Chapitre 6

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SAWYER

— C'est officiel pour mon repos, la presse en parle déjà, dis-je à Charlie.

Je grimace en me tenant le genou, je n'aurais pas dû cacher ma douleur à mon entraîneur. J'ai bien peur de perdre mes performances durant tous ces mois de repos. J'ai légèrement forcé sur mon genou à la fin du match et à la soirée, je crains que cela me porte préjudice. Je ne serais plus aussi compétent auprès de mon équipe, auprès de tout le monde en fait.

— Il te faut du repos, tu le mérites, tu t'es tué pendant trois ans pour le football mec, me dit-il.

C'est vrai, je me suis tué à la tâche, jusqu'à en oublier la promesse la plus importante que j'ai faite de toute ma vie. La revoir m'a rappelé ce que c'était de respirer. Liv dégage toujours ce truc intense et ses réparties sont encore plus nul qu'avant. J'ai perdu la personne qui me rendait le plus heureux et putain qu'est-ce que je regrette d'avoir été aussi con.

— Tu as lu l'article qui tourne sur Liv et toi ? me demande Charlie.

Je fronce les sourcils.

— Quel article ?

Il me passe son téléphone, une photo de Liv et de moi s'affiche sur celui-ci. C'est une photo qui a été prise lors du festival. Qui a bien pu prendre cette photo ? D'après le règlement, aucun paparazzi n'a le droit d'entrer à l'intérieur. Alors, qui a bien pu prendre cette photo ? Je lis les commentaires, certains sont remplis de haine envers elle et d'autres nous trouvent mignons.

— Comment est-ce qu'elle va ?

— J'en sais rien, elle n'a pas voulu me parler.

Liv en veux également à Charlie, car tout comme moi, il a décidé de se concentrer sur sa carrière de footballeur américain. Charlie est également pompier volontaire, il a tenu à avoir un autre métier au risque de ne plus aimer le football. Je comprends sa colère et j'aimerais tellement revenir en arrière pour pouvoir réparer ça.

Je passe des heures à lire les commentaires pour pouvoir signaler ceux qui disent des choses méchantes sur Liv.

La sonnette de notre maison retentit, je regarde sur mon téléphone de qui il s'agit et déverrouille la porte d'entrée.

— Alors ? Comment va ton genou ? me demande mon manageur, John.

Il s'occupe de tous ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux et d'après ce que j'ai compris, c'est la merde sur moi en ce moment.

— Mon genou va très bien, tu as retrouvé ce fils de pute ?

— Je te l'ai dit Sawyer, je ne suis pas ton pote alors ne me parle pas sur ce ton.

— Ok, on va se calmer et communiquer comme des adultes, dit Charlie.

Agacé, je passe une main dans mes cheveux pour les tirer en arrière.

— Je l'ai retrouvé, mais il est déjà trop tard, le globe entier vous à vu.

— Qu'est-ce qu'on peut faire alors ?

Il lève les mains au ciel.

— Rien, le temps nous le dira, me dit John.

— Tu veux dire qu'il va devoir attendre que tout le monde oublie cette histoire ? dit Charlie.

— Exactement, de toute façon tu ne vas pas pouvoir jouer pendant un moment alors profite pour t'éloigner de ce monde un peu.

Une énorme migraine se fait sentir, j'ai l'impression que ma tête va exploser. Comment tout as tout pu bien se compliquer ainsi ? Ces trois dernières années me reviennent en tête et je me rends compte à quel point j'ai pu être égoïste sur certaines choses. Je me tue au football parce que c'est tout ce qu'il me reste, parce que je n'ai plus rien à protéger. Je suis constamment agacé et je retire mes nerfs sur tout le monde, peut-être que finalement, cette blessure n'est pas une si mauvaise chose que ça.

—  Tu devrais aller rendre visite à tes parents, me dit John.

— Il a raison, ça va faire combien de temps que tu n'es pas retourné là où on habite ? continue Charlie.

John me tend une enveloppe, je fronce les sourcils et l'attrape. J'ouvre et vois que c'est un billet d'avion.

—  Vas-y et reconstruis ce qui a été détruit.

***

Je range mon sac dans le casier au-dessus de ma tête et m'assois sur mon siège côté hublot. Sérieusement, pourquoi ne pas m'avoir acheté un billet avec le jet privé de l'équipe ? Tout ça pour me faire payer de mon insolence.

Je mets mon téléphone sur le mode avion et regarde par la vitre. L'avion va bientôt décoller, je suis heureux de voir que je n'ai personne à côté de moi. Au moins, je vais pouvoir dormir en prenant beaucoup de place.

— C'est ici mademoiselle, dit l'hôtesse de l'air.

J'écarquille les yeux quand je vois de qui il s'agit. Je comprends mieux pourquoi John m'a pris un billet classique.

— Merci beaucoup, dit Liv en mettant son sac dans le casier au-dessus de nos têtes.

Elle s'assoit à côté de moi. Elle ne m'a toujours pas remarqué, bien trop occuper à feuilleter les pages de son fameux carnet noir. J'hésite à me faire remarquer, je ne veux pas lui faire passer un mauvais vol. Mais en même temps...Je veux lui montrer que je suis là.

Je vais retourner dans notre ville pendant un long moment, on risque de se croiser, alors, il faut qu'on apprenne à cohabiter ensemble non ?

— Salut, lui dis-je.

Elle tourne vivement la tête en entendant ma voix.

— Oh putain de merde, tu m'as suivi ou quoi ?

— Je suis également heureux d'être à côté de toi pour ce vol.

Elle se lève et interpelle une hôtesse, celle-ci vient la voir.

— Excusez-moi, mais est-ce que je peux m'asseoir ailleurs ? demande-t-elle.

— Je suis désolé, mais ce ne sera pas possible.

— Il doit bien y avoir une solution, chuchote Liv.

L'hôtesse me jette un regard et j'hausse les épaules. Le personnel de l'avion est au courant de ma venue. Nous avons un contrat avec eux, ils ont interdiction de nous faire remarquer, ils doivent faire comme si ils ne nous connaissaient pas. Malheureusement pour Liv, elle est coincée avec moi dans cet avion pendant quatre heures.

— On tuerait pour avoir votre place.

— Et je tuerais pour changer de place.

Le pilote de l'avion se met à parler pour nous prévenir que nous allons bientôt décoller.

— Asseyez-vous, dit l'hôtesse à Liv avant de partir.

Elle s'assoit en soufflant :

— Putain fait chier.

— Depuis quand est-ce que tu jures autant ? demandais-je.

— Depuis que je vois ta gueule.

Je ricane.

— Putain, tes répartis sont toujours nul à chier.

A son tour, elle se met à rire.

— Oh Sawyer, ne commence pas à jouer à ce jeu avec moi.

— Ça dépend, tu veux jouer à quel jeu avec moi ?

Elle fait claquer sa langue sur son palet, c'est nouveau ça, elle ne faisait pas ça avant. Un petit sourire apparaît sur mes lèvres, elle veut jouer avec moi ? Ok.

— Ne me fais pas chier.

Liv met ses écouteurs pour ne plus m'entendre, je la vois ouvrir son carnet et griffonner quelques trucs à l'intérieur. Je la vois écrire plusieurs fois le même mot.

Exceptionnel.

Ma gorge se serre, pourquoi faut-il que je regarde ce qu'elle écrit ? Je me suis promis de ne jamais regarder sans son accord. Mais aussi, parce que ce mot je le connais plus que bien.

Fais chier.

How It End Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant