre 19 : Et les périples prennent fin

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Le soleil est au zénith et ses rayons tapent durement sur mes paupières encore closes. Les rouvrant lentement, je reprends conscience de mon environnement et me souviens m'être endormi au Ciel de la Forêt pour un temps. Je me redresse vite, fais une toilette rapide à la source d'à-côté, déguste quelques cerises fraîches et avale plusieurs gorgées d'eau avant de m'envoler pour le Ciel de l'Océan.

À peine arrivé, je me vois harcelé de toutes parts par des vagues d'une immensité indescriptible, si bien que, malgré la vivacité de mon vol, je manque plusieurs fois de justesse d'être englouti. Cherchant un lieu de sécurité pour m'y reposer sans danger, j'aperçois en levant les yeux le sommet de plusieurs montagnes très hautes, vers quoi je me dirige en toute précipitation.

Mais dès que je suis arrivé à destination, les vagues, comme si elles me suivaient, deviennent plus larges encore, et avalent les montagnes seulement après que j'aie eu le temps de m'élever un peu. Je comprends donc que je dois chercher un autre refuge. Levant encore une fois les yeux très faut, je vois d'étranges îles flottantes, planant mystérieusement dans les airs. Cependant, je n'ai même pas le temps de faire un mouvement vers ces dernières que de nouvelles vagues, de plus en plus puissantes, les entourent complètement, jusqu'à ce que les îlots disparaissent.

Cette fois-ci, baissant le regard vers les tréfonds de la mer accidentée, une meilleure idée me vient à l'esprit. Si les hauteurs ne suffisent pas à me protéger, qu'en est-il alors des profondeurs ? Aussi, entre deux puissantes vagues je me faufile et plonge entièrement sous la surface de l'eau. Immédiatement, et avec magie, la peau de l'oiseau rose se transforme en celle d'un poisson, et me permet de respirer ici grâce aux branchies qui se sont développées.

Aussitôt que je me retrouve à l'intérieur de l'océan, je me vois déjà entouré par d'énormes requins de toutes sortes et de toutes tailles. Comme je suis invisible, je ne pense pas qu'ils puissent reconnaître ma présence parmi eux. Au fond du bassin, un peu vers la gauche et en arrière, de drôles de lumières jaillissent d'un trou très large, assez pour y faire passer une petite baleine.

Mais alors que je nage vers celui-ci, de façon tout à fait discrète et silencieuse, essayant de brasser le moins possible, tous les requins, absolument tous, se tournent vers moi en montrant leurs dentitions pointues, avec menace et soif de sang... Ils ont dû avoir senti ma présence, par l'odorat et par les légères vibrations de mes mouvements ! Je regrette d'avoir été si imprudent... ! Je me dépêche donc de traverser quelques anémones, dans l'espoir de les semer, de les égarer, et de me faufiler entre plusieurs feuilles d'algues.

Je finis néanmoins par admettre qu'il serait peut-être plus sécurisant pour moi de trouver meilleur refuge, tel qu'un trou assez étroit pour empêcher d'être poursuivi par les animaux carnivores, et sans danger à l'intérieur non plus. Cependant, bien que je cherche un abri, je n'en aperçois aucun dans les alentours, à part... L'antre des requins lui-même... Tentant le tout pour le tout, je m'y engouffre, non sans omettre la dangerosité de mon acte.

Alors que je me précipite à travers les différentes salles du bâtiment sous-marin, je remarque, à mon grand soulagement, un petit tuyau de respiration dans la maison, un tuyau assez mince pour que les requins ne m'y poursuivent pas. Je plonge donc à l'intérieur de ce tube, pendant que les dents des autres bêtes se referme juste à quelques centimètres derrière mon dos. Ondulant, tournant à gauche et à droite dans ce couloir sécurisé, je finis par voir, au fond du tunnel, la sortie de l'antre des poissons prédateurs.

Une fois dehors, je retourne au niveau de l'entrée, en ayant une belle idée en tête. Les requins étant tous pénétrés chez eux, jusqu'au dernier, je saisis un énorme rocher, plus large que l'orifice de la sortie, et le fait lourdement rouler pour les séquestrer, les confiner à l'intérieur. Puis, pensant que le rocher seul ne suffira pas à les enfermer comme il le faudrait, je décide d'en rajouter d'autres par-dessus, ce que je ne parviens à faire qu'avec beaucoup de difficulté.

Le château dans le cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant