Chapitre 12 : La forêt d'automne

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Sisip se redresse immédiatement, sur le qui-vive. Ce sont les démons qui attaquent en premier, tous en même temps pour mieux déstabiliser leur adversaire. Les quatre premières créatures maléfiques, aux boules magiques, relèvent celles-ci au-dessus de leurs têtes et les jettent, en cœur, vers le corps de l'oiseau rose. Mais mon ami, beaucoup plus rusé que ces viles créatures, ne se laisse pas déstabiliser, bat vivement des ailes, qui s'illuminent aussitôt.

Tout à coup, les boules magiques semblent perdre le contrôle par les forces du mal, et abandonnent le côté obscur d'elles-mêmes, pour rejoindre l'armée de Sisip. Par la volonté de la perruche ondulée, la brique de terre séchée se réduit en poussière, et l'eau et le feu se font face, et s'assemble pour finalement s'annihiler l'un l'autre. Ainsi, aucune magie ne peut offenser mon ami sauveur.

Très vite, les démons perdent leurs sourires, une expression horrifiée sur le visage, et comprenant que la bataille n'ira certainement pas dans leur sens. Sisip profite alors de leur faiblesse morale. Prenant de l'élan sur ses pattes, il s'élève subitement au ciel en tourbillonnant autour de lui, et retrouvant une stabilité dans les airs, pointe ses serres vers ses ennemis. Immédiatement, des vapeurs noires s'échappent des corps démoniaques pour rejoindre celui de l'oiseau rose.

Tentant d'aspirer les forces du mal, en vue de les neutraliser, Sisip s'écrie, le plus convaincant possible, et sa voix fort teintée de colère et de désir de justice :

- À quoi vous sert-il de passer tant de temps dans la rébellion ? Votre rancœur et votre jalousie ressemblent à un feu qui se consume lui-même ! La rébellion, en réalité, ne détruit que l'âme du rebelle, et non celle des autres. Si vous voulez vous sauvez vous, et cesser de perturber vos entourages, alors réformez-vous, et sortez du côté obscur des choses ! Vous verrez, vous vous sentirez soulagés...

Puis, observant les démons dans le blanc des yeux, Sisip ressent tout de suite de l'incrédulité de leur part, le mal ne pouvant plus les faire changer d'avis. Toujours envahis par leur haine incompréhensible envers le bien, ils lèvent ensemble leurs bras, dont les doigts se terminent en de longues griffes jamais limées, et montrent avec agressivité leurs dents qu'ils ne nettoient jamais.

Peut-être troublé par leur haleine, ou plus certainement par leur sorcellerie invisible, Sisip commence à se sentir perdre son énergie intérieure, pourtant toujours si puissante à l'habitude... Retombant mollement par terre, la magie amortissant sa chute, la lumière de sa vie s'échappe de son cœur pour s'assombrir en se dirigeant vers l'armée du mal. Le blanc des plumes de sa tête se transforme en noir, et le rose de son corps en violet très sombre.

Ses yeux, normalement pétillant de sagacité, se couvrent d'un sentiment sinistre et qui ne présage rien de bon, comme si ses pensées, soudain devenues instables et fragiles, se retrouvaient à désirer une chose et son contraire. Sisip ne semble même pas comprendre ses idées noires et sombres qui commencent à parcourir son être entier. Chacune de ses plumes devient dure comme de l'acier, et des cornes poussent sur les deux sommets de sa tête, le métamorphosant définitivement en démon maudit.

Dans mon désespoir de le voir dans cet état, je m'écrie dans mes appartements royaux :

- Non ! Sisip ! Ne te laisse pas faire ! Je t'en supplie, bats-toi !

Mais, à travers la boule de cristal, mon ami ne semble pas m'entendre. Je comprends alors qu'il n'est plus dans la capacité de penser à de bonnes choses, comme s'il m'oubliait... Comme s'il oubliait de me venir en aide, qu'il oubliait de chercher l'anneau de Saturne. Se tournant amicalement vers ses congénères diaboliques, il offre à ces derniers un sourire machiavélique, qui est aussitôt rendu par les autres.

Cependant, tout de suite, son sourire s'éteint, Sisip étant toujours troublé par son état qui ne lui ressemble pas. La nouvelle créature maléfique place ses ailes autour de son crâne, des maux de tête lui donnant des vertiges. C'est comme s'il lui restait encore, dans une dernière lueur d'espoir, un infime fragment de bonté, qui sème en lui du doute, et qui le lui fait voir partout où il pose ses yeux.

Le château dans le cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant