Chapitre XVIII

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James

Immobile face au corps du connard, j'attends que Kara sorte de la salle de bain. Tout se rejoue dans ma tête et l'envie de sortir mon flingue et lui mettre une balle entre les deux yeux me démange malgré qu'il soit déjà inconscient sur le sol. Je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'il aurait fait si je n'étais pas revenu pour récupérer la clé et pour parler avec elle par la même occasion. Je repense à ce que je lui ai dit et la gêne me gagne, je dois l'avouer, j'ai été bien con.

Revenir pour m'excuser et découvrir ce spectacle m'a mit hors de moi. Je ne suis pas un fan de torture, mais lui, je lui crèverai bien les yeux. Je lutte contre cette envie meurtrière lorsque Kara me fait émerger de ma rage en débarquant. Elle a enlevé de sa peau toutes les traces de ce salaud, je remarque ses mains tremblantes, tenant son poignet rougis.

Sans réfléchir, je me précipite sur elle et prends délicatement son bras au creux de ma main. Mes doigts caressent la zone rougeâtre qui lui fait mal, une grimace se dessine sur son doux visage. À son tour, elle pose ses doigts sur ma main aux phalanges ensanglantées, son regard triste en dit long sur son état.

- Je suis désolée. Dit-elle dans un murmure presque inaudible.

- Ne t'excuse pas pour ce connard. Ses yeux apeurés et humides se relèvent dans ma direction. Nos regards se trouvent et nous nous noyons dans le silence, un soulagement me traverse lorsque je comprends que sa peur ne m'est pas destinée. Tu n'as qu'un mot à dire et je le tue.

Elle semble hésiter et ça me met hors de moi, elle finit par secouer la tête, mais c'est son choix, alors j'acquiesce sans la contredire. Nous restons main dans la main muets, quelques minutes de plus, mais elle finit par s'enfuir dans la salle de bain. Je ne la suis pas, ne voulant pas la brusquer et préfère la laisser se remettre seule de ses tourments. Elle réapparaît un désinfectant et de la crème à la main, aussi quelques compresses qu'elle retient entre les dents.

Elle pose sur le sol les produits et s'installe en tailleur face à moi. Nous ne parlons pas, mais un simple signe en direction de mes mains me fait comprendre qu'elle cherche mon accord. Ma main posée sur mon genou, elle l'observe, fronçant les sourcils, imaginant la douleur mais celle-là ne me fait rien.

- Tu caches des talents de docteure ?

- J'ai fini par apprendre à force de soigner ma mère. Je remarque sa froideur à travers ses mots, j'ignore si c'est à cause de l'homme sur le sol ou à cause de moi et mes paroles accusatrices. Je n'enchaîne pas sur le sujet de sa mère, elle a assez souffert pour aujourd'hui. Ça mérite quelques points de suture. Renchérit-elle.

- Ça va se remettre tout seul. La petite têtue ne me contredit pas et un étrange sentiment me parcourt quand je comprends qu'elle a perdu sa bonne humeur.

Putain de pervers. Je vais le tuer.

Sa paume fraîche refroidit ma main brûlante. Je la fixe pendant qu'elle nettoie avec soins mes plaies, elle ne relève pas une seule fois, les yeux concentrés sur sa tâche. La voir comme ça ne peut me faire que plus regretter mes mots. Je ne sais pas ce que me fait cette fille, mais ce que je sais, c'est qu'elle m'effraie.

Être en sa présence me fait peur.

Je peux rester des heures à la fixer comme un malade, ça ne me dérangerait pas. Ce qui me dérange, c'est elle.

J'ai l'impression d'être faible lorsque je la vois, elle me fait presque regretter d'être une ordure.
Elle me fragilise dans un monde où je dois être solide.

Je ne peux la détester, en revanche, je m'interdis d'éprouver des sentiments contraires. J'essaye du mieux que je peux de la repousser, la faire me détester et je crois que ça marche, mais même après ça, je n'arrive pas à m'en écarter.

Promised to HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant