Chapitre 13

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SAWYER

Je regarde l'attelle que le docteur m'a demandé de porter, si les gens me voient dans cet état, ils pourront penser que je ne jouerais plus du tout. L'attelle fait toute ma jambe et je peux à peine marcher avec. Le docteur a dit que je devrais le garder pendant deux semaines et à ma prochaine visite il verra s'il faut, oui ou non, la retirer. J'angoisse à l'idée que ma blessure soit plus grave que ça, et si je ne pouvais plus jouer du tout ? Qu'est-ce que je vais faire ? Je me suis donné à fond dans le football américain, ça fait partie de toute ma vie, c'est moi. Si je n'ai plus ça, qu'est-ce que je vais devenir ?

Je décide d'appeler John, pour lui en informer. Je lui ai promis que s'il arrivait quoi que ce soit, je l'appellerai.

— Salut mec, lui dis-je.

— Sawyer m'a appelé, j'ai enfin le privilège d'avoir de tes nouvelles ? 

Quand j'y repense, je n'ai pas encore pris des nouvelles de Charlie non plus. Depuis que je suis ici, c'est comme si je m'étais éteint de tout.

— Je suis désolé, mais je ne t'appelle pas pour te donner de bonne nouvelle.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demande-t-il.

— Je vais devoir porter une attelle pendant un moment, le docteur dit que c'est une entorse mais le fait d'avoir forcé dessus l'a légèrement aggravé.

Je l'entends soupirer à travers le téléphone.

— Ecoute, tu devrais rentrer on va te trouver un bon médecin et tu resteras tranquillement au lit.

— J'aurais adoré, mais je pense qu'il y a certaines choses  que je dois encore régler ici.

Voir Liv s'inquiéter pour moi m'a fait plaisir, je n'aurais pas pensé qu'elle allait me dire de faire attention à moi. Je commençais sérieusement à perdre espoir après la conversation que nous avons eu en rentrant du lac. Aujourd'hui, j'ai senti que c'était différent. Je ne peux pas partir maintenant. La sonnette de la maison se met à retentir.

—  Je te rappelle, lui dis-je.

Je décroche et regarde par la fenêtre pour voir qui peut bien me rendre visite à cette heure-ci. Je suis surpris de voir Liv devant ma porte d'entrée. J'ouvre la porte, je la vois baisser les yeux vers mon torse.

—  Je sais, il est pas mal.

Elle lève les yeux au ciel.

— Tu ne peux pas accueillir comme tous le monde ? Je ne sais pas avec un t-shirt peut-être ?

— Je suis chez moi, je peux être torse nu si je ne le souhaite.

Elle replace correctement une de ses mèches derrière son oreille.

—  Je suis venue pour... Savoir si ça allait, mais je vois que non apparemment, dit-elle en pointant mon genou du menton.

—  Je vais bien, c'est une légère entorse.

Elle hoche la tête et soupire.

— D'accord, c'est super si ce n'est rien de grave. Je... Je vais rentrer maintenant, bonne soirée.

Je l'attrape le bras, elle se retourne et je retire ma main.

—  Tu ne veux pas rester un peu ? Je ne sais pas on... Pourrait regarder un truc et ce serait en tout bien tout honneur ! On avait dit qu'on faisait une trêve non ?

Je prie intérieurement pour qu'elle ne refuse pas.

—  D'accord, mais seulement si c'est moi qui choisit le film.

Je me force à ne pas lui montrer à quel point je suis content qu'elle reste. Je la fait entrer et je lui dis de s'installer dans le canapé.

—  Tu veux un chocolat chaud ? je lui demande.

—  Oui, j'en veux bien un mais si tu veux je peux le faire pour nous, tu ne devrais pas forcer sur ta blessure.

—  Tu es mon invité ce soir et puis, je n'ai pas si mal que ça. 

Je pars dans la cuisine nous préparer un chocolat chaud, quand je reviens dans le salon, elle a dans ses mains un cadre photo. Je dépose nos tasses sur la table basse et m'approche d'elle.

—  J'adore cette photo de vous, dit-elle.

C'est une photo de famille, à l'époque elle était accrochée en grand dans ma maison. Je l'ai fait faire en plus petit pour qu'elle soit toujours avec moi.

—  Ton frère et ta sœur ont bien grandi.

—  Je sais mais ils n'ont pas changé d'un poil.

Elle rigole.

—  Je me souviens à quel point Stella te manipulé et comment Luke en rajoute une couche.

—  Malheureusement c'est toujours le cas.

On se met à rire tous les deux, est-ce que parler du passé va-t-il raviver cette flamme ? Est-ce qu'après avoir passé cette soirée avec moi elle voudra bien m'écouter ?

—  On devrait boire notre chocolat chaud avant qu'il ne soit froid, proposais-je.

On s'assoit sur le canapé et je lui tends sa tasse, elle me remercie en me faisant un petit sourire. Je crois que c'est le plus beau remerciement qu'elle peut me faire. Son sourire... Lui non plus il n'a pas changé.

—  Alors, qu'est-ce que tu souhaites regarder ? je lui demande.

—  Il y un nouveau film qui vient tout juste de sortir avec Mark Wahlberg.

— Encore lui ?

Elle rigole, son téléphone se met à vibrer. Je la regarde le prendre, je me force à ne pas regarder la personne qui lui a envoyé un message. Du coin de l'œil, je peux voir son visage qui se décompose. Je fronce les sourcils, qu'est-ce qui peut bien la mettre dans cet état ?

—  Est-ce que tout va bien ? j'ose demander.

Elle lève les yeux vers moi, celle-ci sont remplie de larmes, sa respiration se fait courte. Je prends ma main dans la sienne et lui demande de respirer tranquillement.

—  Voilà, fais-le en même temps que moi.

Je prends ses joues entre mes mains, j'essuie la larme qui vient de couler le long de ses joues.

— Maintenant dis moi ce qu'il se passe.

Elle prend une grande inspiration avant de me dire :

—  Claire est morte.

How It End Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant