Chapitre XXII

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Kara

- Ils nous rattrapent ! Hurle-je à James pour qu'il m'entende malgré le bruit du moteur de la moto qui gronde sous nos corps. Mes paumes s'accrochent fermement à sa veste en cuir ouverte, mes bras se referment autour de son torse lorsqu'il accélère. James se fraye un chemin entre les nombreuses voitures présentes malgré l'heure tardive. Il fait un virage à droite, mon buste contre son dos, je suis ses mouvements pour éviter de nous faire tomber sur le sol. Le résultat ne serait sans doute pas joli, probablement fatal. Je regarde derrière nous les deux berlines noires qui nous suivent encore et se rapprochent dangereusement.

Mon cœur s'emballe lorsque la vitre se baisse pour laisser apparaître une main armée. Un sourire large s'affiche sur le visage du tireur qui s'imagine déjà nous arrêter et nous faire souffrir, j'en ai aucun doute. Je n'ai pas le temps de prévenir James que le bruit assourdissant des balles résonne. Je m'agrippe davantage à sa taille et sens le flingue sous sa veste. Sans réfléchir, je le récupère et enlève le cran de sûreté. La visière du casque de James relevée, nos yeux s'accrochent dans le rétroviseur, je ressens dans son œillade ses interrogations.

- Je vais nous couvrir. Contente-toi de rouler.

Je me tourne alors une nouvelle fois vers le véhicule, je me cramponne à James de la main gauche tenant dans l'autre main mon revolver, l'index en place sur la gâchette. J'essaye de me concentrer sur mes tirs mais je loupe ma cible à plusieurs reprises. Une des balles finies par atterrir dans le pare-brise, mais ne laisse reculer en rien nos adversaires. Le stress monte en parfaite contradiction avec le chargeur qui se vide à grande vitesse. Les balles fusent entre nous, aucune n'est meurtrière. Le cliquetis de mon pistolet me ramène à la réalité, le chargeur est vide.

Fait chier.

Prise de panique, je m'apprête à replacer mes deux mains autour de James lorsqu'il ouvre sa veste, m'incitant à glisser ma main à l'intérieur pour en sortir un autre chargeur. Je m'empresse de retirer l'ancien et de le remplacer. La chaleur à l'intérieur du casque devient étouffante, ce qui ne m'aide pas à y voir clair. Sans que je ne m'y attende, son bras musclé qu'il passe dans son dos me retient par la taille. Mes yeux se posent sur son avant-bras qui me retient fermement.

Je ne vais pas tomber, sûrement pas avec la force qu'il met pour me retenir.

- Utilise tes deux mains.

La possibilité qu'il perde l'équilibre m'affole, mais le grondement sourd des pneus s'approchant me pousse à tirer. Les balles se perdent, retentissent comme des explosions dans mes oreilles sifflantes. Après plusieurs essais, j'arrive enfin à éliminer une des deux voitures de la course d'une balle dans le pneu gauche. Un léger sourire fier incontrôlé s'affiche sur mes lèvres. Mes mains retrouvent leur place sur le corps de James, cette fois-ci en me tenant un peu plus. Il finit par me relâcher et place ses deux mains sur le guidon, continuant sa lancée sur les longues routes éclairées par les lumières de la ville.

Je n'ai plus de plomb dans mon arme, mais la voiture ralentit, provoquant ma consolation, qui n'est finalement que de courte durée. La moto se prépare à un léger tournant avant de s'engager dans une rue piétonne inanimée. Mes sens en alerte, je n'ai pas le temps de contester que James est déjà dans l'allée. Il klaxonne pour prévenir les passants absents, au risque qu'ils finissent par faire leur apparition. Je comprends que nous avons semé nos assaillants quand mes iris ne trouvent plus la berline obscure des criminels.

Un souffle de soulagement s'échappe de mes lèvres tremblantes, je tente de contrôler les sanglots qui sont sur le point de me quitter. La pression dans ma poitrine redescend quand j'intègre que le danger est derrière moi, enfin pour ce soir.

Promised to HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant