Chapitre 2 : Sisip

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Je me tourne immédiatement vers la gauche, en regardant au niveau de l'entrée de mes appartements royaux, et suis alors très surpris de ce que je vois. La voix n'a pas eu l'air humaine, et elle semble venue depuis le plus haut des cieux.

Juste à mes côtés, une grande créature ailée dont chacune des plumes brille de mille feux, m'offre un large sourire. L'oiseau bienveillant a un corps tout de rose coloré, hormis sa tête, qui, elle, reste blanche. Son bec surmonté de narines bleues scintille de propreté et ses deux beaux yeux noirs luisent d'intelligence et de sagacité. Tandis que je demeure interdit et bouche bée face à ce bon inconnu, ce dernier me demande encore une fois :

- Qu'étiez-vous en train de faire, au juste, Votre Altesse ?

En me relevant stupidement, je bégaye :

- Je... Euh...

- Je vous entendais vous plaindre ! De quoi vous plaignez-vous ?

J'observe une nouvelle fois la perruche ondulée, un peu méfiant.

- Mais... je doute. Qui êtes-vous ? Je ne vous ai jamais aperçu dans les environs du château ! Avez-vous été convoqué par mon père, le seigneur Alcibiade, pour telle ou telle affaire ? Et comment se fait-il que vous soyez entré dans mes appartements ? Ceux-ci sont fermement gardés par des soldats aux allures rudes ! Ils ne laissent jamais personne traverser les couloirs qui mènent à chez moi sans lui trancher la gorge ! Ou alors êtes-vous un envoyé du roi des cieux ?

L'oiseau rose glousse mystérieusement.

- Non... ricane-t-il. Je ne suis un envoyé de personne ! J'ai simplement le pouvoir de devenir invisible lorsque je le souhaite, et c'est ainsi que je suis parvenu jusqu'à vous !

- Mais pourquoi êtes-vous arrivé ici ? Qu'avez-vous à faire ici ? Et puis, quel est votre nom ?

- Moi, je me nomme Sisip. Appelez-moi Sisip. C'est le nom que les humains m'ont donné.

- Vous ne répondez pas aux autres questions ! Pourquoi êtes-vous ici ?

- Je vous ai entendu de loin gémir ! J'ai pensé que vous auriez besoin de moi !

- Pourquoi n'êtes-vous pas venu plus tôt, alors ? Cela fait des années que je me plains !

- Entre les cieux, certains messages mettent du temps à arriver... Alors, vous êtes dérangé par quelque chose, si je comprends bien ! Dites-moi donc, qu'est-ce que c'est ?

Je détourne la tête...

- Vous ne pourrez rien y faire... je me désole. Ce que je souhaite va sans doute à l'encontre des envies de mon père...

- Mais vous savez, quand on est souverain d'un royaume, les choses ne doivent pas se plier à nos volontés propres, car, dans ce cas, si notre cœur est pur, alors notre règne sera un âge d'or pour les peuples, mais si notre âme est corrompue, alors les mondes s'éteindront d'eux-mêmes. Par conséquent, si notre roi suit ses passions et que cela vous porte préjudice, il vaudrait mieux que votre père se réforme, et non que vous subissiez encore injustement des peines que vous ne méritez pas !

Je relève les yeux, pleins d'espoir, vers la perruche ondulée.

- Ô défenseur de la justice ! je l'implore. Pourriez-vous dire une chose pareille à mon père, bien qu'il soit très tyrannique en ce moment ? Oseriez-vous le faire ?

- Je suis d'accord pour tout, du moment que cela puisse baigner les cieux dans un climat éternel de paix. Mais encore faut-il que je sache ce qui vous dérange vraiment... Voulez-vous bien m'en faire part ?

Le château dans le cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant